Biffy Clyro – Biffy Clyro

ENTRETIEN : BIFFY CLYRO

  Origine : Ecosse
Style : Pop progressive
Formé en : 1995
Composition actuelle:
Simon Neil – Chant, guitare
James Johnston – Basse, Chant
Ben Johnston – Batterie, Chant
Dernier album : Puzzle (2007)

Après quelques timides apparitions dans nos pages, Biffy Clyro a enfin droit à une entrevue en bonne et due forme à l’occasion de la sortie de Puzzle et de leur concert au Rock en Seine. Discussion à bâtons rompus avec les jumeaux Johnston, qui forment la section rythmique du trio.

Progressia : Bonjour les frangins. Tout d’abord, pouvez-vous nous rappeler brièvement l’histoire de Biffy Clyro avant Infinity Land?
J. Johnston (Basse)
: Nous avons débuté en 2000, en sortant un premier EP sur un petit label de Glasgow, et avons réussi à en vendre un millier. Ce label a ensuite été liquidé, et nous en avons alors rejoint un plus gros: Beggars Banquet, sur lequel nous avons sorti Blackened Sky en 2002, The Vertigo of Bliss en 2003 et enfin Infinity Land en 2005. Durant cette période, nous avons écumé la Grande Bretagne, et un peu l’Europe : ce fut une période très enrichissante, qui nous a permis de construire peu à peu une base de fans.

Sur Infinity Land, vous aviez des influences musicales diverses et nombreuses. Quelles sont-elles?
B. Johnston (Batterie)
: Cela pourrait être tout et n’importe quoi, de Weezer à Rush. Tout ce qui possède à la fois de bonnes mélodies et une structure solide, comme Weezer, mais aussi des musiques plus folles, comme Rush ou The Mars Volta. Dès lors qu’on retrouve un peu de ces deux ingrédients, il est probable que cela nous plaise et donc nous influence.

De même, l’album était presque schizophrène, en mélangeant des moments très pop avec d’autres beaucoup plus épicés, souvent sur un seul et même titre…
J. Johnston (Basse)
: Absolument, et c’est lié à ta première question. Nous voulons éviter tout ce qui peut lasser, et pour cela, il fallait avoir une facette qui intrigue et mette à l’épreuve les auditeurs. Nous avons donc combiné nos influences pour attirer l’attention. Et c’est le meilleur moyen d’être clair sur ce que l’on veut atteindre musicalement.

En le comparant avec Puzzle, pensez-vous, avec le recul, être allé « trop loin » dans la complexité avec Infinity Land ?
B. Johnston (Batterie)
: Non, je ne crois pas. Certes, il s’est pas aussi bien vendu que ce que l’on aurait pu espérer; c’est peut-être parce que nous sommes allés « trop loin » pour certains, mais nous n’écrivons jamais dans le but d’avoir un succès commercial. Notre seule intention est d’écrire de la musique qui nous plaise : nous sommes toujours fiers d’ Infinity Land, et n’avons aucun regret par rapport à ce disque. Sur le nouvel album, il est évident que nous avons d’autres influences et que la musique s’est calmée, mais je dirais juste que c’est en réaction au précédent, qui était très complexe. A l’inverse, cette nouvelle orientation est aussi un moyen de surprendre ceux qui nous apprécient depuis Infinity Land.

Avant d’en venir à , qu’est ce qui explique ce hiatus de deux ans et demi entre vos deux dernières oeuvres?
J. Johnston (Basse)
: On ne peut pas vraiment parler d’un hiatus, car nous avons énormément travaillé. Tout d’abord, nous avons changé de label, en passant de Beggars à Warner et je peux te dire qu’en termes de courriers et d’échanges d’avocats, cela nous a pris un temps fou. Mais nous avons continué à écrire, et à préparer nos nouvelles compositions, et je crois que cela nous a permis d’avoir plus de certitudes sur ces chansons, quelque chose que nous n’avions pas eu lors des précédents albums. Nous avons pu nous pencher sur les arrangements, sur la production, pour obtenir un résultat aussi fort que possible, plutôt que d’enregistrer dans l’urgence des titres à peine écrits. Ce fut donc une période aussi frustrante que productive, et Puzzle en est le résultat.

