Airs - A Rock Opera

Sorti le: 26/06/2012

Par Jean-Philippe Haas

Label: Fencesound Music

Site: www.airs-arockopera.com

Un titre comme A Rock Opera annonce on ne peut plus clairement la couleur : Airs, c’est un retour au bon vieux temps de Gutter Ballet de Savatage, une téléportation l’espace d’une heure et quart à l’époque des concept albums de metal d’il y a vingt-cinq ans. Un seul homme (ou presque) se cache derrière ce projet, un certain Steve Brockmann. Bercé selon toute vraisemblance par les ténors du heavy et de l’AOR depuis sa tendre enfance, ce guitariste allemand au CV quasi vierge débarque avec un disque qui surprend immédiatement par sa production moderne et la finesse de ses compositions.

L’ouverture (« Fateful Days ») ne laisse aucun doute sur le contenu musical : du hard rock épique teinté de prog’, au service d’une histoire solide où se côtoient drames, conflits personnels et autres rédemptions, écrite par George Andrade (que les lecteurs connaissent peut-être pour sa participation à Back From Being Gone de The Anabasis). Comme il se doit en pareilles circonstances, plusieurs vocalistes – dont on imagine aisément les postures affectées – endossent les rôles des différents personnages. On relèvera notamment la présence de Paul Adrian Villarreal (Sun Caged) et de Gordon Tittsworth (All Too Human) ainsi que de jolies touches féminines fort éloignées des clichés habituels. Malgré un casting moins prestigieux que celui que proposerait Ayreon, par exemple, Brockmann a néanmoins réussi à s’adjoindre les services de musiciens comme Alan Morse (« Annabelle » ) et Dave Meros (« Annabelle » et « Flight II ») de Spock’s Beard. Tout l’attirail de l’opéra rock est utilisé dans les grandes largeurs : emphase, hymnes, thèmes récurrents, intermèdes instrumentaux, présence intempestive du piano, passages narratifs, dialogues entre personnages… Pour autant, en dépit des codes étriqués de ce genre d’exercice, Brockmann évite la plupart du temps la caricature ou le remplissage, et démontre une réelle variété d’inspiration dans son métier de compositeur.

Si quelques titres moins mémorables rappellent que A Rock Opera n’évolue pas tout-à-fait dans le haut du panier, cet album dispose du charme inhérent aux coups d’essais, et laissera indéniablement un bon souvenir à tous ceux qui ont connu leurs premiers émois conceptuels avec Operation Mindcrime ou Seventh Son of a Seventh Son.