Radiohead - The King of Limbs

Sorti le: 18/04/2011

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: autoproduction

Site: www.radiohead.com

37’35, la hype la plus totale. On se croirait revenu dans les années soixante où le vinyle régnait en maître. C’est oublier cependant qu’à cette époque les groupes sortaient un 33 tours par an. Cela fera trois ans et demi que les gars d’Oxford distillent des informations au compte-goutte sur un éventuel nouvel album. Il y a eu le coup des compositions livrées à l’unité, dont l’une pour une œuvre caritative et l’autre gratuite. Ensuite, ce fut au tour de la sortie en solo du batteur Phil Selway jusqu’à cette annonce officielle juste quelques jours avant celle de King of Limbs – qui paraît en fait un jour avant la date prévue ! – et ses huit petites pièces. La promotion est peut-être de ce fait la meilleure de l’histoire de rock. Les journalistes musicaux se voient dépossédés de leur sacro-saint statut de critique, tout le monde en parle et même le Guardian se la joue Radioeds en inversant les rôles avec la rédaction qui reprend « Creep ». Coup de génie ou grosse escroquerie ?

Difficile de répondre avec une ferveur assurée. D’une part, certains titres auraient facilement pu figurer sur des faces B de l’époque Kid A ou Amnesiac (« Bloom », « Morning Mr Magpie »). D’autre part, le retour à l’expérimentation, le drum’n’bass, les boucles électroniques, les structures parfois complexes, après la munificence du songwriting de In Rainbows, s’il ne surprend pas, donne clairement l’impression d’un essoufflement créatif. Radiohead n’invente plus rien et le début de l’album est raté.

A contrario, la qualité de la production est toujours aussi exceptionnelle ; on s’en serait douté avec Nigel Godrich aux consoles. Peut-être que vous pourrez convaincre votre petite chérie avec « Feral » et ses infra-basses que les gros boomers ne font pas moche dans le salon. Ajoutons à cela que la seconde partie du disque apporte son lot de pépites. Des arrangements jazzy de « Lotus Flower » aux piano et à la trompette lancinants de « Codex », on navigue avec le meilleur Radiohead.

The King of the Limbs, titre qui se réfère à une essence d’arbre qui jouxtait le studio d’enregistrement, se révèle finalement mi-figue, mi-raisin. On aurait pu espérer mieux surtout pour une durée aussi courte. Il pourra au moins servir de prétexte à une jolie tournée, peut-être ? Le groupe l’annoncera sans doute via son propre journal.