Twelfth Night – Play On !

Ces dernières années, nombreux sont les groupes de rock néo-progressif plus ou moins oubliés qui ressurgissent de nulle part, déversant sur les anciens et nouveaux fans les rééditions de leurs albums. Certains remontent même sur scène ou sortent de nouveaux disques. Twelfth Night détient sans doute un record dans le domaine, car outre les rééditions par le biais de labels comme Cyclops ou Festival Music, la formation a publié en auto-production de nombreux enregistrements de concerts d’époque ainsi qu’un DVD. Il existe même depuis peu une biographie officielle ! Et maintenant que les Britanniques foulent à nouveau les planches, on peut s’attendre à de nombreuses nouveautés dans les mois à venir.

Progressia : Qu’êtes-vous devenus depuis que le groupe s’est séparé ? Que faites-vous aujourd’hui, toi et les autres membres de Twelfth Night ? Certains d’entre vous travaillent-ils encore dans la musique ? 
Brian Devoil : Nous avons tous quitté le monde de la musique en 1986-1987. Andy Revell travaille dans le domaine de la lutte contre le SIDA et a fondé une organisation à but non lucratif qui développe des intelligences artificielles pour optimiser la prise de décision concernant les traitements contre la maladie.  Il est également le fondateur de Household Design. Depuis 1987, Clive Mitten a été gérant d’un studio, étudiant et universitaire, employé dans un organisme caritatif, consultant en gestion, gestionnaire d’une agence de location de maisons de vacances sur la Great Ocean Road en Australie, directeur associé d’un cabinet indépendant de comptables agréés et conseillers en affaires, et membre du Youth Justice Board. Richard Battersby travaille pour une société de prêts hypothécaires et Andy Sears est professeur indépendant d’Anglais des affaires en Espagne. Je travaille moi-même comme comptable et agent de Twelfth Night.  Après notre séparation en 1987, j’ai géré les intérêts restants ainsi que le fan club du groupe, et je me suis occupé également de toutes les rééditions en CD avec SI, MSI et GFT-Cyclops et plus tard, de la série des CDR d’archives avec Mark Hughes.

Comment a eu lieu la réunion du groupe ? 
En 2004, les organisateurs de la sixième édition du festival de Tiana en Espagne m’ont appelé pour me demander s’il existait une possibilité pour que Twelfth Night vienne y jouer. C’était impossible à ce moment-là, mais le hasard a voulu qu’Andy  Sears vivait alors en Espagne, je lui ai donc passé le relais. Il a interprété cinq chansons et un rappel, ce fut sa première prestation depuis 1986. A cette époque, nous entreprenions également la réédition de tous nos albums et cela a enclenché le mouvement. Une paire d’année plus tard, Clive a passé un coup de fil à Andy. Il avait entendu parler de sa performance. Ils ont alors décidé qu’ils allaient à nouveau jouer la musique de Twelfth Night. Ils nous demandèrent, à Rev [Andy Revell] et moi, de participer, et après avoir passé un certain temps à nous convaincre que nous pourrions jouer à nouveau – nous nous étions tout de même retirés de toute activité musicale depuis fort longtemps – nous avons évidemment répondu présents !

La voix d’Andy Sears semble plus puissante et maîtrisée que jamais en concert. Qu’en penses-tu, et qu’en pense Andy lui-même ? 
Je suis d’accord ! Il a pris soin de lui dans l’intervalle et cela s’entend à sa voix. Chacun d’entre nous est en bonne forme, ce qui nous permet d’insuffler beaucoup d’énergie et d’enthousiasme dans nos concerts. Quant à ce que pense Andy de sa voix, il faudrait le lui demander, mais nous avons tous été impressionnés par la qualité de son chant et l’énergie de sa prestation.

A-t-il définitivement quitté le groupe  ? Avec les remplacements de Rick Battersby par Mark Spencer et d’Andy Revell par Roy Keyworth (Galahad), existe-t-il toujours un « esprit Twelfth Night » ?
Oui et il est plus vivant que jamais ! Je peux te l’assurer – et je pense que ceux qui nous ont vus en 2010 seront d’accord –, que nous ne sommes pas une formation à temps plein à l’instar de Marillion. Twelfth Night ne s’est pas reformé en tant que tel, car nous avons tous des vies bien remplies et compliquées en dehors de la musique. Nous sommes plutôt un groupe flexible qui nous réunissons de temps à autres pour donner des concerts. Ainsi Andy ne nous a pas quittés, il n’a simplement pas pu jouer cette année. Nous avons donc recruté Dean et Roy de Galahad. Mark Spencer en est membre depuis 2007, et comme Rick a cessé de jouer il y a de nombreuses années, il a raisonnablement décidé qu’il en resterait là. Nos projets sont pour l’instant incertains, nous ne pouvons donc affirmer s’il y aura des concerts l’année prochaine et dire qui en fera partie !

