Mr Big

04/10/2011

Le Bataclan - Paris

Par Martial Briclot

Photos: Marjorie Coulin

Site du groupe : www.mrbigsite.com

Setlist :

Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song) / Alive And Kickin' / Green-Tinted Sixties Mind / Undertow / American Beauty / Take Cover / Just Take My Heart / Once Upon a Time / For You/Hoedown / A Little Too Loose / Road to Ruin Temperamental / Guitar Solo / Still Ain't Enough for Me / Price You Gotta Pay / Take A Walk / Around The World / As Far As I Can See / Bass Solo / Addicted To That Rush // Rappel : To Be With You / Colorado Bulldog / Smoke on the Water (Deep Purple) / Shy Boy (Talas)

Il y a deux ans à peine, Mr Big nous offrait une re-formation inespérée, cumulant un retour heureux au line-up originel et une vitalité exceptionnelle, comme en avait attesté à l’époque le mémorable concert parisien du Bataclan. Ils se sont mis rapidement au travail pour nous livrer début 2011 un What if salué par la critique, nous démontrant qu’ils ne se reposaient pas uniquement sur leur passé glorieux. Galvanisés par une performance remarquable lors du dernier Hellfest, le groupe pousse ce soir une seconde fois les portes du Bataclan.

En petite configuration, à moitié pleine, la salle se remplit doucement d’un public diversifié, du jeune cadre trentenaire au papy métalleux, en passant par les adeptes du glam et de la veste à patchs. Aucune première partie n’ayant été annoncée au préalable, nous prenons en cours de route le set du sympathique Yann Armelino, condamné à présenter son hard instrumental mélodique et plutôt accrocheur devant un auditoire restreint. Après cette mise en bouche des plus satisfaisantes, Mr Big entre efficacement dans le vif du sujet en dégainant comme à son habitude un fédérateur « Daddy, Brother, Lover, Little Boy ». La prise de risque est minimale mais ce morceau reste un condensé de tout ce que le groupe nous offrira ce soir-là : du groove, de l’humour, et un zeste (parfois prononcé) de démonstration.

En près de deux heures, dans une débauche d’énergie et un plaisir de jeu ultra communicatif, les Américains distribuent les tubes, essentiellement piochés parmi Lean into it et leur dernier disque. Les nouveaux morceaux s’intègrent impeccablement au set, confirmant la qualité des « Undertow » ou autres « Around the World », le public y réagissant plus que positivement. Un pari que certaines re-formations plus opportunistes ne parviennent pas toujours à relever… Un léger grain de sable s’insinuera malgré tout dans cette mécanique parfaitement huilée puisque le chant d’Eric Martin ne sera pas toujours à la hauteur de nos espérances. Si son feeling et son charisme ne souffrent d’aucun reproche, il aura ce soir-là bien du mal à atteindre les notes les plus aiguës du répertoire. Sa voix rauque et grave lors des speeches ne fera que confirmer l’impression d’une petite forme probablement due à une tournée de plusieurs mois. Mais il se stabilisera en milieu de concert, permettant ainsi au public de profiter au maximum de son timbre inimitable. Cerise sur le gâteau, ce doux parfum de nostalgie nineties sera savamment valorisé par une balance équilibrée et raisonnablement puissante.

Mr Big, ce n’est pas seulement une collection de tubes Hard US survitaminés, c’est également une terre d’accueil pour musiciens virtuoses, et, sans jamais se marcher dessus ni se prendre au sérieux (à grand renfort de mimiques savoureuses), Billy Sheehan et Paul Gilbert n’auront de cesse de le prouver. Si, au sein d’un morceau, leurs passes d’armes sont réjouissantes, en pur solo, l’exercice s’avère plus périlleux. L’extra-terrestre Gilbert tente, comme à son habitude d’atteindre la vitesse de la lumière à l’aide de sa guitare, ajoutant une pointe de fun et de mélodie à son shred d’une propreté effarante. Malheureusement, la fenêtre octroyée au bassiste nous a semblé un peu trop longue, suscitant quelques bâillements dans l’assistance. Le show fût bouclé de manière flamboyante puisque au-delà de l’inévitable « To Be With You » nous avons eu droit à un échange de rôles sur « Smoke on the Water », nous laissant apprécier la voix profonde de Billy Sheehan ou les talents insoupçonnés de Paul Gilbert à la batterie. C’est sur « Shy Boy », composition du bassiste offerte à David Lee Roth, que s’acheva cette généreuse tranche de rêve américain.

Les quinquas de Mr Big nous ont prouvé que leur musique n’était résolument pas condamnée à vivre dans le passé. Sur scène ou sur disque, ils tiennent une forme phénoménale que rien ne semble pouvoir éroder, surtout pas le poids des années. Une seule envie : les revoir au plus vite et profiter à nouveau de ce shoot d’adrénaline « made in USA » !