Ted Leonard – A la croisée des chemins

Enchant n’a pas donné de nouvelles depuis sept longues années, lors de la sortie de leur DVD Live At Last. Son chanteur, Ted Leonard, victime de fourmis dans les jambes, a décidé de multiplier les projets afin de ne pas rester inactif au cours de cette pause à durée intéreminée, et revient sur la situation d’Enchant.

Chromatique : Tu sembles être le membre d’Enchant le plus actif. En dehors de groupes de reprises, ton premier album solo est sorti il y a quelques années. Dernièrement, tu as aussi fait une série d’apparitions sur les albums de Thought Chamber et d’Andrew Gorczyca… Est-ce une manière de rester occupé en attendant un réveil d’Enchant ?
Ted Leonard :
Ce n’est pas faute d’avoir attendu qu’Enchant se réveille ! Cela fait maintenant sept ans que le groupe est en sommeil, et j’ai donc cherché à m’occuper musicalement. Mes apparitions en tant qu’invité sur certains albums se sont goupillées assez rapidement, notamment sur un projet assez obscur, tournant autour de l’univers de Tolkien, sous le nom d’Archangel, The Akallabëth. J’ai également en route un projet avec Collin Leijenaar (Neal Morse), Mike LePond (Symphony X) et le guitariste Daniel Fries, qui n’a pas encore de nom. L’album est déjà enregistré et en cours de mixage. Thought Chamber est de son côté sur le point de boucler un second album, sous-tendu par un concept, je pense que ça vous plaira. Inside Out aimerait le sortir pour septembre prochain, il est actuellement en cours de mixage. Pour ce qui est d’Andrew Gorczyca, son frère m’a contacté après son décès, en m’envoyant des démos qu’il avait écrites. Je crois avoir été l’un des premiers chanteurs contactés, j’en ai donc profité pour imposer quelque peu mes choix : « je veux chanter sur ces deux titres ! » (Rires). C’étaient pour moi les deux morceaux les plus marquants, ceux qui me parlaient le plus. Je dois avouer avoir été très surpris par le buzz généré par ce disque. Il a fait son trou, toutes proportions gardées, et on m’en a souvent parlé.


Way Home, ton album solo, est sorti il y a bientôt quatre ans. Il contient un fort message de dévouement à Dieu. Je présume que c’est un projet qui te tenait à cœur ?
J’ai toujours voulu faire un album de ce genre. Attention cependant : ce n’est pas prosélyte, j’ai simplement cherché à montrer ma position vis-à-vis de la question de la foi. Je n’ai jamais vraiment été du genre à aller importuner les gens dans un café pour les convertir à tout prix. Je le suis encore moins aujourd’hui pour être tout-à-fait franc, car mes convictions ont légèrement changé avec le temps. Mon divorce m’a contraint à revoir ma position. C’est assez contradictoire. Pour rester dans le vocabulaire religieux, j’ai prêché pour une paroisse avec laquelle je ne suis plus en harmonie aujourd’hui. Mais bon, les gens et les pensées changent avec le temps. Quand on est jeune, on a des idées et on y reste attaché longtemps. Quelques années plus tard, le discours n’est plus le même, ce sont les paradoxes de la vie (Rires).

Est-ce que certains fans t’ont suggéré de partir en tournée avec Neal Morse pour prêcher la bonne parole ?
Au delà de l’aspect prêche qu’aurait cette association, j’adorerais. D’ailleurs, c’est quelque chose qui a failli se faire quand Neal est venu en Californie. Mais vu qu’il a trois heures de répertoire, il a préféré se passer d’une première partie, ce que je peux comprendre, en un sens (Rires). Mais ce serait chouette. J’ai également failli collaborer avec Neal pour son nouveau projet avec Mike Portnoy, Dave LaRue et Steve Morse. Il voulait que je prenne le chant, mais visiblement d’autres membres du groupe en ont décidé autrement (NDLR : c’est Casey McPherson qui chantera sur ce projet). Bon, c’est comme ça (Rires). Quand j’ai su qu’ils avaient quelqu’un d’autre et quand j’ai appris quels étaient les autres musiciens, j’ai vraiment eu du mal à m’en remettre. Bosser avec Steve Morse qui est, avec Ty Tabor, mon guitariste favori, j’aurais signé tout de suite ! Mais j’aurai ma chance un jour !

