Anneke Van Giersbergen - Everything is Changing

Sorti le: 05/02/2012

Par Florent Canepa

Label: Agua Recordings / PIAS

Site: www.annekevangiersbergen.com

Malgré le profond respect que l’on a pour l’ex-grande dame de The Gathering, force est de constater que le virage pop auguré par son projet Agua de Annique ne s’était guère montré convaincant, en particulier au deuxième essai. Serait-ce donc l’aveu d’une overdose de glucose, traversée par quelques fulgurances, qui incita notre chanteuse à la voix d’or à reprendre son patronyme pour ce nouvel album ? Le titre lui-même, tout va changer, est prometteur, et la pose de la belle, telle une Marylin rock, achevait de nous convaincre d’une métamorphose troublante, mais presque rassurante.

Dès les premières notes de « Feel alive », il faut se rendre à l’évidence : il va falloir arrêter de penser que The Gathering était Anneke, et vice versa. Cette dernière ne veut plus entendre parler de son passé et son avenir sera plus lisse, les guitares bien qu’électriques seront douces, les rythmes droits. Alors, me direz-vous : mais que fait-on donc dans ces colonnes ? Personne ne sécurise le périmètre ? Que fait la police ? D’où l’intérêt de prendre le temps, le temps de l’écoute. Car même si la recherche de la complexité dans la construction n’est sans doute pas le maître mot ici, il faut reconnaître que l’on ne tombe pas non plus dans la facilité. Sous un vernis accrocheur, des paroles parfois et même souvent convenues, pointent régulièrement des envolées réjouissantes (« You want to be free » au riff caricatural mais à la progression imparable, « Take me home » finalement atmosphérique comme autrefois). Ça et là, quelques incursions électroniques (« I wake up ») ringardisent et réveillent l’ensemble (belle prouesse). Et sur la deuxième partie de l’album, on se plait même à trouver des pépites ou véritables volutes inspirantes (« Stay », « Slow me down », « Too late »). Certains diront que Liv Kristine faisait déjà cela dans les années quatre-vingt-dix (« Hope, pray, dance, play ») et ils n’auront pas tort.

Mais Anneke n’est pas Dolores O’Riardan. Quand elle offre sa voix à des ballades au piano, c’est avec élégance et on comprend alors que la magie opère toujours. « Circles » ou « Everything is changing » fonctionnent comme par enchantement, comme si le calme revenu, la belle nous dévoilait plus ostensiblement ses charmes. On se contente alors de l’écouter plutôt que de disserter. Elle offre quelques mélodies intemporelles que sa voix sublime, là où d’autres auraient connu le déplaisant sentiment de se prendre un mur. Il n’est donc pas question de rendre hommage à une vieille gloire mais bien de célébrer un vrai retour. Bancal parfois, émasculé forcément, irritant par certaines approches, mais très, très efficace. Et si cela manque de force, c’est que vous vivez dans le passé. Anneke, elle, regarde au loin. Si bien qu’il se pourrait bien qu’on la suive…