The Dillinger Escape Plan

21/05/2012

Le Trabendo - Paris

Par Marjorie Coulin

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.dillingerescapeplan.org

Setlist :

Panasonic Youth / Milk Lizard / Room Full of Eyes / 43% Burnt / Gold Teeth on a Bum / Black Bubblegum / Sugar Coated Sour / Hollywood Squares / Weekend Sex Change / Fix Your Face / Good Neighbor / Setting Fire to Sleeping Giants / Sunshine the Werewolf / Farewell, Mona Lisa

A peine un an et demi après son dernier passage à Paris, The Dillinger Escape Plan remet le couvert dans la même salle qui l’avait vu promouvoir son dernier album, Option Paralysis, en 2010. Cette fois-ci sans promo en cours, avec une publicité réduite au minimum, le concert s’apparente à un rendez-vous de connaisseurs.

The Dillinger Escape Plan fait honneur au Trabendo avec son premier concert metal depuis sa réouverture. La salle manquait en effet à la programmation parisienne depuis un an, fermée pour rénovation et mise aux normes de sécurité. Parmi les nouveautés les plus visibles, on note un mur de son bien plus imposant, occupant maintenant une partie des bords immédiats de la scène. La fosse n’a en revanche bénéficié d’aucune amélioration. La crash-barrière est toujours aussi branlante, prête autant que faire se peut à reçevoir son ènième volée de fous-furieux amateurs de musiques extrêmes.

Dans l’esprit d’une tournée minimaliste, les Américains ont fait appel à un groupe francilien, The Prestige, pour assurer leur première partie. Quand on connaît le potentiel énergique de Dillinger sur scène, on peut présager de la difficulté d’une première partie à se mettre au niveau. Pourtant, The Prestige y parvient en toute modestie, envoyant un son hardcore intense et efficace, aussi bien musicalement que scéniquement. Le groupe donne tout ce qu’il a sur cette date, et son énergie communicative se ressent dans le public qui l’accueille très favorablement.

Un changement de scène quelque peu laborieux vraisemblablement dû à des échos parasites dans les amplis, et The Dillinger Escape Plan fait son entrée. Certains se demandaient par où Greg Puciato allait avoir l’idée d’entrer en scène (il était apparu par l’arrière de la salle en 2010), mais il se met finalement en place sagement aux côté des autres musiciens avant que l’ensemble n’éclate sur « Panasonic Youth ». La fosse, pas impressionnée et même franchement anticipative, se met immédiatement en branle pour un moshpit frénétique qui ne se calme que pour chanter en choeur sur des morceaux quasi-gentillets tels que « Black Bubblegum ».
Le groupe fait la part belle à tous ses albums studio, jusqu’à l’EP Irony Is a Dead Scene dont il interprète « Hollywood Squares » (on attend malheureusement encore une éventuelle apparition surprise de Mike Patton).
Fidèle à son identité si particulière, The Dillinger Escape Plan exécute avec une agilité déconcertante des morceaux aussi violents que variés dans l’esprit, tel ce vague air de jazz psychopathe sur « Sugar Coated Sour » ou « Setting Fire To Sleeping Giants ». Les installations de la salle sont mises à rude épreuve, Greg Puciato et Ben Weinman grimpant allègrement à tout ce qui leur tombe sous la main, baffles et public compris, mention spéciale étant donnée à Ben Weinman, décidément imperturbable dans le style « je slamme pendant mes parties de guitare mais je ne ferai pas de pain pour autant ».
Le set se termine avec l’expédition d’un « Farewell, Mona Lisa », qui cette fois-ci clôture le concert plutôt que de le commencer. Le groupe disparaît alors et étrangement, tandis que le public s’époumonne en supplications, ne réapparaît pas. Une petite heure de concert est loin d’être suffisante de l’avis général, et il faudra que le démontage de la scène commence pour décourager les plus tenaces.

Malgré un concert sous forme de service minimum, certes déjanté mais sans réelle originalité par rapport aux années précédentes, le public repart comme à son habitude épuisé mais contenté, témoin d’une nouvelle démonstration technique et scénique, preuve de la communion totale entre Dillinger et son public parisien.