Ce n’est qu’une demi-surprise, Way Home est assez différent de ce que tu as fait avec Enchant. On sait que tu voues une grande admiration à Steve Walsh, mais quels sont les autres artistes qui t’ont inspiré ?
J’ai toujours été fasciné par les chanteurs qui ont une petite touche de soul dans leur voix, comme Paul Rodgers ou Doug Pinnick (King’s X). Je vénère Steve Walsh, ce n’est un secret pour personne, et je n’ai jamais pu me défaire réellement de son influence (Rires). J’apprécie également beaucoup son remplaçant dans Kansas, John Elefante, dont je me sens paradoxalement plus proche, en dépit des nombreuses comparaisons avec Walsh. Le premier disque que j’ai acheté est Drastic Mesures. Bien entendu, j’adore également Steve Perry, je ne m’en lasse pas, en dépit de ses chansons mielleuses (Rires). Sa voix est si unique que je me fous bien de ce qu’il peut chanter, je sais que ça me plaira !

Hormis ces pointures reconnues de longue date, y a-t-il des chanteurs plus récents qui ont su attirer ton attention ?
Oui bien sûr ! Ta formule est d’ailleurs bien choisie, car je pense qu’à un certain âge, tu n’es plus réellement influencé par d’autres artistes, même si certains d’entre eux parviennent toujours à te scotcher. Je pourrais citer John McLaughlin (à ne pas confondre avec le guitariste), Jason Mraz ou Gavin De Graw. Bon je te l’accorde ce ne sont pas des chanteurs très rock’n’roll mais ils ont ce petit timbre soul que j’affectionne. Pour ce qui est des chanteurs du monde progressif, je pense que personne n’arrive à la cheville de Russell Allen. Ce mec a tout pour lui, le timbre à la Paul Rodgers, une puissance qui rappelle feu-Ronnie James Dio, etc. Bref, ce type est intouchable. J’oubliais aussi Matthew Bellamy de Muse, qui a un vibrato unique. D’ailleurs, avec mon groupe de reprises, nous nous attaquons depuis peu à « Uprising », c’est un vrai plaisir !

Après la sortie de Way Home, tu as continué à mettre des titres en ligne. As-tu suffisamment de matière aujourd’hui pour un nouveau disque ?
Oui, il est d’ailleurs bientôt terminé. Nick D’Virgilio y tient la batterie. J’ai commencé par contacter Inside Out America pour savoir s’ils étaient intéressés pour le sortir, mais ils préfèreraient faire la promo d’un groupe plutôt que d’un artiste solo (NDLR : allez comprendre). Ça m’a coupé dans mon élan, et Nick aussi. D’ailleurs Nick et Dave Meros m’avaient assuré de leur présence dans la mesure du possible mais je me suis mis à plancher sur le nouveau disque de Thought Chamber entre temps. J’ai une dizaine de titres déjà prêts, mais Inside Out en souhaiterait une quinzaine de titres pour garder une marge de manoeuvre et ne sélectionner que les meilleurs. Musicalement c’est bien plus percutant et progressif que Way Home. J’ai travaillé différemment lors de l’enregistrement et la production a évolué. Il est d’ailleurs possible d’entendre ces nouveaux titres sur ma page Soundclick.

