Guillaume Perret & The Electric Epic

21/11/2011

Le Triton - Les Lilas

Par Martial Briclot

Photos: D.R. (nous contacter)

Site du groupe : www.guillaume-perret.fr

Fusionner l’organique et l’électrique, c’est la noble mission que s’est fixée Guillaume Perret au sein de sa formation Electric Epic. En résidence au Triton, il présente ce soir le fruit d’une création musicale en perpétuelle mutation, un univers fantastique aux perspectives illimitées. Le contexte est cependant particulier : dans le cadre du festival MAAD 93, il partage quelques compositions avec la chanteuse Sir Alice.

Les musiciens semblent suivis de près par un certain nombre d’adeptes et c’est un public jeune et diversifié qui vient bousculer ce soir les habitués des lieux, prouvant si besoin était encore, qu’un concert de jazz peut se vivre avec exaltation, tant sur scène qu’assis dans la salle.
La séance d’hypnose collective démarre sur un solo. Plongé dans une ambiance rougeâtre, le saxophone comme seul guide nous introduit quelques sonorités arabisantes. Dès lors, l’oreille s’attarde sur cet écho persistant et l’œil fait le lien avec l’amoncellement de pédales aux pieds du musicien. Guillaume Perret, à l’instar d’un autre habitué des lieux, Méderic Collignon, s’acoquine sans vergogne avec de nombreuses petites boîtes aux couleurs variées et mélange les genres autant que les effets. Cette soif perpétuelle d’innovation rend la musique d’Electric Epic difficilement descriptible tant celle-ci prend l’apparence d’un immense bac à sable tantôt foutraque, tantôt millimétré.

Alliant parties très écrites et improvisations effrénées, les musiciens explosent allègrement les carcans formels pour piocher parmi leurs influences les plus diverses : d’un morceau à la progression harmonique Zeppelinienne l’on est propulsé au milieu des Brecker Brothers à la sauce King Crimson sans avoir pu anticiper une seule seconde ce virage à 180°. Garants de l’équilibre au sein du cataclysme, Jim Grandcamp (guitare), Philippe Bussonnet (basse) et Yoann Serra (batterie) brodent un fil rouge mêlant ostinati hypnotiques, touches de funk et riffs massifs à l’unisson, qu’un Panzerballett n’aurait pas reniés. Si Guillaume Perret reste le principal responsable de ce grand chambardement, ses acolytes participent joyeusement aux débats, passant du statut de pilier rythmique à celui de soliste en un clignement de paupière.

Alors que le public est encore sévèrement chauffé à blanc, la lumière se rallume. L’entracte est un passage obligé des plus frustrants, et l’adrénaline s’évapore naturellement. Une fois les ardeurs collectives calmées, Sir Alice entre dans la danse pour un set bien différent.

L’artiste est précédée d’une réputation de performeuse débridée et joue ici la carte du contrepoint radical. L’atmosphère se feutre soudainement et c’est une plongée dans les années cinquante qui s’opère, l’interprète posant sa voix sur ce que l’on se plaît à identifier comme étant les dialogues d’un polar imaginaire. Le groupe construit alors une ambiance de bande sonore « lynchienne », dévoilant par là même occasion une nouvelle facette du mutant protéiforme. Alice la prêtresse assènera plus tard un féroce chant rappé totalement improbable pour qui n’est pas habitué aux excès de la demoiselle, aux atours d’étrange réminiscence de Rage Against the Machine. Entre temps, Electric Epic aura repris son office dans la droite lignée de la première partie mais prend à nouveau violemment le public à revers lors d’un morceau composé pour… bec de saxophone. Exercice au potentiel hautement casse-gueule que Guillaume Perret transcende en une véritable complainte intimiste et sensible. Le groupe décide finalement de proposer en rappel un titre encore en gestation, fruit de sa résidence au Triton. On découvre au beau milieu des entrailles de la bête un funk démoniaque, tout aussi suintant que réjouissant.

Malgré une légère baisse de tension en seconde partie, le bilan des courses est franchement positif : une musique suffisamment construite pour ne laisser personne au bord de la route, et suffisamment novatrice pour piquer au vif l’intérêt des plus blasés. Plaisir et créativité : maîtres mots de cette soirée riche en diversité.

