Karda Estra – Karda Estra

ENTRETIEN : KARDA ESTRA

 

Origine : Royaume-Uni
Style : rock de chambre gothique
Formé en : 1998
Composition actuelle :
Richard Wileman – guitares, basse, claviers, divers…
Ileesha Bailey – voix
Helen Dearnley – violon
Caron Hansford – hautbois, cor anglais
Louise Hirst – trompette
Zoe Josey – flute, saxophone ténor
Dernier album : The Last of the Libertine (2007)

Karda Estra est né il y a dix ans, dans un manoir reculé et de cerné de brume, duquel les villageois n’osent plus s’approcher. Pour ses dix ans, Progressia a retrouvé son géniteur, Richard Wileman, qui a accepté de répondre à quelques questions.

Progressia : Peux-tu nous parler de la genèse de Karda Estra ?
Richard Wileman : J’ai crée Karda Estra juste après avoir terminé mon home studio en 1998. Je me suis libéré des contraintes, celles de devoir acheter du temps en studio, ou faire partie d’un groupe. Je pouvais enfin expérimenter en mélangeant tous types de styles et d’instruments. Cela a été et continue d’être une expérience artistique libératrice.

Quel est le sens du nom Karda Estra ?
Je l’ai emprunté à un chant vaudou dans le film de la Hammer The Plague of the Zombies de 1966.

As-tu joué dans d’autres groupes auparavant ?
J’ai joué dans un groupe avec des camarades d’école, mais nous ne portions pas de nom. C’était aux alentours de 1983-87 et nous n’avons rien réalisé de concret, si ce n’est quelques concerts et demos. Puis j’ai formé Lives and Times, un groupe de type rock pop prog. Nous avons enregistré plusieurs albums, dont un sur le label SI et un autre pour Cyclops. Nous avons fait beaucoup de concerts et il y a eu un certain nombre de changements de personnel entre 1988 et 1997.

Ton écriture est essentiellement classique, comparable à de la musique de chambre, mais elle inclut également des voix et des sons modernes comme de la guitare électrique et des claviers. Dans quel genre peut-on classer ce projet ?
Je continue à me considérer comme un musicien et un compositeur rock qui possède simplement une large palette musicale. Le rock reste mon point de départ et, à part quelques années à prendre des leçons de guitare classique, je perpétue un jeu non-académique et autodidacte. Cela dit, quiconque écoute mon travail sur Karda Estra se rend compte de l’énorme influence classique. En fin de compte, je me vois comme un musicien de prog, pas pour figurer dans une catégorie, mais parce que c’est un état d’esprit. J’écris et j’enregistre en fonction de mon ressenti, indépendamment de l’instrumentation et sans idée préconçue sur les auditeurs potentiels. Mon public est composé de gens qui apprécient le classique, le prog’, les bandes originales de films, l’art rock / pop, tout ce que j’aime moi-même. J’apprécie aussi beaucoup la musique lounge, chill-out et l’easy-listening. Je mélange tout cela dans mon creuset.

Ta musique est très mélancolique voire gothique. D’où te vient ton inspiration, quelles sont tes principales influences ?
La mélancolie vient peut-être du fait que j’aime que ma musique sonne de manière « douce-amère ». Pour moi, l’harmonie et la discorde sont des compagnons de chambrée plutôt que des opposés. Je suis inspiré par les styles que j’ai cités, et l’inspiration non-musicale provient de la littérature gothique (l’album Voivode Dracula par exemple), l’espace (Constellations), le surréalisme… tout ce qui est étrange et merveilleux.

Parle-nous des musiciens qui jouent sur tes disques. Comment les as-tu rencontrés ?
Les musiciens qui ont joué sur mes albums depuis 1998 sont Ileesha Bailey aux voix, Zoe Josey à la flûte, la clarinette et au saxophone alto et ténor, Caron Hansford au hautbois, cor anglais et basson, Helen Dearnley au violon, Louise Hirst à la trompette, Rachel Larkins au violon et violon alto, Michelle Williams à la clarinette, Sarah Higgins au violoncelle, Amy Hedges à la clarinette et au saxophone ténor et Jemima Palfreyman au tuba. Ileesha est ma femme, nous nous sommes rencontrés lorsqu’elle devenue chanteuse pour Lives and Times en 1996. Les autres sont des personnes que j’ai rencontrées localement ou par le travail, la plupart du temps ce sont des professeurs de musique ou des étudiants.