Venons-en maintenant sur un sujet délicat : quelle est aujourd’hui la situation d’Enchant ? Le groupe n’a plus donné de nouvelles depuis sept ans, à part quelques concerts, en dépit de certaines annonces postées sur votre forum disant que vous travailliez sur des nouveaux titres. Or on ne voit toujours rien venir. Que se passe-t-il ? Existe-t-il des conflits entre vous ? Peux-tu clarifier la situation ?
Il n’y a absolument aucun conflit, soyons clairs. Depuis le départ de Paul Craddick, les compositions d’Enchant ont quasiment toutes été écrites par Doug, ça dépend de son humeur et de son envie. De mon point de vue, il est très occupé par tout un tas d’autres choses et il est moins inspiré quand il s’agit de penser à Enchant. De plus, j’habite maintenant à une heure et demie de chez lui alors qu’avant nous étions très proches géographiquement. Il y a un an le topo était le suivant : répétitions en studio, ça avançait plutôt vite et du jour au lendemain, plus rien ! Sincèrement, je ne sais pas ce qui est à l’origine de cet arrêt, si c’est parce que Doug trouve que les nouveaux titres ne sont pas suffisamment bons, ou pour une autre raison. Ma contribution s’est plus ou moins réduite à la portion congrue : je les laisse terminer la composition, j’écrirai mes textes et mes lignes de chant en fonction, et j’irai en studio pour les mettre en boîte. En gros, j’attends. Mais d’un certain côté, c’est mon rôle dans le groupe qui l’implique : je viens une fois que toute la musique est prête, j’enregistre et je rentre. Je n’ai pas le pouvoir de persuasion nécessaire pour les motiver à se remettre au travail. A défaut d’attendre un signe, j’ai décidé de m’occuper.

Reconnais que cette situation est pour le moins frustrante ! Vous semblez avoir toutes les cartes en main pour réactiver la machine…
Bien sûr que c’est frustrant ! Pour moi le premier, je suis impatient de m’y remettre. Ajoute à cela le fait que nous ne sommes pas un simple groupe de musiciens : il y a un respect et une amitié réciproques, la musique est aussi un prétexte pour passer du temps ensemble, pour partir en tournée, etc… j’adorerais revivre cela avec eux. Et je comprends la tristesse des fans, cette situation est franchement ridicule… Comme tu l’as dit, nous n’avons rien sorti depuis sept ans, ça commence à faire long, d’autant plus qu’entre temps nos goûts musicaux ont évolué, il serait vraiment intéressant de voir ce que donneraient des nouveaux titres écrits aujourd’hui. Le problème est que, d’un point de vue matériel, cette aventure formidable qu’est Enchant ne nous pas rapporté grand chose. Il faut voir les choses en face : nous avons tous des obligations familiales diverses mais normales et le fait de ne pas avoir le retour sur investissement escompté fait réfléchir et revoir l’implication générale à la baisse.

Poursuivons sur une note plus joyeuse : tu vas remplacer Nick D’Virgilio dans les rangs de Spock’s Beard au Sweden Rock Festival ainsi qu’au High Voltage. Comment cette affaire s’est-elle goupillée ?
Le fait d’avoir tourné ensemble par deux fois aide forcément, d’autant que Dave Meros vit juste à côté de chez moi. Je lui ai demandé de rejoindre mon groupe de reprises, pensant qu’il répondrait par la négative sachant qu’il a déjà un bon paquet de projets, mais il l’a fait ! Quand Spock’s Beard a eu ces propositions de festivals, ils savaient que Nick risquait d’être absent pour cause de tournée avec le Cirque du Soleil. Il y avait plus ou moins un accord entre nous pour que je le remplace s’il n’était pas disponible aux dates mentionnées. Je comprends tout à fait qu’il s’accroche à ce poste, c’est son boulot désormais. Il m’a donc appelé pour que je le dépanne, ce que j’ai accepté. Je dois maintenant avaler trois pages de paroles par titre, le minimum syndical quand on chante du Spock’s Beard (Rires) !

Lors d’une précédente interview, nous avons demandé à Arjen Lucassen (Ayreon) le nom des chanteurs avec lesquels il envisage une collaboration future et ton nom est venu sur le tapis…
J’ai honte. Je me demande s’il ne m’a pas déjà contacté par le passé et que son mail se soit perdu dans mon courrier indésirable (sic). Le fait est que j’ai été assez sollicité ces derniers temps. Pour être honnête je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien pour lui. Bien sur que j’adorerais travailler avec lui, quand il veut ! De plus, il a bossé avec des amis, comme Damian Wilson, Russell Allen ou Neal Morse : ce serait dommage de ne pas faire de même.

Le mot de la fin te revient…
Je voudrais remercier les fans d’Enchant et surtout m’excuser auprès d’eux pour ce long silence, bien indépendant de ma volonté. Pour ceux qui ne me connaissent pas, j’espère que cette interview, pour laquelle je te remercie, éveillera leur curiosité et qu’ils apprécieront ma musique.

