FOCUS : L’ESCOUADE

  Origine : Suisse
Style : chanson française (parfois progressive) de qualité
Formé en : 2007
Composition :
Pierre-Yves Theurillat – chant et textes
Kiko Schnyder – guitares
Samuel Chapuis – basse
Laurent Pétermann – batterie
Stève Fleury – claviers
Dernier album (à paraître) : Confidences de mouches (2009)

La vie fait parfois bien les choses. L’Escouade, nouveau projet de Pierre-Yves Theurillat (Galaad, Pyt) a décidé d’enregistrer son nouvel album, Confidences de mouches, à la Chaux-de-Fonds en Suisse, à quelques mètres du lieu de vie du plus français de nos rédacteurs suisses. L’occasion rêvée de partager le rituel du studio par un après-midi fort sympathique et convivial, qui laisse présager un magnifique premier album dont la sortie est prévue pour les fêtes de Noël.

Quand Pierre-Yves Theurillat a annoncé qu’il viendrait passer l’été à la Chaux-de-Fonds avec L’Escouade afin d’y enregistrer les treize titres qui formeront leur premier disque intitulé Confidences de mouches, l’idée a bien vite germé de profiter de l’aubaine pour réaliser ce reportage sur le vif d’un après-midi en studio, prélude à un long entretien-fleuve avec le chanteur et parolier du projet.

Par téléphone, rendez-vous est pris pour le samedi 8 août en début d’après-midi au Studio Mécanique (nouvellement créé et déjà reconnu du milieu, pléthore de groupes locaux ou non y ont fourbi leurs premières démos ou mis en boîte leurs albums suivants), lieu de travail des cinq comparses qui logent sur les hauteurs de la métropole horlogère (et accessoirement plus haute ville d’Europe). C’est un Pierre-Yves fatigué mais visiblement heureux qui nous accueille afin d’y dévoiler un peu de l’intimité d’une formation en pleine gestation créative. Comme l’avoue bien vite notre hôte, les nuits sont courtes car certaines séances d’enregistrement finissent à l’aube. Cette souplesse leur permet de capter les meilleurs moments, sans contrainte d’horaire ni de finances puisque L’Escouade bénéficie de son propre ingénieur du son, arrangeur et producteur à domicile, le bien connu Claude Kamber, par ailleurs batteur de Galaad en tournée. Ce jour-là manquent Laurent Pétermann et Samuel Chapuis, respectivement à la batterie et à la basse, de retour dans leur Jura bernois, mais leurs pistes respectives sont déjà en mémoire pour la postérité. Le guitariste et le producteur sont donc de corvée en ce moment ensoleillé, alors que la fête bat son plein en ville (La Plage des Six-Pompes, célèbre festival des Arts de la rue).

Pierre-Yves et le claviériste Stève font visiter les lieux et racontent les origines de la formation de cette nouvelle troupe, qui promet de faire parler la poudre tant la qualité de l’ensemble détonne dans le milieu musical francophone trop souvent peu exigeant. Même si les mauvaises langues affirment que L’Escouade rappelle furieusement un nouveau Cabrel, la réalité s’avère heureusement toute autre. Mariant l’exigence d’écriture d’un Alain Bashung ou d’un Christian Décamps (Ange) avec une musique, certes moins complexe que celle de Galaad ou de Marillion, mais proche dans l’esprit d’un certain rock progressif apaisé, le quintette possède tous les atouts pour s’imposer sur la nouvelle scène française. Il ne manquerait ainsi qu’une promotion adéquate et une ouverture d’esprit du public, volontiers passif dès lors qu’il s’agit de découvrir de nouveaux groupes. En revanche, le jury helvète ne s’y est pas trompé en sacrant, l’année passée, L’Escouade médaille d’or de la chanson à Saignelégier (Suisse), leur permettant ainsi de se produire au célèbre Festival du Chant du Gros au Noirmont (Suisse) aux côtés de Keziah Jones et MC Solaar, ainsi qu’en Belgique pour plusieurs concerts d’importance.

En studio, le discret guitariste Kiko rejoue inlassablement les arpèges acoustiques qui apparaîtront sur les titres « Dans la grande herbe du pré (tempo) » et « Bibi » (la « love song » de l’album comme aime à le rappeler le parolier, non sans humour). L’ingénieur du son apparaît comme exigeant et très perfectionniste. Les bribes éparses de musique qui s’échappent des moniteurs font bien vite dresser les poils au garde à vous, ne laissant dès lors planer aucun doute : ce disque risque fort de frapper durablement les esprits. Une musique sobre et épurée qui sert d’écrin aux mots et à la voix de l’inénarrable Pierre-Yves Theurillat, qu’imaginer de plus envoûtant ? Pour les plus impatients, des titres sont à disposition sur le site de la formation. Le vocaliste, quant à lui, chantera en nocturne, quand le soleil se couchera, laissant davantage de place à la sombre luminosité de ses phrases douces amères, dont la majeure partie sont nées à la fin d’une période éprouvante vécue par son auteur.

Malheureusement, faute de place et de temps, la totalité des titres écrits depuis la formation de l’équipe ne trouveront pas leur place sur le disque compact annoncé. Six chansons que le public connait déjà, puisque certaines d’entre elles figurent sur leur page Myspace, sont ainsi écartées au profit d’autres, peut-être plus représentatives de la cohérence du projet d’ensemble.

Il est temps, à présent, de quitter le studio Mécanique, pour un dernier verre à la plage avec Pyt, des discussions, des souvenirs, de l’émotion : la vie. Cet hiver sera chaleureux à n’en point douter. Merci, membres présents et absents, pour toute cette magique simplicité.

Christophe Gigon
Photos de Nathalie Matti

site web : L’Escouade

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