Venturia – Venturia

ENTRETIEN : VENTURIA

 

Origine : France
Style : metal progressif
Formé en : 2006
Composition :
Marc Ferreira – voix
Lydie Robin – voix
Thomas James – basse
Charly Sahona – guitares, programmations
Diego Rapacchietti – batterie
Dernier album : Hybrid (2008)

Charly Sahona, le plus chaheureux des Montpelliérains et ingénieur en chef d’une des plus prometteuses formations françaises, revient en détails sur les plans de son nouveau moteur hybride, tout en argumentant avec brio à propos de l’avis émis lors de notre test chez Progressia.

Progressia : Nul besoin de vous présenter dans nos pages mais des changements ont-ils eu lieu depuis 2006 ?
Charly Sahona :
Absolument pas, la composition du groupe reste la même. Le dernier changement important a eu lieu juste avant l’enregistrement du premier album The New Kingdom. Notre premier chanteur s’était désisté juste avant l’entrée en studio. Marc et Lydie étaient alors arrivés. Un sacré coup de chance ! Nous n’avions rien prévu en ce sens mais ce binôme vocal est devenu depuis la carte d’identité du groupe.

Lydie évoluait-elle déjà dans la musique quand vous l’avez découverte ?
Elle est Française et comme nous tous, intermittente du spectacle. C’est un statut qui nous permet de gagner notre vie bon an mal an. On joue également dans des groupes de de bal variétés.

Vous êtes un groupe international, franco-américano-hélvète. Comment vivez-vous ce grand écart géographique ?
Très bien ! Si Marc habite à New York, Diego en Suisse et nous en France à Montpellier, on se voit tous assez souvent. Quand nous avons besoin de Marc pour un enregistrement ou des dates, il revient des Etats-Unis, où il vit de ses concerts en solo dans les bars. Ainsi, il ne perd ni son temps ni son argent, bien que ce soit une sacrée organisation !

Hybrid marque-t-il une évolution nette par rapport à son prédécesseur ?
Même si l’approche musicale reste semblable, entre pop, metal et technique, il existe une évolution nette au niveau de la composition car les titres ont été, cette fois, arrangés tout spécialement pour Lydie et Marc, ce qui n’était pas le cas pour le premier album. Autre évolution notoire : le son. Nous avons bénéficié d’une bien meilleure production. Nous l’avons enregistré en Suisse, à Délémont, chez Art Sonic Studio. On avait un ingénieur du son incroyable, tant au niveau humain que technique avec lequel nous avons pu expérimenter au niveau du son. Tous ces facteurs parlent finalement d’eux-mêmes.

L’album bénéficie effectivement d’un très bon son, aux antipodes parfois d’autres productions actuelles et françaises. Comment un tel « miracle » a-t-il pu se produire ? (rires)
On s’est donné les moyens d’obtenir un tel résultat. Notre batteur a l’habitude de travailler avec l’ingénieur du son de Art Sonic Studio. Nous avons pris le temps, tout avait été soigneusement préparé et préalablement arrangé.

Si certaines influences restent évidentes, quelle est malgré tout la personnalité unique de Venturia ?
Les deux voix naturellement et que chaque membre provient d’univers très différents. Je suis le seul membre à être branché metal. Nous sommes inspirés par la musique électronique, la pop, la musique classique, la world music, le jazz et le metal. Notre vocabulaire musical est donc étendu. Ceci ajouté à notre versatilité et notre dextérité instrumentale concourt à déterminer un profil assez unique à notre musique.

En ayant placé la barre si haut, n’est-ce pas angoissant pour la suite des événements ?
Non car nous avons de l’énergie à revendre, tellement de choses à exprimer… et de plaisir à promulguer ! Aucun stress ni de pression, nous sommes des éponges, tout nous est utile. Nous ferons par la suite mieux et différent. Si pression il peut y avoir, ce serait de reproduire le son de nos disques sur scène, c’est notre prochain challenge imminent.

