Anathema

03/11/2010

Élysée-Montmartre - Paris

Par Florent Simon

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : http://www.anathema.ws

Setlist :

Thin Air / Summernight Horizon / Dreaming Light/ Everything / Balance / Closer / A Natural Disaster / Angels Walk Among Us / Presence / A Simple Mistake / Deep / Pitiless / Forgotten Hopes / Destiny is Dead / Shroud of False / Lost Control / Destiny / Empty / Panic / Temporary Peace / Flying / Get Off, Get Out / Universal / Hindsight / Are You There? / Parisienne Moonlight / Sleepless / One Last Goodbye / Fragile Dreams

Suite à la sortie de We Are Here Because We Are Here au printemps dernier, le groupe s’est engagé dans une vaste tournée et a fait étape dans la capitale. Se détournant au fil des années de l’esprit sombre et gothique de ses débuts pour s‘orienter vers un rock atmosphérique au paysage progressif et mélancolique, la troupe de Liverpool avait pour but de proposer un show à la hauteur de leur statut aux nombreux fans présents.

Face à une salle déjà partiellement remplie, Petter Carlsen ouvre le bal, seul avec sa guitare. Sa pop sage, agréable et sublimée par une voix feutrée instaure une ambiance de volupté. Seul un léger manque d’énergie empêche la prestation d’être pleinement captivante. Les derniers morceaux sont l’occasion pour Vincent Cavanagh puis la douce et attachante Anneke van Giersbergen (ancienne chanteuse du groupe The Gathering) de rejoindre l’artiste norvégien et de terminer ce mini-set introductif et sympathique.

Sans temps mort, la blonde Hollandaise entame en solo ses chansons pour la demi-heure suivante, éclairant le public plus nombreux de sa présence envoûtante et de sa précieuse voix. L’intérêt tout comme la chaleur montent d’un cran. Vincent Cavanagh et Petter Carlsen achèvent cette seconde partie avant une courte pause permettant de prendre l’air hors de l’étuve de l’Élysée-Montmartre, en attendant d’assister à ce qui est annoncé au micro comme une « très très longue soirée »…

Vincent et Danny Cavanagh, accompagnés de leur frère Jamie, de la fratrie Douglas (Lee et John) et enfin de Les Smith montent sur scène, le sourire aux lèvres. Le concert démarre avec « Thin Air » qui électrise les spectateurs et, si la sonorisation est inégale, l’éclairage reste bien paresseux et incommodant tout au long de la soirée, notamment sur le sublime « Everything » qui constitue le premier grand moment de cette veillée.

Le groupe enchaîne avec des titres extraits de A Natural Disaster, très applaudis, avant de reprendre le fil conducteur avec « Angels Walk Among Us », « Presence » et « A Simple Mistake ». Le concert tient pour l’instant ses promesses et les seuls soucis à déplorer restent ce jeu de lumière désastreux et la température intérieure, proche de l’insoutenable, qui fera décrocher à Vinnie Cavanagh un « putain c’est chaud ici, fuck man ! » en Français dans le texte.

Ses comparses ne manquent pas de redoubler d’enthousiasme pour interpréter les quatre premiers titres de Judgement, embrayant sur un troisième flash-back qui aborde Alternative 4 avec « Shroud of False », « Destiny », « Empty » et « Lost Control » dans des versions impeccables. La formation respire l’unité, chaque musicien est à sa place, même si Les Smith aux claviers peine à s’imposer dans un mix parfois confus. Lee Douglas, plus discrète et absente parfois de la scène, renforce toutefois les lignes de chant par des facultés harmoniques supplémentaires.

L’inattendu « Panic », audacieux mais moyennement réussi, sert de transition à une accalmie acoustique en compagnie de Petter Carlsen et Anneke van Giersbergen, pour « Temporary Peace » et « Flying ». La bonne humeur persiste, entre Vinnie qui tente de faire chanter le public en lui parlant  en Français et les éclats de rire à la suite d’un mauvais accordage, ou encore le rafraichissement opportun imposé aux premiers rangs par Danny avec une bouteille d’eau.

Après deux heures de concert, la température devient étouffante, alors que l’exploration de We Are Here Because We Are Here s’achève sur « Get Off, Get Out », « Universal » et surtout le planant « Hindsight » avec son long dénouement, qui permet au public de reprendre doucement ses esprits. La soirée se termine par un rappel de trente minutes tout en émotion : « Are You There? », « Parisienne Moonlight », « Sleepless ». « One Last Goodbye » et « Fragile Dreams » concluent l’ensemble, pour partir sur un dernier frisson.

Les musiciens repartent le cœur léger en singeant une danse loufoque sous les acclamations du public. Dense, riche, retraçant une carrière longue de plus de vingt ans, ce show parisien est parvenu à contenter les fans de chaque époque malgré un éclairage catastrophique et une sonorisation d’une qualité insuffisante. Nul désistement à déplorer, les Français étaient au rendez-vous et pourront dès lors dire : nous sommes là parce que nous sommes là !