Rhapsody Of Fire

24/03/2011

Elysée-Montmartre - Paris

Par Marjorie Coulin

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : http://www.rhapsodyoffire.com/

Setlist :

Dar-Kunor / Triumph or Agony / Knightrider of Doom / The Village of Dwarves / Unholy Warcry / Guardiani Del Destino / Land of Immortals / On the Way to Ainor / Thardos Holy Rage (drum solo) / Dawn of Victory / Lamento Eroico / Holy Thunderforce / Dark Prophecy (bass solo) / Sea of Fate / March Swordmaster / Rappels : Sea of Fate / Emerald Sword

C’est un Elysée-Montmartre complet, en grande configuration et plein à craquer qui accueille le retour des Italiens de Rhapsody (désormais of Fire, puisque lors de son dernier passage sur les scènes françaises, il y a huit ans, le groupe n’avait pas encore adopté la particule). Une signature chez Nuclear Blast et quelques embrouillaminis juridiques plus tard, Rhapsody of Fire, donc, débarque à Paris pour un concert qu’on espère à la hauteur de la patience de ses fans.

La foule massée aux portes a-t-elle à peine le temps de se résorber que les italiens de Vexillum prennent place. Ce power metal classique mais efficace est accueilli avec un bel enthousiasme : le courant passe, l’énergie est communicative et les premiers rangs apprécient le kilt comme tenue de scène.

Vient ensuite Visions of Atlantis, formation de metal symphonique ayant pour particularité l’adjonction d’une voix soprano, Maxi Nil, qui arbore une tenue d’apparat propre à ravir les (toujours chanceux) premiers rangs masculins et à faire d’elle l’attraction principale du concert. Malheureusement, son pendant vocal masculin, Mario Plank, paraît du coup esthétiquement terne malgré une énergie débordante. La recette est globalement intéressante, mais le jeu de scène reste mal défini et la prestation paraît donc assez laborieuse.

Le dernier changement de scène s’opère et les impatients réclament en coeur Rhapsody (en omettant volontiers « of Fire » d’ailleurs). Ils sont exaucés par l’extinction des lumières et l’entrée en scène des musiciens sur une introduction dominée par la voix de Christopher Lee, désormais partie intégrante de l’identité conceptuelle du groupe. Suivent les deux morceaux d’introduction de Triumph or Agony, leur avant-dernier album. Et de fait, on s’étonne qu’il ne soit pas fait plus grande place à The Frozen Tears of Angels, dont seuls trois titres seront joués ce soir. Au vu de la setlist cependant, on comprend que Rhapsody avait ce soir-là l’intention de signer son retour en proposant des extraits de l’ensemble de son oeuvre. Et c’est tant mieux, car après tout, le public parisien a un sacré retard…

Sur scène, le groupe dégage une énergie à la fois fantasque et calculée. Les attitudes sont étudiées, les déplacements sont fluides. Le plan de scène est d’ailleurs simple mais à toute épreuve : deux plate-formes encadrent la batterie, sur lesquelles Luca Turilli et Patrice Guers se font une joie d’aller se percher, de préférence de manière synchrone. Ce jeu de scène redoutablement efficace vient en appui visuel des passages les plus épiques. Il est évident, aux grands sourires décochés, que le groupe est heureux d’être là, d’autant que Patrice Guers et Dominique Leurquin jouent à domicile. Ces deux-là ne manquent d’ailleurs pas de se faire remarquer, le premier par son exubérance, le second en partageant avec brio les parties de guitare solo avec Lucas Turilli.

Le concert apparaît donc comme très équilibré, autant en termes scéniques qu’au vu de la variété des morceaux proposés, et chaque musicien est mis en avant. Patrice Gers et Alex Holzwarth (batterie) ont tous deux droit à leur morceau solo, Fabio Lione est très en forme vocalement et les interactions avec le public sont nombreuses (bien que pour la plupart programmées). Le groupe enchaîne morceaux anciens comme récents, ainsi que des indémodables, tel que “Dawn of Victory”, repris en choeur par une partie impressionnante de la salle. Finalement, “Emerald Sword” achève d’enchanter le public en clôturant les rappels.

La salle se vide de sa horde de chevaliers prête à chevaucher à travers les Terres du Chaos à la recherche de la Sainte Épée (s’ils surmontent l’épreuve consistant à trouver la correspondance de métro) : un public hétérogène constitué de fans, de curieux, de jeunes et de vétérans, tous conquis. Confirmation s’il en était besoin que, malgré une quasi-décennie d’absence, Rhapsody of Fire est aujourd’hui considéré comme une référence du genre. Apprécier Rhapsody of Fire en concert, c’est découvrir ou s’assurer de la maîtrise d’un style musical. Mais c’est aussi se laisser embarquer sans honte à la chasse au dragon, le temps d’une soirée. Et une chose est sûre, ce soir… il a pris cher, ce dragon.