Quelles sont tes impressions sur la chronique parue sur Progressia ?
Voici mêmes mes réactions argumentées à tes propos. Tu parles de « compositions guère originales ». Tout dépend de ce que tu appelles « originales ». On fait en sorte que les titres soient forts avec des mélodies « mémorables » car du fait de la complexité de notre jeu et de nos arrangements, si les mélodies étaient par trop alambiquées, notre musique serait très difficilement écoutable. Je pense donc que ce sont les mélodies qui t’ont fait penser à cela. D’autre part, à propos des « influences flagrantes : Dream Theater et Evanescence », je comprendrais si tu pouvais isoler tel et tel passage et le comparer à certains titres de ces deux groupes. Cependant, je ne pense absolument pas que ce soit le cas. Il est toutefois vrai qu’ un groupe de metal dont les musiciens ont de la technique et ne se privent pas pour le montrer sera aussitôt comparé au groupe de Mike Portnoy, tout comme du metal à chant féminin fera toujours penser aux ténors du genre comme Evanescence.

Quel constat faites-vous à propos de l’état du rock en France aujourd’hui ?
Je sais très bien que le rock en France n’a pas très bonne presse et je le regrette. Par contre, je trouve que depuis deux ans, il y a vraiment un élan de grande qualité avec des groupes comme Gojira, Adagio, One Way Mirror et bien d’autres. On peut enfin rivaliser avec d’autres productions européennes, même si tout cela reste assez récent.

Peut-on vivre de sa musique, quand on est un jeune musicien en France, comme c’est ton cas ?
Oui, tout à fait en faisant quelques concessions ! (rires) Nous avons cette grande chance de posséder ce statut d’intermittent du spectacle qui nous permet d’obtenir des indemnités quand on ne travaille pas (NdlR : Pourvu que ça dure, c’est pas gagné…). Il faut néanmoins beaucoup travailler pour en bénéficier ! Il n’existe pas trente-six solutions : il faut faire partie d’un orchestre de variétés, phénomène assez populaire en France. On travaille donc principalement l’été et récoltons nos indemnités pour l’hiver. Celles-ci nous permettent de développer nos projets musicaux. Pour également vivre de sa propre musique, il existe les master class si on est très bon musicien. Mais attention toutefois car ce n’est pas facile !

Vous êtes la preuve que le metal progressif peut être crédible en France. Imaginez-vous prendre le risque, à l’avenir, de chanter dans la langue de Molière ?
C’est totalement exclu et ce, pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il est déjà très difficile de trouver une maison de disques et une distribution mondiale en chantant en anglais. Inutile de faire un desssin si on chante en français… En outre, l’anglais est une langue qui me plaît énormément ! Et on veut que notre musique touche le plus grand public possible !

Une tournée est-elle prévue ?
Il n’est vraiment pas évident pour un petit groupe français comme nous de mettre sur pied une tournée, quand on ne vend pas des milles et des cents. On fera néanmoins un premier concert le 21 novembre 2008 à Paris au Nouveau Casino, suivi vraisemblablement d’une date en Suisse près de Délémont. Nous devrions éventuellement entamer une véritable tournée en 2009.

Pour nos lecteurs guitaristes, quel matériel utilises-tu pour obtenir ce superbe son ?
Je suis un peu embarrassé, (rires) tu vas comprendre pourquoi. Je joue exclusivement sur les guitares Ibanez sept cordes car j’aime les riffs graves. Je suis également sponsorisé pour le matériel numérique de Line 6, une marque remarquable, innovatrice et très pratique… mais je ne te cache pas que l’on a aussi utilisé de « vrais » amplificateurs comme les célèbres Mesa Boogie. (rires) J’ai déjà fait beaucoup de studio et notre ingénieur du son suisse était excellent. J’avais enregistré toutes mes parties de guitare en signal clair chez moi sur mes sessions informatisées Logic Audio. Puis j’ai pris ces fichiers audio en Suisse. Donc, on a gagné énormément de temps. Ces pistes en son clair ont été réinjectées dans les amplificateurs (Mesa Boogie, Line 6 et Orange) pour obtenir ce son chaud. On a ainsi pris le temps de peaufiner le son de guitare.

Avez-vous finalement réalisé votre rêve ?
Oui et non. Nous l’avons atteint en immortalisant sur disque la musique qui nous fait vibrer. Mais l’autre rêve serait d’en vivre ! On va se battre pour partir en tournée et réaliser d’autres albums !

Propos recueillis par Christophe Gigon

site web : http://www.venturiaofficial.com

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