Spock's Beard

25/09/2010

Scène Bastille - Paris

Par Dan Tordjman

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : http://www.spocksbeard.com

Alors que le dixième album du groupe connaît des difficultés pour sa sortie en France, repoussée, semble-t-il, pour des raisons de distribution hasardeuse, les Américains ont entamé l’inévitable tournée de promotion qui leur permet en outre de vanter les mérites de l’achat de l’édition vinyle, disponible ce jour-là au stand de merchandising. Entre les nombreux concerts aux quatre coins du monde, la méthode de coproduction opérée pour X et la résurrection du disque noir, serait-ce là une nouvelle alternative afin de subvenir à ses besoins ?

Les tribulations parisiennes de Spock’s Beard ont souvent été jalonnées d’imprévus indépendants de la volonté des Californiens. Par exemple, lors de ce concert en 1998 avec Enchant à l’Arapaho, où le public fut gêné par ce maudit pilier trônant en plein milieu de la fosse ; ou encore en 2005, à La Locomotive, où Nick D’Virgilio et ses camarades durent jouer à 14 h, quand ce ne fut pas à un horaire bien plus tardif en 2007 toujours au même endroit. La malédiction semble s’être levée cette fois-ci. La formation se produit dans une Scène Bastille bien remplie en cette mi-septembre, réponse logique à la publication de leur « eXcellent » dernier album.

C’est seulement le deuxième concert de la tournée européenne de Spock’s Beard, et dont les invités sont les Britanniques d’Enochian Theory. Malgré un avis engageant sur le papier au sujet de leurs capacités certaines en studio, la formation reste inconnue de la majorité du public. Si les Anglais peinent à séduire les spectateurs venus initialement tirer quelques poils de barbe, n’étant franchement pas aidés par un son assez révoltant et un jeu de lumière digne des représentations en milieu scolaire, il faut toutefois saluer la bonne humeur de Ben Harris-Hayes, Shaun Rayment – véritablement surexcité sur cette petite scène –  et Sam Street, ce qui leur permet d’atteindre l’audience, qui en retour les applaudit chaleureusement.

L’entracte est de courte durée et c’est avec un plaisir perceptible qui se lit sur les visages que Spock’s Beard prend le relais. Le concert n’a même pas débuté que Ryo Okumoto est déjà excité comme une puce. Les Américains ont décidé de faire la part belle à X. L’album est interprété dans son intégralité, excepté « Their Names Escape Me ». Dès les premières secondes de « Edge of the In-Between », le ton est donné pour une soirée qui s’annonce tout en puissance.

Tel un grand millésime, Nick D’Virgilio se bonifie avec l’âge et navigue allègrement de la guitare aux claviers en passant bien évidemment parfois par la batterie, elle-même assurée tout du long par le fidèle sacré cogneur Jimmy Keegan. Si Dave Meros est toujours aussi discret et efficace derrière sa basse vrombissante, Alan Morse, bardé de sa veste à paillettes, communique tout sourire avec le public.

L’expérience de ces vieux roublards du rock prog n’est plus à démonter, et des moments forts viennent ponctuer un show carré et pourtant si débridé, avec notamment l’enchaînement de « From The Darkness » et de « The Quiet House » et son refrain imparable, Nick D’Virgilio et Jimmy Keegan qui jouent de concert derrière leurs fûts avec une aisance et une concordance déconcertante, ou l’interprétation du titre « On a Perfect Day » qui renvoie à de délicieux souvenirs.

Le concert est pourtant écourté. « June », prévu pour le rappel, ne sera malheureusement pas joué. En terminant sur « Thoughts » et une version anthologique de « The Doorway », Spock’s Beard se fait pardonner davantage en venant par la suite à la rencontre du public. La France aime Spock’s Beard (notamment ce fan quelque peu imbibé qui déclare à maintes reprises sa flamme à Ryo Okumoto) et Spock’s Beard le lui rend bien. Ah, Amour, quand tu nous tiens !