– Prog’Sud 2008

FESTIVAL : PROG’SUD 2008

  Lieu : Jas’Rod, les Pennes-Mirabeau (13)
Date :30 avril, 1, 2 et 3 mai
Photos : Aleks Lézy

La constante de ce festival, outre les groupes de progressif qui y jouent, c’est un vent à décorner les bœufs ! Le Prog’Sud prouve tous les ans qu’il est un rendez-vous incontournable en France pour tous les amateurs du genre. Même s’il est plus rock que metal progressif, le festival ne boude pas son plaisir et ouvre ses portes à un panel toujours très complet de groupes. Le sud-ouest a son festival comme le sud-est a le sien avec le Crescendo : ainsi, il n’y a pas de jaloux et par la même occasion deux fois plus de raisons de s’en reservir une dose.

Mercredi 30 avril – premier soir

On ne change pas une équipe qui gagne. Pour ouvrir le festival, Prog’Sud est donc allé chercher dans les valeurs sûres de son édition précédente.

Fred Schneider
Fred Schneider, le talentueux bassiste du groupe Eclat a la primeur d’ouvrir le festival, tout comme l’année précédente avec son duo Double Face. Connu pour sa qualité de jeu indiscutable, Fred propose une prestation en solo qui ressemble davantage à une clinic session qu’un concert. Le musicien a néanmoins le mérite d’offrir une sympathique entrée en la matière dans cette longue série de quatre soirs de show.

Guillermo Cidès
Après une pause permettant de circuler dans la salle et se rendre aux nombreux stands, c’est au tour de la paire Cushma / Cidès de nous concocter une prestation minimaliste. Cidès au stick Chapman, Cushma au chant, au stick et à la batterie sur un morceau, revisitent des chansons qui ont marqué l’histoire du rock. Leur interprétation permet ainsi à David Bowie, Bob Dylan, Led Zeppelin et d’autres de passer à la moulinette de manière authentique et sincère : une volonté de partager des influences et des goûts avec le public, avec un « Kashmir » en point d’orgue. Guillermo réarrange toutes les parties orchestrales du morceau avec son sampler et Linda, à la John Bonham, s’en donne à cœur joie sur la batterie. Jerry Marotta, batteur émérite (programmé le lendemain en duo avec Cidès) et très lié à la paire, fera une petite apparition solide mais réservée.

Ange
Il n’est plus nécessaire de présenter ce groupe français à la carrière phénoménale. Peut-être l’une des raisons principales du déplacement pour certains. La salle est bondée. Autant de personnes présentes qui démontrent à quel point le festival rencontre toujours plus de succès, sans compter la liberté qu’offre un si long week-end férié. C’est à n’en point douter le pic d’affluence du Prog’Sud depuis sa création. Quel bonheur de revoir Ange sur scène après la tournée du dernier album ! Un groupe remonté à bloc qui propose un large panel de sa discographie pour un long concert et une prestation toujours aussi théâtrale, menée de main de maître par l’inaltérable et inépuisable Christian Décamps. Où puise-t-il une telle énergie ? Le son est propre, le groupe en pleine forme. Un très bon moment.

Cette soirée était également l’occasion de rencontrer Bruno de l’AFSTG, quatre des six membres de Lazuli, et Frank Rivière, l’excellent guitariste de Double Heart Project à son stand de disques et DVD.

Jeudi 1er mai – deuxième soir

La seconde soirée fait donc la part belle à une programmation quasiment instrumentale.

Rosco il est content
On attendait ce groupe déjà l’année précédente mais sa prestation avait été annulée au dernier moment. Avec leur mélange de rock progressif et de jazz rock, les Niçois enchainent les morceaux de manière un peu réservée mais servis par un superbe son. Les compositions font leur effet avec de longues plages énergiques ou plus ambiantes. Les solides qualités instrumentales de ces quatre musiciens permettent de tenir l’assistance en haleine entre soli de guitares de haute volée et changements rythmiques incessants.

Baraka
C’est au tour de Baraka, groupe japonais qui avait mis le feu au Jas’Rod en 2005. Le power trio parait en forme et pourtant, au fil des morceaux qui sonnent toujours autant, on ressent une petite baisse d’énergie par rapport à la fois précédente. Les titres ont été piochés parmi les plus rock permettant au guitariste au jeu toujours aussi impressionnant et au son si personnel et particulier d’époustoufler l’assistance. Le bassiste, et c’est étonnant, ne chantera pas, à notre grand désespoir. Malgré une prestation sympathique Baraka nous laisse un peu sur notre faim.

Guillermo Cidès / Jerry Marotta
Pour finir cette soirée, la paire Cidès/Marotta, après un long changement de plateau pour l’installation de la batterie personnelle du maître, se met en place. Les deux hommes s’apprécient énormément comme ils aiment à le rappeler au public. Cependant, si Guillermo Cidès offre une musicalité abracadabrante en multipliant les couches mélodiques sur son stick (au moyen d’un sampler), Jerry Marotta pourtant très solide sur sa batterie n’impressionne guère, se contentant du minimum syndical. Heureusement qu’il aime à chanter du Genesis comme Peter Gabriel…

Vendredi 2 mai – troisième soir

Le troisième soir fit la différence en surprenant tout le monde avec une programmation à contre-courant voire inattendue.