Enchant n’a pas donné de nouvelles depuis sept longues années, lors de la sortie de leur DVD Live At Last. Son chanteur, Ted Leonard, victime de fourmis dans les jambes, a décidé de multiplier les projets afin de ne pas rester inactif au cours de cette pause à durée intéreminée, et revient sur la situation d’Enchant.

Chromatique : Tu sembles être le membre d’Enchant le plus actif. En dehors de groupes de reprises, ton premier album solo est sorti il y a quelques années. Dernièrement, tu as aussi fait une série d’apparitions sur les albums de Thought Chamber et d’Andrew Gorczyca… Est-ce une manière de rester occupé en attendant un réveil d’Enchant ?
Ted Leonard :
Ce n’est pas faute d’avoir attendu qu’Enchant se réveille ! Cela fait maintenant sept ans que le groupe est en sommeil, et j’ai donc cherché à m’occuper musicalement. Mes apparitions en tant qu’invité sur certains albums se sont goupillées assez rapidement, notamment sur un projet assez obscur, tournant autour de l’univers de Tolkien, sous le nom d’Archangel, The Akallabëth. J’ai également en route un projet avec Collin Leijenaar (Neal Morse), Mike LePond (Symphony X) et le guitariste Daniel Fries, qui n’a pas encore de nom. L’album est déjà enregistré et en cours de mixage. Thought Chamber est de son côté sur le point de boucler un second album, sous-tendu par un concept, je pense que ça vous plaira. Inside Out aimerait le sortir pour septembre prochain, il est actuellement en cours de mixage. Pour ce qui est d’Andrew Gorczyca, son frère m’a contacté après son décès, en m’envoyant des démos qu’il avait écrites. Je crois avoir été l’un des premiers chanteurs contactés, j’en ai donc profité pour imposer quelque peu mes choix : « je veux chanter sur ces deux titres ! » (Rires). C’étaient pour moi les deux morceaux les plus marquants, ceux qui me parlaient le plus. Je dois avouer avoir été très surpris par le buzz généré par ce disque. Il a fait son trou, toutes proportions gardées, et on m’en a souvent parlé.


Way Home, ton album solo, est sorti il y a bientôt quatre ans. Il contient un fort message de dévouement à Dieu. Je présume que c’est un projet qui te tenait à cœur ?
J’ai toujours voulu faire un album de ce genre. Attention cependant : ce n’est pas prosélyte, j’ai simplement cherché à montrer ma position vis-à-vis de la question de la foi. Je n’ai jamais vraiment été du genre à aller importuner les gens dans un café pour les convertir à tout prix. Je le suis encore moins aujourd’hui pour être tout-à-fait franc, car mes convictions ont légèrement changé avec le temps. Mon divorce m’a contraint à revoir ma position. C’est assez contradictoire. Pour rester dans le vocabulaire religieux, j’ai prêché pour une paroisse avec laquelle je ne suis plus en harmonie aujourd’hui. Mais bon, les gens et les pensées changent avec le temps. Quand on est jeune, on a des idées et on y reste attaché longtemps. Quelques années plus tard, le discours n’est plus le même, ce sont les paradoxes de la vie (Rires).

Est-ce que certains fans t’ont suggéré de partir en tournée avec Neal Morse pour prêcher la bonne parole ?
Au delà de l’aspect prêche qu’aurait cette association, j’adorerais. D’ailleurs, c’est quelque chose qui a failli se faire quand Neal est venu en Californie. Mais vu qu’il a trois heures de répertoire, il a préféré se passer d’une première partie, ce que je peux comprendre, en un sens (Rires). Mais ce serait chouette. J’ai également failli collaborer avec Neal pour son nouveau projet avec Mike Portnoy, Dave LaRue et Steve Morse. Il voulait que je prenne le chant, mais visiblement d’autres membres du groupe en ont décidé autrement (NDLR : c’est Casey McPherson qui chantera sur ce projet). Bon, c’est comme ça (Rires). Quand j’ai su qu’ils avaient quelqu’un d’autre et quand j’ai appris quels étaient les autres musiciens, j’ai vraiment eu du mal à m’en remettre. Bosser avec Steve Morse qui est, avec Ty Tabor, mon guitariste favori, j’aurais signé tout de suite ! Mais j’aurai ma chance un jour !

