Amplifier + Anathema

24/06/2012

Le Bataclan - Paris

Par Maxime Delorme

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.amplifiertheband.com / www.anathema.ws

Setlist :

Amplifier : Continuum / Panzer / Motorhead / The Wave / Interglacial Spell / Interstellar / Neon

Anathema : A New Machine (Pink Floyd cover) / Untouchable (pt I, II) / Lightning Song / Thin Air / Dreaming Light / Deep / Emotional Winter / Wings of God / A Simple Mistake / The Storm Before the Calm / The Beginning and the End / Universal / Panic / Internal Landcapes / Close // Rappels : A Natural Disaster / Flying / Fragile Dreams

Ce soir, c’est soirée « d’une pierre, deux coups » : Anathema et Amplifier sont de passage ensemble à Paris, pour la promotion de Weather Systems (pour les premiers) et The Octopus (pour les seconds). L’occasion ou jamais de se retrouver dans la salle la plus chaude (littéralement) de Paris pour une bonne dose de progressif à l’anglaise et ce d’autant plus qu’Amplifier n’était pas revenu en France depuis 2007 !

C’est sur une bouillie sonore digne des pires concerts qu’Amplifier prend place sur scène. Le son brouillon et cradingue empêchera (presque) les fans de reconnaître l’introduction de « Continuum ». Il faudra attendre la fin du premier morceau pour que la qualité sonore remonte au point d’être écoutable, voire devenir plutôt bonne. Malgré le départ très récent de Neil Mahony à la basse, le groupe assure ses titres malgré une raideur doublée d’une certaine froideur. Etrange de voir un Sel Balamir si tendu sur scène, alors que le personnage est plutôt détendu en interview.

Le public, particulièrement timide, mettra du temps à investir les lieux, arrivant progressivement, si bien que le démarrage d’Amplifier se fera devant une salle vide aux deux tiers. Pourtant le cocktail est là et bien présent. Malgré la froideur du groupe, l’absence de jeu de scène ou de réel mouvement, les poils se hérissent (dans le bon sens) à l’écoute des grands riffs comme « Panzer » ou « Motorhead ». La setlist se compose principalement de titres d’Amplifier et de The Octopus. Grand absent du jour, aucun titre d’Insider ne sera joué ce soir. Par ailleurs, le morceau éponyme du dernier album ne sera pas non plus interprété, au grand dam de certains fans … qui seront quand même comblés par le reste de la setlist, bien qu’un peu courte.

Globalement, c’est un retour mi-figue, mi-raisin, sur ce concert d’Amplifier. L’attente a été tellement longue que l’on espérait quelque chose de tellement plus fort … tellement plus précis … tellement meilleur. Au final, le groupe aura proposé une bonne performance, mais rien d’exceptionnel.

C’est ensuite au tour d’Anathema de se présenter sur scène, devant une salle pleine à craquer. Le public est enfin arrivé et les Anglais commencent à jouer devant une horde de fans déjà conquis. C’est pourtant l’inquiétude parmi les habitués, car il faut reconnaître qu’avec les Liverpudliens la qualité du show peut se jouer à pile ou face. Parfois leurs concerts sont d’une qualité irréprochable, parfois ils sont très médiocres.

Pourtant ce soir, c’est jackpot au Bataclan ! Après une entrée sur les deux parties d’« Untouchable », les Anglais investissent complètement la scène pour montrer l’étendue de leur talent. Rarement un concert d’Anathema aura été aussi bon, preuve que la nouvelle formule, celle où Lee Douglas se tient au même niveau que les frangins Cavanagh, est une bonne recette !

Contrairement au démarrage d’Amplifier, le son est désormais impeccable. Sa clarté, sa précision, magnifie d’autant plus sa performance. La troupe interprète dans cette seconde partie une majorité de titres issus des deux dernières productions Weather Systems et We’re Here Because We’re Here. Ce choix dans la setlist est-il la preuve que les Anglais ont décidé de faire une rupture avec leur passé, comme ils l’avaient déjà fait pour leur époque metal ?

Toujours est-il que les morceaux s’enchaînent avec une dynamique absolument irréprochable. L’aisance des musiciens combinée à un public entièrement conquis renvoie une image de symbiose poignante : cette atmosphère que l’on vient chercher en concert, celle de la foule unie sous l’égide de la musique.

Pourtant, malgré la cassure stylistique entre We’re Here […] et les albums précédents, le rappel nous remet les pieds sur Terre. Convenu et évident, il se compose des quatre titres les plus attendus du répertoire d’Anathema. S’enchaînent quatre merveilles parmi lesquelles on remarque la prestation toujours aussi fabuleuse de Lee Douglas sur A Natural Disaster sans aucun éclairage sur scène. Autre pépite qui ne cessera de combler les amateurs du genre : Flying où Vinnie Cavanagh nous montre qu’il n’a rien à envier à Lee Douglas. Le spectacle s’achève sur un classique : Fragile Dreams laissant une foule poissarde de sueur se déverser dans la rue, heureuse d’avoir assisté à une prestation plus qu’exceptionnelle : le meilleur de ces dernières années en ce qui concerne Anathema.