Corima - Quetzalcoatl

Sorti le: 11/12/2012

Par Christophe Manhès

Label: Soleil Zeuhl

Site: alain.lebon4.free.fr/soleil/corima-gb.html

Comment ne pas s’étonner qu’un mouvement aussi obscur et solitaire, né il y a maintenant plus de quarante ans autour d’un seul groupe, Magma, puisse encore susciter des vocations aux quatre coins du monde ? Il faut se rendre à l’évidence, si l’ivresse vanderienne dure toujours c’est qu’elle puise à une source riche et vigoureuse à laquelle s’alimente l’art des profondeurs. Et puis l’orgie cosmique de la zeuhl est désormais trop vaste pour être oubliée.

Donc, posé sur la route de cette zeuhl qui sillonne lentement mais sûrement le temps, on trouve Corima, un jeune groupe venu d’Amérique, contrée restée jusque-là sourde au chant des sirènes kobaïennes. Et plutôt que de nous servir un récit aujourd’hui élimé, nos blancs becs ont eu la bonne idée d’y ajouter un nouveau chapitre en abordant la mythologie d’un autre continent, celui des Aztèques d’Amérique du Sud et de sa divinité Quetzalcoatl. Bref, nous voilà en théorie avec du sang neuf. Or la première chose qui frappe à l’écoute de Quetzalcoatl c’est la déférence de Corima pour deux grands modèles de la zeuhl, Magma évidemment, toujours et encore, mais aussi les formations satellites des Japonais de Koenjihyakkei. Du coup, rien de surprenant à ce que la copie souffre de la comparaison avec ses grands aïeuls.

Pourtant, à bien y regarder, ces Yankees attestent d’une personnalité plus originale qu’il n’y paraît. D’abord parce que les cordes du violon d’Andrea Itzpapalotl donnent beaucoup de caractère à leur style bouillonnant qui fait parfois penser à la frénésie décalée d’un Frank Zappa. Mais surtout parce que la puissance solaire de la pièce centrale, « Tezcatlipoca », longue de près de vingt minutes, rachète beaucoup. Jouée avec un plaisir communicatif à l’énergie martiale (il faudra l’écouter bien fort) elle montre qu’en s’écartant de ses modèles Corima a autant les moyens d’envoyer du bois que de faire preuve de personnalité. On attend la suite avec impatience.