FOCUS : PANOPTICON

  Origine : Belgique
Style : Impro jazz de malade
Formé en : 2006
Composition :
Domenico Solazzo – batterie, percussions, soundscapes, claviers, direction artistique, postproduction, etc.

Projet le plus ambitieux du prolifique Domenico Solazzo, PaNoPTiCoN représente parfaitement le type de pari auquel nous habitue l’artiste depuis plusieurs années : aventureux, jusqu’auboutiste dans sa démarche et parfaitement mélodique dans le cas présent. L’ampleur de l’essai mérite largement qu’on s’y penche plus longuement. A savoir que toutes les surprises créées par cette bande mouvante d’allumés sont accessibles sur Internet.

Les musiciens qui l’accompagnent :
Fred Becker, Lewis Dijkstra, J.J. Duerinckx, François Lourtie, Peter Malfliet, Stéphane Mercier, Bruno Nobi, Daniel Palomo Vinuesa, Jan Rzewski, Rik Staelens, Vincent Stefanutti (saxophones) Jean-Paul Lossignol, Bart Maris (trompette) Géraldine Clement (flûte) Antoine Guenet, Chervin Laporte, Catherine Smet (claviers) Christophe Bouquelle, Pascal Dalmasso, Diego Delgado Lopez, Michel Delville, Michel Dethier, Fabrice Fardelli, Vincenzo Grosso, Benoit Minon, Daniel Wang (guitares) Olivier Catala, Ivan Georgiev, Pierre Mottet, Constantin Papageorgiadis (basse) Pierrot Delor, Daniel Cohen (percussions, batterie) R.E.D.A (platine) Adib Garti (voix)

Qu’est donc PaNoPTiCoN ? Il ne s’agit pas d’un groupe à proprement parler, ni d’un projet d’album, d’un concert ou d’une tournée. Il serait plus pertinent de parler d’un collectif basé sur l’improvisation totale, sous l’égide de Domenico Solazzo. Le but n’est pas d’être novateur ou même original (deux aspects assez souvent recherchés dans la musique de Solazzo), mais de reproduire l’atmosphère jazz électrique des premiers Weather Report, de Return to Forever ou du Miles Davis électrique d’In a Silent Way et Bitches Brew. Les spectateurs sont ainsi conviés à chaque concert à une nouvelle découverte proposée par une formation qui cesse de changer (entre six et douze instrumentistes belges) et qui ne répète jamais !

Domenico Solazzo officie ainsi en tant que chef d’orchestre et ingénieur du son car chaque concert (ou quasi) est enregistré. Evidemment, comme on navigue dans l’improvisation, les musiciens se perdent parfois quelque peu. On peut comparer cela à des vagues : les instrumentistes sont un instant en mode télépathique et à un autre à limite de la rupture. En fonction de la composition de l’orchestre, de l’état d’esprit et de l’inspiration du moment, les styles abordés sont foisonnants et différents.

Il en résulte dix-huit concerts joués à Bruxelles et sa région entre 2007 et 2008, subdivisés en trois saisons, disponibles en téléchargement gratuit sur le site de PaNoPTiCoN. Un dernier concert enregistré au Jazz Marathon de Bruxelles le 29 mai dernier est également accessible. Comment s’orienter parmi plus de vingt heures d’un jazz improvisé de très haute volée ? Domenico Solazzo aime mettre les petits plats dans les grands et propose un double CD au format vinyle replica intitulé PaNoPTiCoN 2007-2008, publié en décembre dernier et regroupe un morceau de quasiment chaque concert de l’ensemble, ce qui permet de se faire une excellente idée de cette hydre, à un prix plus que modique. Chaque concert est notamment disponible en format CD. Chacun est libre ensuite d’aller puiser au hasard de ses envies et de se faire une idée plus précise en fonction du line-up de chaque soirée. Il nous incombe de conseiller les concerts au Zebra Bar (saison une), au Kiekelaar et à la Garcia Lorca (saison deux) qui ont le plus marqué de leur empreinte : aucun moment de faiblesse ou de perdition propres au difficile pari de l’improvisation, jeu compact et surtout très accessible musicalement.

Car ce qui prime à l’écoute de PaNoPTiCoN, c’est la musicalité de l’ensemble. L’expérimentation est réduite à sa portion congrue, comme si un vecteur parvenait à en unifier la musique. Ce vecteur, c’est Domenico Solazzo lui-même qui reste en retrait au milieu de musiciens expérimentés (et techniquement meilleurs que lui), il se contente d’assurer une rythmique « carrée » sur laquelle tout l’ensemble repose. Le fait d’être à la fois aux baguettes et aux manettes (d’enregistrement) empêche certainement la démonstration. Cette retenue de la section rythmique permet dès lors aux autres instruments de s’exprimer en toute liberté aboutissant (souvent) à un résultat digne d’éloge !

Projet le plus ambitieux de l’italo-belge, PaNoPTiCoN n’a pas dit son dernier mot. Outre des concerts d’ores et déjà prévus en octobre, le collectif est entré en studio au mois de juin pour enregistrer des improvisations bien sauvages dont Solazzo espère publier deux doubles albums, intitulés Cycles, d’ici la fin de l’année. L’actualité du sieur ne s’arrête pas là puisqu’il entend rendre public six heures d’enregistrement en compagnie de Daniel Palomo Vinuesa, dont l’idée est de réaliser un double album (encore !) en y greffant des intervenants extérieurs via overdubs. Il prépare également un nouvel album en solo dans une veine instrumentale ambient sous le titre Kino – Soundtrack for Imaginary Movies and Other Random Fantasies ainsi que le remise sur rails d’un nouveau combo metal début juin. Il ne reste plus qu’à espérer que PaNoPTiCoN puisse désormais proposer ses improvisations hors de ses frontières.

Jean-Daniel Kleisl
Photos de William Mauroy
(concert du 30 mai 2008 au Garcia Lorca)

site web : PaNoPTiCoN

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