Fusionner l’organique et l’électrique, c’est la noble mission que s’est fixée Guillaume Perret au sein de sa formation Electric Epic. En résidence au Triton, il présente ce soir le fruit d’une création musicale en perpétuelle mutation, un univers fantastique aux perspectives illimitées. Le contexte est cependant particulier : dans le cadre du festival MAAD 93, il partage quelques compositions avec la chanteuse Sir Alice.

Les musiciens semblent suivis de près par un certain nombre d’adeptes et c’est un public jeune et diversifié qui vient bousculer ce soir les habitués des lieux, prouvant si besoin était encore, qu’un concert de jazz peut se vivre avec exaltation, tant sur scène qu’assis dans la salle.
La séance d’hypnose collective démarre sur un solo. Plongé dans une ambiance rougeâtre, le saxophone comme seul guide nous introduit quelques sonorités arabisantes. Dès lors, l’oreille s’attarde sur cet écho persistant et l’œil fait le lien avec l’amoncellement de pédales aux pieds du musicien. Guillaume Perret, à l’instar d’un autre habitué des lieux, Méderic Collignon, s’acoquine sans vergogne avec de nombreuses petites boîtes aux couleurs variées et mélange les genres autant que les effets. Cette soif perpétuelle d’innovation rend la musique d’Electric Epic difficilement descriptible tant celle-ci prend l’apparence d’un immense bac à sable tantôt foutraque, tantôt millimétré.

Alliant parties très écrites et improvisations effrénées, les musiciens explosent allègrement les carcans formels pour piocher parmi leurs influences les plus diverses : d’un morceau à la progression harmonique Zeppelinienne l’on est propulsé au milieu des Brecker Brothers à la sauce King Crimson sans avoir pu anticiper une seule seconde ce virage à 180°. Garants de l’équilibre au sein du cataclysme, Jim Grandcamp (guitare), Philippe Bussonnet (basse) et Yoann Serra (batterie) brodent un fil rouge mêlant ostinati hypnotiques, touches de funk et riffs massifs à l’unisson, qu’un Panzerballett n’aurait pas reniés. Si Guillaume Perret reste le principal responsable de ce grand chambardement, ses acolytes participent joyeusement aux débats, passant du statut de pilier rythmique à celui de soliste en un clignement de paupière.

Alors que le public est encore sévèrement chauffé à blanc, la lumière se rallume. L’entracte est un passage obligé des plus frustrants, et l’adrénaline s’évapore naturellement. Une fois les ardeurs collectives calmées, Sir Alice entre dans la danse pour un set bien différent.

L’artiste est précédée d’une réputation de performeuse débridée et joue ici la carte du contrepoint radical. L’atmosphère se feutre soudainement et c’est une plongée dans les années cinquante qui s’opère, l’interprète posant sa voix sur ce que l’on se plaît à identifier comme étant les dialogues d’un polar imaginaire. Le groupe construit alors une ambiance de bande sonore « lynchienne », dévoilant par là même occasion une nouvelle facette du mutant protéiforme. Alice la prêtresse assènera plus tard un féroce chant rappé totalement improbable pour qui n’est pas habitué aux excès de la demoiselle, aux atours d’étrange réminiscence de Rage Against the Machine. Entre temps, Electric Epic aura repris son office dans la droite lignée de la première partie mais prend à nouveau violemment le public à revers lors d’un morceau composé pour… bec de saxophone. Exercice au potentiel hautement casse-gueule que Guillaume Perret transcende en une véritable complainte intimiste et sensible. Le groupe décide finalement de proposer en rappel un titre encore en gestation, fruit de sa résidence au Triton. On découvre au beau milieu des entrailles de la bête un funk démoniaque, tout aussi suintant que réjouissant.

Malgré une légère baisse de tension en seconde partie, le bilan des courses est franchement positif : une musique suffisamment construite pour ne laisser personne au bord de la route, et suffisamment novatrice pour piquer au vif l’intérêt des plus blasés. Plaisir et créativité : maîtres mots de cette soirée riche en diversité.