Twelfth Night est très différent du prog des années quatre-vingt tels que IQ et Pendragon. Quelles sont vos principales influences ?
Au départ nous sommes tous fans de progressif traditionnel des années soixante-dix comme Genesis, Yes, Pink Floyd, ELP, Van der Graaf Generator, etc. Au début des années quatre-vingt, nous écoutions U2, Simple Minds, The Cure, etc. Clive disait à l’époque de l’album enregistré pour Virgin (1986), qu’il voulait qu’on sonne comme un croisement entre Van Halen et Frankie Goes to Hollywood !

Écoutez-vous encore du prog ? Que pensez-vous des formations actuelles ? Quelles sont vos préférées ?
En fait, nous ne nous sommes jamais considérés comme un groupe de prog. Bien sûr, nous écoutons toujours de temps en temps ce que nous aimions étant plus jeunes, comme Jethro Tull, Queen, Yes, Genesis et  Led Zeppelin, mais nous ne sommes pas au courant des tendances actuelles des musiques progressives. Certains d’entre nous apprécient Muse, Dream Theater ou Porcupine Tree, et nous aimons tous Galahad, bien sûr ! En ce qui me concerne, je suis également un grand fan d’Ozric Tentacles . J’ai été très impressionné par les nombreux titres des compilations sorties par « Classic Rock presents Prog » cette année.

Plusieurs disques de Twelfth Night ont été réédités ces dernières années. Il existe en outre un DVD en concert de 1984, et depuis peu un autre de votre prestation au ReadingRock de 1983. Vous avez auto-produit et publié vous-mêmes plusieurs shows d’époque. Il existe même à présent une biographie du groupe baptisée Play On, écrite par Andrew Wild. Comment expliquez-vous cette sorte de « renaissance » de Twelfth Night ?
Après la dissolution du groupe, j’ai maintenu Twelfth Night en vie en publiant des cassettes de concerts, ainsi que les rééditions de Cyclops Records et plus récemment les CD d’archives. J’ai été ravi de pouvoir conserver les droits sur notre matériel, ce qui a rendu possible ces rééditions. Il n’y a que l’album enregistré pour Virgin qui ne soit pas actuellement « possédé » par le groupe. Je blaguais souvent à son sujet, en l’évoquant comme notre « plan de retraite ». Durant les années quatre-vingt-dix et deux mille, le groupe n’a jamais été loin de mes pensées car je recevais encore quotidiennement des lettres et courriels de fans. J’ai toujours considéré Twelfth Night comme « mon bébé » et ai été reconnaissant pour tous les messages de soutien et de bons vœux que je recevais. Les autres ont été surpris de constater à quel point nous comptions encore pour certains, et finalement, cela a permis de planifier les concerts de réunion du groupe de 2007, avec l’assurance qu’un public viendrait nous écouter. Je pense que la raison pour laquelle nous avons encore des fans aussi loyaux, c’est que nous avons toujours pris soin d’eux, et que tout cela a passé l’épreuve du temps. Nous avons traité les gens avec respect.

Mark Hughes, Jerry van Kooten, Andrew Wild et quelques autres semblent être très impliqués dans la seconde jeunesse de Twelfth Night. Qui sont-ils et comment les avez-vous rencontrés ?
Mark, Jerry et Andy sont des fans de longue date, aujourd’hui devenus des amis et collègues. Mark vivait à Reading et avait l’habitude de venir nous voir au Target dès 1980. Il est devenu l’un de nos amis et nous a vus en concert probablement davantage que quiconque.  Il a pris des centaines de photos dans les années quatre-vingt, et je lui ai demandé il y a un certain temps de toutes les archiver pour nous.  Il a également transféré pour nous mes nombreuses archives de cassette vers CD, ce qui nous a donné l’idée de publier en CD la série des Archives Release.  C’est sans doute notre supporteur numéro un de tous les temps ! Jerry van Kooten a proposé de monter notre site web il y a de nombreuses années. C’est un fan hollandais et il a fortement contribué à faire connaître Twelfth Night depuis plus d’une dizaine d’années. Je l’ai rencontré pour la première fois lorsqu’il est venu à Londres dans les années quatre-vingt-dix. Son rêve de nous voir en concert s’est finalement réalisé en 2007. Nous avons rencontré Andy Wild pour la première fois en 2008 lorsqu’il nous a contactés pour nous proposer d’écrire la biographie du groupe. Depuis, il s’est impliqué dans nombre de nos projets, et plus particulièrement dans les relations publiques et le marketing. Nous sommes bénis d’avoir autant de fans devenus amis, qui nous aident à mener notre barque. Nous ne pourrions y arriver sans eux. Le dernier membre en date de notre équipe est David Read, qui a filmé et monté nos vidéos. Il a pour l’instant contribué aux DVD de Play On, ReadingRock et MMX et travaille sur de nombreux autres projets à l’heure où je te parle. Et à côté de cela, nous avons un fantastique groupe de personnes qui nous aide lorsque nous donnons des concerts. Par exemple, Tony « Animal » Thistlethwaite, qui est mon technicien batterie personnel depuis trente ans !

