SLuG - Namekuji

Sorti le: 22/03/2012

Par Mathieu Carré

Label: Signature Radio France

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SLuG est une étrange formation. Au couple « à la ville comme à la scène » Emmanuel Borghi / Himiko Paganotti, épris de nouvelles expériences musicales hors du carcan exigeant de Magma, s’est joint en 2009 le songwriter John Trap, autre figure atypique inspirée par la grande famille zeuhl. Leur premier album enregistré alors avait séduit Bruno Letort, directeur artistique de l’exigeant label de Radio France Signature, au point que ce dernier offrit à SLuG des conditions d’enregistrement exceptionnelles au sein de l’institution publique. Autres moyens donc, mais également autres musiciens puisque Bernard et Antoine Paganotti (basse et batterie) se sont joints au trio originel, pour transformer ce projet en singulière histoire de famille, et que John Trap a, depuis l’enregistrement du disque, laissé place à une jeune guitariste, Constance Amiot.

Et alors que le père, la fille, le gendre et le fils ont expérimenté à travers Magma les joies et les affres d’une musique compacte, cohérente et puissante, mais tournée vers un objectif unique, SLuG leur en offre aujourd’hui le négatif quasi-parfait. Ici, toutes les influences ont droit de cité et cette diversité est même ouvertement revendiquée. Les quatorze morceaux, tous très différents les uns des autres, témoignent chacun en leur sein de cette volonté affichée de ne s’interdire aucun mariage musical : rock, pop, metal, trip-hop, electro, folk, ballades langoureuses… avec SluG, tout est permis. Quelques points cardinaux subsistent néanmoins : ainsi la basse de Paga Papa gronde comme à ses meilleures heures (« The Sound of the Ice » « I Wanna Lick Stamps »), les voix se lient avec bonheur en de doux entrelacs et Borghi excelle toujours aux claviers et effets électroniques en tous genres. Si ce grand mezze donne naissance parfois à de stimulants objets sonores non identifiés comme « Fourteen », aux délicieuses effluves de J-Pop adolescente, on peut également se retrouver décontenancé devant ce disque très hétérogène, tellement éparpillé façon puzzle qu’il en devient délicat à appréhender.

Ainsi SluG joue les apprentis sorciers, et préfère les chimères un peu farfelues aux hybrides trop bien sélectionnés. Namekuji reflète ce parti-pris radical, et promet à travers ses quatorze expériences, enregistrées et mises en valeur par un travail d’orfèvre, quelque chose de réellement inouï.