Sauvages Organismes Sonores
Sauvages Organismes Sonores (SOS) est l’OVNI de ce festival. Ce quatuor original avec ses costumes et ses instruments bizarres propose un univers particulier où les sons en tous genres s’affolent et tourbillonnent sans cesse. Cette recherche sonore explore, malaxe et détruit pour reconstruire en finesse les ondes. Une prestation savante qui aime à secouer les costumes et les instruments venus d’autres planètes. Un moment à part !

Interpose+
Interpose+ nous avait séduits avec son disque Indifferent (lire la chronique sur nos pages) et c’est donc avec plaisir que ce groupe japonais est accueilli. Comme la plupart des groupes nippons, la prestation est timide mais solide avec entre autre le bassiste de KBB Dani. Sayori au chant à du mal à démarrer le concert, sa voix ne suit pas du tout. Il faudra quelques morceaux pour décoincer ces petits réglages et c’est à la fin avec l’excellent morceau « Rosetta » et le rappel « ALIVE », qu’on pourra le mieux apprécier la fraicheur de cette jeune formation. Sa bonne humeur et sa joie de jouer en France sont tellement palpables qu’on en oublie les petits détails fâcheux.

Myrath
Le groupe tunisien Myrath (produit par le claviériste d’Adagio Kevin Codfert), seule formation metal du festival, était attendu en grande pompe. Malgré un metal progressif teinté d’influences arabes et bien ficelé, on a senti le public peu conquis. Un son trop brouillon, gonflé par la double grosse caisse et la basse masquant une guitare saturée bien trop peu perceptible. Myrath impressionne tout de même par une grande technique et une présence incontestable.

Trettioariga Kriget
Trettioariga Kriget est ce fameux groupe suédois précurseur d’un rock progressif scandinave typique des années soixante-dix. Malgré des musiciens plus tout jeunes, le groupe offre une superbe prestation, solide et efficace. Leur musique emplie de superbes mélodies, convainc et le chant vraiment très agréable reste fidèle à celui des albums. Voilà un ensemble mûr qui conserve une authenticité et une intégrité du rock progressif sans conteste respectable.

Samedi 3 mai – quatrième soir

Pour clore le festival, le Prog’Sud regroupe sur la même affiche trois groupes qui connaissent aujourd’hui un certain succès dans le monde du progressif. Dans cette course contre la montre pour faire jouer le plus grand nombre de formations, voici une soirée de grand prestige.

Dawn
Tout droit venus de Suisse, nos quatre amis de Dawn montent sur scène un à un et créent rapidement une atmosphère pesante et intense. Les musiciens paraissent sûrs d’eux et leur musique aussi conventionnelle qu’elle puisse être rend vraiment bien en live. L’énergie du disque est encore plus palpable et les morceaux pourtant longs défilent à vue de nez. Leur prestation présente ici une autre facette du son « vintage » et des mélodies à la saveur désuète du premier album du groupe Loneliness.

La Maschera di Cera
En trois albums, ce groupe a su proposer un rock progressif typique du mouvement italien des années soixante-dix. Très théâtral, le chanteur fait preuve d’une énergie débordante. Le flûtiste dévoile des sonorités insoupçonnées tandis que le son général du groupe surprend par sa densité et sa modernité. Le chant en italien est un atout considérable pour la fluidité du débit et le jeu de scène d’Alessandro Corvaglia charme par sa présence redoutable.

KBB
Pour conclure ce festival, le Prog’Sud a fait appel au groupe japonais qui monte, j’ai nommé KBB. Composé de quatre musiciens, il propose un rock progressif instrumental mêlant aisément technique, virtuosité et mélodie. Le violon électrique remplace en quelque sorte le rôle de la guitare, ce qui ne l’empêche pas de virevolter dans tous les sens tel un leader soliste. Tout est très rapide, les notes s’enchaînent avec énergie. Comme sur les disques, il faut s’accrocher pour apprécier ses sonorités aigues qui galvanisent un peu les tympans au bout de quelques morceaux. Cependant, on sent que les musiciens de KBB prennent énormément de plaisir à jouer et l’énergie se propage dans la salle. Une prestation bien en place, si ce n’est brillante.

Conclusion, en forme de bilan
Les festivals progressifs semblent avoir tendance à se développer actuellement. Cela ne doit pas minimiser le rôle prépondérant que joue le Prog’Sud en France et dans la région du sud-est. L’événement est devenu un rendez-vous incontournable de la vie culturelle locale. L’ensemble de l’équipe fait de plus en plus un travail remarquable, faisant montre de professionnalisme, ce qui contribue au bon esprit du festival et signe ainsi une certaine marque de fabrique. Ce qui frappe pour cette édition est le son incroyable dont ont bénéficié l’ensemble des groupes. L’affiche de l’édition 2008 était d’une qualité certaine même si l’on s’interroge toujours sur la pertinence du choix de certaines formations, comme celles que l’on commence à voir un peu trop. Toutefois, le but est atteint : rassembler le plus grand nombre de spectateurs pour découvrir ou redécouvrir un genre musical que l’on croyait perdu il y a quelques années. Le festival Prog’Sud prouve ainsi le contraire.

Aleks Lézy

site web : http://progsudfestival.nuxit.net

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