Ce n’est qu’une demi-surprise, Way Home est assez différent de ce que tu as fait avec Enchant. On sait que tu voues une grande admiration à Steve Walsh, mais quels sont les autres artistes qui t’ont inspiré ?
J’ai toujours été fasciné par les chanteurs qui ont une petite touche de soul dans leur voix, comme Paul Rodgers ou Doug Pinnick (King’s X). Je vénère Steve Walsh, ce n’est un secret pour personne, et je n’ai jamais pu me défaire réellement de son influence (Rires). J’apprécie également beaucoup son remplaçant dans Kansas, John Elefante, dont je me sens paradoxalement plus proche, en dépit des nombreuses comparaisons avec Walsh. Le premier disque que j’ai acheté est Drastic Mesures. Bien entendu, j’adore également Steve Perry, je ne m’en lasse pas, en dépit de ses chansons mielleuses (Rires). Sa voix est si unique que je me fous bien de ce qu’il peut chanter, je sais que ça me plaira !

Hormis ces pointures reconnues de longue date, y a-t-il des chanteurs plus récents qui ont su attirer ton attention ?
Oui bien sûr ! Ta formule est d’ailleurs bien choisie, car je pense qu’à un certain âge, tu n’es plus réellement influencé par d’autres artistes, même si certains d’entre eux parviennent toujours à te scotcher. Je pourrais citer John McLaughlin (à ne pas confondre avec le guitariste), Jason Mraz ou Gavin De Graw. Bon je te l’accorde ce ne sont pas des chanteurs très rock’n’roll mais ils ont ce petit timbre soul que j’affectionne. Pour ce qui est des chanteurs du monde progressif, je pense que personne n’arrive à la cheville de Russell Allen. Ce mec a tout pour lui, le timbre à la Paul Rodgers, une puissance qui rappelle feu-Ronnie James Dio, etc. Bref, ce type est intouchable. J’oubliais aussi Matthew Bellamy de Muse, qui a un vibrato unique. D’ailleurs, avec mon groupe de reprises, nous nous attaquons depuis peu à « Uprising », c’est un vrai plaisir !

Après la sortie de Way Home, tu as continué à mettre des titres en ligne. As-tu suffisamment de matière aujourd’hui pour un nouveau disque ?
Oui, il est d’ailleurs bientôt terminé. Nick D’Virgilio y tient la batterie. J’ai commencé par contacter Inside Out America pour savoir s’ils étaient intéressés pour le sortir, mais ils préfèreraient faire la promo d’un groupe plutôt que d’un artiste solo (NDLR : allez comprendre). Ça m’a coupé dans mon élan, et Nick aussi. D’ailleurs Nick et Dave Meros m’avaient assuré de leur présence dans la mesure du possible mais je me suis mis à plancher sur le nouveau disque de Thought Chamber entre temps. J’ai une dizaine de titres déjà prêts, mais Inside Out en souhaiterait une quinzaine de titres pour garder une marge de manoeuvre et ne sélectionner que les meilleurs. Musicalement c’est bien plus percutant et progressif que Way Home. J’ai travaillé différemment lors de l’enregistrement et la production a évolué. Il est d’ailleurs possible d’entendre ces nouveaux titres sur ma page Soundclick.

