– Mangini reprend le Mike

C’est donc officiel depuis ce vendredi 29 avril. Dream Theater est de nouveau un groupe au complet. Après trois jours d’intenses auditions, au cours desquels ont défilé les sept batteurs susceptibles de succéder à Mike Portnoy, le groupe de Long Island a jeté son dévolu sur un autre Mike… Mangini de son nom.

Alors ça y est, c’est officiel. En ce 29 avril 2011, Mike Mangini vient d’être choisi comme nouveau batteur du groupe. Mazal Tov ! Selon Jordan Rudess, c’est le commencement d’un nouveau chapitre dans l’histoire du groupe New Yorkais. Certes, il s’agit d’un événement important. On ne remplace pas un musicien aussi emblématique que Mike Portnoy d’un claquement de doigts. Quitte à remplacer un monstre de technique par un de ses semblables, autant prendre le temps. Or, les LaBrie, Petrucci et consorts n’ont eu besoin que de trois petits jours pour trouver l’Élu. Ils sont forts tout de même. Ils ont réussi à nous faire languir depuis septembre, à nous faire patienter et considérer que l’annonce du nom de l’Élu valait l’attente. Brisons un peu cet élan consensuel, qui veut que le plus grand groupe de metal progressif de la planète se soit soi-disant remis en question après plusieurs controverses artistiques successives. Ainsi, pour arrondir les angles, du côté de Dream Theater on a voulu « inviter » le fan à suivre les auditions de l’intérieur… un peu comme Metallica l’avait fait avec Some Kind of Monster. Démarche pitoyable pour certains, géniale pour d’autres ; dès le départ, la première réaction pour la frange rebelle des fans fut “tout ça pour ça ?” ?

Dans l’absolu, cette campagne de communication bien rodée (John Petrucci a bien appris au contact de Mike Portnoy) représente au final beaucoup de bruit pour pas grand chose. Cela ressemble un peu à un pétard mouillé compte tenu du résultat des courses, mais toutefois, soyons clairs. À aucun moment, il ne s’agit dans ce billet, de discréditer Mike Mangini. Son CV est suffisamment costaud pour prétendre au poste. Il a travaillé d’arrache-pied pour assimiler les compositions et il faut le féliciter. Il n’y a, dans le fond, aucune contestation possible sur son intronisation dans Dream Theater. Ne serait-ce pas, au contraire, sur la forme que cela pèche et que, par conséquent, le ressenti des fans soit mitigé ? À bien y réfléchir, les discussions ont de quoi subsister. Considérons les choses plus précisément : au sujet de Thomas Lang, selon les dires de John Petrucci, on a regardé de près, sur les forums, et le nom de Thomas Lang est souvent revenu. Que penser d’un propos comme celui-ci ? Que Dream Theater tient là, à (in)juste titre, un discours aux contours légèrement élitistes ? Tout batteur en mesure de postuler n’a-t-il pas le droit légitime d’avoir une chance ? Que nenni. Pour remplacer du lourd, il faut du lourd, pardon, du TRÈS lourd. À l’image d’un club de foot, il faut recruter du clinquant. Alors, en plus de Mike Mangini, appelons Derek Roddy, Virgil Donati, Aquiles Priester. Des boîtes à rythme à forme humaine. Conscients d’un léger déséquilibre dans la balance, insufflons un peu d’humanité en auditionnant aussi des batteurs plus fins. Des noms ? Peter Wildoer, Thomas Lang et Marco Minnemann, ça suffira amplement ! N’ont-ils jamais entendu parler de John Macaluso, Thomas Lejon, voire Mark Zonder ? Cela ne valait-il pas le coup de prendre le temps d’essayer avec ces cogneurs, quitte à rajouter un jour supplémentaire d’auditions ? Quand on voit la joie d’un Marco Minnemann la banane aux lèvres, heureux d’être là, insufflant du groove (normal pour un batteur) mais surtout de la folie, qui a déserté le gang de Long Island depuis Six Degrees of Inner Turbulence, on a de quoi imaginer ce que cela donnerait. Et dès lors, le droit de pester devient légitime !

Que penser de ce modus operandi ? Que Dream Theater est un ogre pressé de retourner en studio, pressé de montrer qu’il y a une vie après Mike Portnoy. Qu’ils ont, in fine, privilégié la sécurité liée à une pointure mondialement reconnue à une totale remise en question. Pas très classe comme attitude, pourtant on aurait pu penser que le départ de Portnoy, boulimique de travail reconnu, aurait permis de lever un peu le pied. Il n’en est rien, et aujourd’hui Dream Theater est un groupe qui a tout à prouver et qui doit surtout réactiver la machine à rêves, comme il savait si bien le faire. Il est attendu au tournant. Avec Mike Mangini dans ses rangs, il y a obligation de résultats ; sans quoi, plus dure sera la chute et quand on sait où le gang de New York se situe aujourd’hui dans le cœur de certains fans, il y a urgence. En attendant, si les jeux sont bel et bien faits, les débats eux, sont bel et bien ouverts…