Depuis 1998, tu as publié une dizaine de disques. Quelles sont les différences entre le dernier, The Last of the Libertine, et les précédents ?
Libertine contient peut-être davantage d’éléments rythmiques bien que quelques morceaux sur d’anciens albums sont également plus rythmés. Du point de vue sonore, c’est aussi le seul album de Karda Estra sur lequel on entend de la trompette, ce qui lui confère une atmosphère particulière.

Tu es distribué par Cyclops, mais tu restes indépendant. Est-ce un choix personnel ? L’indépendance est-il le meilleur choix dans l’industrie du disque actuellement ? En tant qu’indépendant, tires-tu profit d’Internet ?
Oui et c’est un choix. J’ai cédé des droits uniquement lorsque j’étais chez SI avec Lives and Times. Actuellement, je suis heureux de détenir les droits sur ma musique mais j’ai besoin de quelqu’un d’autre pour la distribution. Cyclops réalise un gros travail et je pense que ça fonctionne bien. Je ne sais absolument pas si c’est la meilleure solution, ou si je le ferais avec un autre label, il faut traiter les opportunités au cas par cas. En ce qui concerne Internet, je fais aussi la promotion de Karda Estra par ce biais-là, et je vends également des disques par mon site ou d’autres vendeurs en ligne. Cela va des distributeurs de prog jusqu’à des sites comme Amazon. Je propose aussi des mp3 gratuitement.

Je suppose que tu as un « vrai » travail en dehors de Karda Estra, comme de nombreux artistes actuellement. La vente d’un disque te rapporte-t-elle assez pour produire le suivant ? Le téléchargement illégal affecte-il ces ventes ?
J ‘ai effectivement un travail, et je fais de la musique pendant mon temps libre. La vente de disques amortit le plus gros des coûts de production et une partie de la rémunération des musiciens de session. Mais le reste de cette rémunération ainsi que les frais postaux, la promotion, etc. sont pour ma poche. Il est difficile de savoir dans quelle mesure le téléchargement illégal affecte mes ventes car je ne suis pas un gros vendeur. Certains obtiennent probablement ma musique gratuitement et n’achètent donc pas l’album, ce qui ne m’aide évidemment pas à financer mes projets futurs. Mais d’autres utilisent le mp3 pour se faire une idée avant d’acheter, donc le téléchargement peut aussi être utile. Je connais plusieurs labels, distributeurs ou groupes qui rencontrent de plus en plus de difficultés, certains sont en train de couler, d’autres passent en semi-professionnels.

Il semble que Karda Estra soit essentiellement un projet studio. Aimerais-tu néanmoins donner des concerts un jour ?
J’ai donné beaucoup de concerts avec Lives and Times et je suis maintenant plus heureux en composant et en enregistrant. Mais il ne faut jamais dire jamais, cela dépendra des opportunités qui se présenteront.

Tu as composé des bandes originales de films pas le passé. Est-ce une expérience que tu réitéreras ?
Il s’agissait essentiellement de films indépendants à petits budgets. J’ai fait cela aux débuts de Karda Estra pour voir à quoi ce genre de musique pouvait coller. C’était amusant bien que ce soit beaucoup de travail. La plus grande partie de ce que j’ai composé apparaît sur les albums de Karda Estra. Je ne recherche pas spécialement ce genre d’opportunité en ce moment, mais je la prendrai en considération si j’estime que je peux faire du bon travail.

Quels sont tes projets actuels ou futurs ?
Je travaille actuellement sur un nouvel album de Karda Estra pour 2009. J’apporte également ma contribution au prochain album de Spirits Burning.

Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Merci de m’avoir lu ! Si ma musique vous intéresse, jetez un œil sur mon site qui comporte des liens vers un tas de morceaux en écoute ainsi que trois mp3 anniversaire à télécharger gratuitement. Je suis également en train d’ajouter du contenu sur la page Lastfm (http://www.last.fm/music/Karda+Estra). J’y ai récemment chargé le dernier album, Last of the Libertine, qui peut être écouté dans son intégralité.

Propos recueillis par Jean-Philippe Haas

site web : http://www.kardaestra.co.uk/

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