Venons-en maintenant sur un sujet délicat : quelle est aujourd’hui la situation d’Enchant ? Le groupe n’a plus donné de nouvelles depuis sept ans, à part quelques concerts, en dépit de certaines annonces postées sur votre forum disant que vous travailliez sur des nouveaux titres. Or on ne voit toujours rien venir. Que se passe-t-il ? Existe-t-il des conflits entre vous ? Peux-tu clarifier la situation ?
Il n’y a absolument aucun conflit, soyons clairs. Depuis le départ de Paul Craddick, les compositions d’Enchant ont quasiment toutes été écrites par Doug, ça dépend de son humeur et de son envie. De mon point de vue, il est très occupé par tout un tas d’autres choses et il est moins inspiré quand il s’agit de penser à Enchant. De plus, j’habite maintenant à une heure et demie de chez lui alors qu’avant nous étions très proches géographiquement. Il y a un an le topo était le suivant : répétitions en studio, ça avançait plutôt vite et du jour au lendemain, plus rien ! Sincèrement, je ne sais pas ce qui est à l’origine de cet arrêt, si c’est parce que Doug trouve que les nouveaux titres ne sont pas suffisamment bons, ou pour une autre raison. Ma contribution s’est plus ou moins réduite à la portion congrue : je les laisse terminer la composition, j’écrirai mes textes et mes lignes de chant en fonction, et j’irai en studio pour les mettre en boîte. En gros, j’attends. Mais d’un certain côté, c’est mon rôle dans le groupe qui l’implique : je viens une fois que toute la musique est prête, j’enregistre et je rentre. Je n’ai pas le pouvoir de persuasion nécessaire pour les motiver à se remettre au travail. A défaut d’attendre un signe, j’ai décidé de m’occuper.

Reconnais que cette situation est pour le moins frustrante ! Vous semblez avoir toutes les cartes en main pour réactiver la machine…
Bien sûr que c’est frustrant ! Pour moi le premier, je suis impatient de m’y remettre. Ajoute à cela le fait que nous ne sommes pas un simple groupe de musiciens : il y a un respect et une amitié réciproques, la musique est aussi un prétexte pour passer du temps ensemble, pour partir en tournée, etc… j’adorerais revivre cela avec eux. Et je comprends la tristesse des fans, cette situation est franchement ridicule… Comme tu l’as dit, nous n’avons rien sorti depuis sept ans, ça commence à faire long, d’autant plus qu’entre temps nos goûts musicaux ont évolué, il serait vraiment intéressant de voir ce que donneraient des nouveaux titres écrits aujourd’hui. Le problème est que, d’un point de vue matériel, cette aventure formidable qu’est Enchant ne nous pas rapporté grand chose. Il faut voir les choses en face : nous avons tous des obligations familiales diverses mais normales et le fait de ne pas avoir le retour sur investissement escompté fait réfléchir et revoir l’implication générale à la baisse.

Poursuivons sur une note plus joyeuse : tu vas remplacer Nick D’Virgilio dans les rangs de Spock’s Beard au Sweden Rock Festival ainsi qu’au High Voltage. Comment cette affaire s’est-elle goupillée ?
Le fait d’avoir tourné ensemble par deux fois aide forcément, d’autant que Dave Meros vit juste à côté de chez moi. Je lui ai demandé de rejoindre mon groupe de reprises, pensant qu’il répondrait par la négative sachant qu’il a déjà un bon paquet de projets, mais il l’a fait ! Quand Spock’s Beard a eu ces propositions de festivals, ils savaient que Nick risquait d’être absent pour cause de tournée avec le Cirque du Soleil. Il y avait plus ou moins un accord entre nous pour que je le remplace s’il n’était pas disponible aux dates mentionnées. Je comprends tout à fait qu’il s’accroche à ce poste, c’est son boulot désormais. Il m’a donc appelé pour que je le dépanne, ce que j’ai accepté. Je dois maintenant avaler trois pages de paroles par titre, le minimum syndical quand on chante du Spock’s Beard (Rires) !

Lors d’une précédente interview, nous avons demandé à Arjen Lucassen (Ayreon) le nom des chanteurs avec lesquels il envisage une collaboration future et ton nom est venu sur le tapis…
J’ai honte. Je me demande s’il ne m’a pas déjà contacté par le passé et que son mail se soit perdu dans mon courrier indésirable (sic). Le fait est que j’ai été assez sollicité ces derniers temps. Pour être honnête je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien pour lui. Bien sur que j’adorerais travailler avec lui, quand il veut ! De plus, il a bossé avec des amis, comme Damian Wilson, Russell Allen ou Neal Morse : ce serait dommage de ne pas faire de même.

Le mot de la fin te revient…
Je voudrais remercier les fans d’Enchant et surtout m’excuser auprès d’eux pour ce long silence, bien indépendant de ma volonté. Pour ceux qui ne me connaissent pas, j’espère que cette interview, pour laquelle je te remercie, éveillera leur curiosité et qu’ils apprécieront ma musique.