Comment avez-vous obtenu les bandes du Reading Rock’83 ? Il semblerait qu’un autre concert avec Geoff Mann sera réalisé en DVD dans un futur proche. Peux-tu nous donner des détails sur ces projets ?  
La vidéo a été envoyée par un fan il y a de cela une plusieurs d’années. Auparavant, nous ignorions jusqu’à son existence ! J’ai acquis les droits de la diffusion radio qui avait été enregistrée et mixée avec soin, et notre ami David Read a tout assemblé. Nous projetons de sortir un DVD avec Geoff Mann avant la fin de l’année. Il sera tiré des concerts d’adieu de Geoff – Live and Let Live – et inclura un documentaire très spécial. Je préfère ne pas donner trop de détails, car nous sortons actuellement le DVD d’un concert enregistré il y a quelques mois seulement sur la tournée Play On, intitulé MMX: Twelfth Night Live. Les détails concernant cette sortie figurent dans notre newsletter. Pour l’obtenir, écrivez moi à brian@twelfthnight.info

Pas mal de matériel concernant Geoff Mann a été publié entre 2003 et 2004 par Andy Labrow et Jane Mann via www.geoffmann.co.uk. Actuellement, le site semble inactif. Sais-tu s’ils travaillent sur de nouvelles sorties ?
Je ne pense pas, mais tu devrais poser la question à Andy et Jane, car nous n’avons rien à voir avec cela.  Par ailleurs, James, le fils de Geoff est aujourd’hui un musicien actif.

Live at The Albany 2007 sortira sous peu en DVD chez Festival Music. Peux-tu nous en parler ? Es-tu satisfait du résultat final ?
Ce fut notre premier vrai concert de réunion en 2007, filmé dans une agréable salle du sud de Londres. Il y avait à peu près quatre cents personnes dans le public et ce fut une soirée mémorable. Malheureusement, à cause de problèmes techniques imprévus et la difficulté pour tout monter, cela a pris beaucoup de temps, et ce n’est pas encore fini ! Je pense néanmoins que tout le monde sera satisfait du résultat, et j’espère une sortie pour début 2011.

Vous avez donné quelques concerts ces derniers mois, notamment au Night of the Prog 2010, devant une audience bien garnie. Comment êtes-vous arrivés sur l’affiche ?
Nous avons été mis en contact direct avec les organisateurs par l’un de nos fans, puis ils nous ont invités car ils avaient décidé de se concentrer sur des groupes anglais cette année. Je connaissais déjà le festival et ai été ravi qu’ils nous invitent à jouer. Nous avons eu une bonne position sur l’affiche de la première soirée, juste au moment de la tombée de la nuit. On espère lire prochainement des compte-rendus !

Quelles sont vos premières impressions après le concert à Loreley ? A-t-il été filmé / enregistré pour une éventuelle sortie ?
Comme je le disais, c’était génial. Les photos sont fantastiques et les clips vidéo des fans également.  Une fois que nous aurons la possibilité de  voir notre propre prestation et d’écouter l’enregistrement, nous pourrons décider si cela vaut le coup d’être publié. Nous l’espérons, mais ces choses prennent du temps, et ce ne serait pas avant l’été prochain.

Peux-tu nous parler de vos autres projets ou sorties planifiées ? Travaillez-vous sur de nouveaux titres ?
Nous avons  un  long calendrier de projets, avec des “éditions définitives” de nos albums originaux. Nous avons sorti également un double DVD d’un concert de 2010, MMX. Avant la fin de l’année, nous espérons sortir le Live and Let Live Definitive Edition, qui serait accompagné d’un double DVD tiré des mêmes concerts. Il y a donc de quoi faire ! Bien que notre avenir soit incertain, Andy a commencé depuis longtemps à travailler sur du matériel solo. A côté de cela, quelques autres idées commencent à prendre forme, nous espérons vous en dire plus prochainement… pour vous tenir au courant, visitez notre site officiel régulièrement !

Un dernier mot pour les fans français de Twelfth Night ?
Merci ! [en Français dans le texte, ndlr]