Gazpacho

15/04/2010

Z7 Konzertfabrik - Pratteln (Suisse)

Par Christophe Gigon

Photos: Claude Wacker (www.docker.ch)

Site du groupe : http://www.gazpachoworld.com/

Setlist :

Put It on the Air 117 River Night Welg When Earth Lets Go Symbols Desert Flight The Walk Orion Winter Bravo
Enfin en tête d’affiche, les Norvégiens sont venus hypnotiser un auditoire malheureusement clairsemé au Z7. Servies par un son d’une rare élégance, l’ambiance feutrée et la prestation impeccable se sont révélées captivantes de bout en bout. Ainsi Gazpacho a su rendre ses lettres de noblesse à ce style indescriptible que Talk Talk et Marillion (période Hogarth) ont jadis forgé.

Pour une deuxième prestation de la troupe scandinave comme tête d’affiche en terre helvète, on ne peut malheureusement pas dire qu’il y ait foule même si le public, probablement grâce au bouche à oreille, s’est révélé sensiblement plus fourni que la première fois. Bien lui en a pris car c’est à une prestation de toute beauté que les Norvégiens nous ont convié. Le tout servi par un son digne d’un système hi-fi haut de gamme, ce qui ne gâchait évidemment rien.

Dès les premières notes des étonnants morceaux d’ouverture issus de leurs plus anciens disques (alors que le public semblait persuadé que le dernier concept album du groupe, le fameux Tick Tock, allait être exécuté in extenso comme pièce d’introduction), force est de constater que cette formation , si elle a déjà largement fait ses preuves en studio, se révèle être une machine remarquablement professionnelle sur scène. Incroyablement soudés, les musiciens, précis comme une montre suisse, savent créer des ambiances. Rares sont ceux qui parviennent vraiment à maîtriser ce jeu dangereux, qui peut mener si facilement à l’apathie. Les prestations musicales se voient relevées par la maîtrise vocale ahurissante de ce décidément très grand chanteur qu’est devenu, au fil du temps, Jan Enrik Ohme. Le guitariste, racé sans être jamais démonstratif, sait parfaitement produire la mélodie juste nécessaire à l’instant. Sans plus, mais avec panache. Le violoniste et mandoliniste, par ses délicates interventions, achève de donner cette patte inimitable au son de Gazpacho. Une section rythmique dynamique et sensible : n’en rajoutez plus ! On tient là le futur « groupe qui compte », à n’en point douter.
A ce titre, il est important de souligner la lente mais inexorable ascension de cette bande venue du froid, qu’on aurait pu, à tort, ranger dans la catégorie déjà bien encombrée des « sous Muse », « sous Talk Talk » ou « sous Marillion ». A cet égard, la musique que propose le sextette n’a plus grand chose à voir avec la perpétuelle expulsion adolescente que pratique la troupe de Matthew Bellamy depuis, au moins, quelques albums. Nettement plus fine, plus adulte, la musique de Gazpacho s’avère, au final, franchement plus travaillée même si moins « tape à l’œil ». Comparaison n’étant point raison, sachons apprécier à sa juste valeur cette étoile montante du « rock introspectif et élégant », genre pas si saturé que cela finalement. Un concert qui aura, en de nombreux moments, frôlé l’excellence.