Mandrake Project - Transitions

Sorti le: 12/10/2011

Par Jean-Philippe Haas

Label: Glassville Records

Site: www.mandrakeproject.com

En 2009, l’époustouflant A Miraculous Container avait pris par surprise l’observateur avisé et révélait Mandrake Project comme une nouvelle force majeure du rock instrumental, orchestral et planant, qui puise son inspiration dans de nombreuses sources et défie les genres et les frontières.

Les changements opérés depuis A Favor To The Muse sont considérables : le groupe passe ainsi d’une musique entièrement instrumentale et très développée à des titres plus ramassés, majoritairement chantés, petites perles qui se suffisent à elles-mêmes. John Schisler, dont les enchantements vocaux parsemaient A Miraculous Container est ainsi passé du statut d’invité à celui de membre à part entière de la bande menée par le guitariste Kirk Salopek. Denny Karl rejoint également ses sept camarades et contribue à étoffer à l’aide du piano et de l’orgue des compositions dont la discrète sophistication forçait déjà le respect. Les cordes de Rick Nelson restent par ailleurs prépondérantes tout au long des treize pistes. Les Américains n’ont donc rien perdu de leur raffinement dans l’agrandissement de leur famille déjà nombreuse.

Le titre « Transitions » qui ouvre l’album éponyme affiche d’emblée une parenté prononcée avec le Pink Floyd de Gilmour. Mais comme son prédécesseur, ce disque ne se résume pas à cette seule influence. Le trip-hop et les penchants pour la musique de film sont prédominants. Calme, enveloppant, protecteur et propice à la rêverie, Transitions pioche aussi dans ce que le rock progressif a pu produire de moins prétentieux et l’enrobe d’arrangements raffinés, parfois d’une petite touche de pop music. Les rares plages instrumentales renvoient à des artistes comme Orange Tulip Conspiracy dont l’œuvre compose une véritable bande originale dans laquelle on se laisse glisser sans effort, à l’image du très évocateur « Diabolique », qui va chercher ses thèmes dans toute l’Europe, et plus loin encore.

Qu’il s’agisse de son manque de dynamisme (seuls « We Are You » et quelques passages de « Wide Open » et de « Black Bag » brisent la quiétude générale) ou de son format plus convenu, Transitions sera peut-être une source de déception pour ceux qui sont tombés sous le charme irrésistible de A Miraculous Container. Il n’en reste pas moins que ce troisième épisode de la saga Mandrake Project, s’il propose un scénario plus prévisible, n’en reste pas moins aussi intéressant que les deux précédents.