Le nouvel album se vend remarquablement bien. Qu’est ce qui a fait la différence cette fois ?
J. Johnston (Basse)
: Nous avons toujours cru en nous et dans le fait qu’en travaillant dur, de plus en plus de personnes se rallieraient à notre musique. Nous avons toujours eu foi dans « l’effet boule de neige », les premières parties, les salles de concert de plus en plus grandes… . Les gens ont peut-être fini par nous laisser notre chance, par comprendre où nous voulions en venir. Honnêtement, ta question est très difficile, et la seule chose que l’on puisse dire est que nous sommes ravis que cela nous arrive maintenant: vendre plus d’albums, nous produire devant plus de monde.

Une de vos marques de fabrique est la concision de vos morceaux, quitte à les bourrer d’idées et de plans en tous genres. Est-ce que pourriez composer un jour des titres plus longs, plus épiques?
B. Johnston (Batterie)
: Absolument. Par le passé, nous avions déjà composé des titres plus longs, et nous le ferons sans doute encore dans le futur. Sur le nouvel album, nous avons vraiment mis l’accent sur la concision, sur la « perfection sur 3 minutes ». Nous ne fermons certainement pas la porte sur ce que nous pourrions faire sur nos prochains disques, comme par exemple produire un prochain album totalement barré.

Même si Simon Neil est crédité comme étant le compositeur exclusif des morceaux, au vu des interactions existant entre vous, on se doute qu’il y a un apport de chacun aux morceaux. Quel est-il, et s’agit-il par exemple d’improvisations sur la base des compositions de Simon ?
B. Johnston (Batterie)
: Je ne pense pas qu’il s’agisse à proprement parler d’improvisations: elles sont peu nombreuses. Notre apport réside plus dans les structures des titres, plutôt que sur la répétition des compositions de Simon. Nous jouons ensemble depuis si longtemps: nous travaillons un peu comme sur un livre ouvert, à l’instinct. Et il est certain que nous adorons tellement ce que Simon écrit que cela simplifie aussi les choses.

Une autre évolution est l’abandon des vocaux hurlés. Seront-ils à nouveau présents dans le futur ou bien les avez-vous totalement abandonnés?
B. Johnston (Batterie)
: Ce qui certain, c’est que nous ne nous sentons obligés en rien de suivre ce que nous avons fait sur le disque précédent. Pour Puzzle, les vocaux hurlées ne s’inscrivaient clairement pas dans le contexte apaisé des titres, mais je ne vois pas pourquoi cela impliquerait que nous les ayons définitivement abandonnés.

Quel concept se cache derrière Puzzle et sa magnifique pochette?
J. Johnston (Basse)
: Il n’y a pas de concept en tant que tel, mais les paroles des chansons abordent des thèmes communs. Plus précisément, elles traitent de ce qui est arrivé dans nos vies, ces dernières années. Les illustrations sont très précisément raccordées aux paroles: je pense qu’on peut ainsi bien saisir les idées derrière l’album. C’est sans aucun doute notre disque le plus personnel, avec beaucoup de paroles à la première personne, des références à des expériences qui nous sont arrivées. Cela en a fait un disque plus difficile à écrire, mais encore plus honnête que ce que nous avions écrit auparavant.

Quelle était votre idée derrière la série de titres: « 2/15ths – 4/15ths -9/15ths »?
J. Johnston (Basse)
: En fait, nous sommes partis du titre « 9/15ths »; nous voulions ajouter des parties, en aval et en amont. Et, à un moment, nous nous sommes aperçus que plutôt que de les assembler, nous pourrions les disséminer tout au long du disque, afin de permettre de donner une sorte de cohérence d’ensemble pour arriver à « 15/15ths ».

Quel fut l’apport de Garth Richardson en temps que producteur?
B. Johnston (Batterie)
: Chris Sheldon [NDJ : leur précédent producteur] et Garth Richardson n’ont pas eu beaucoup d’influences sur la musique à proprement parler, surtout que pour Puzzle, nous avions eu deux ans pour peaufiner les compositions. Mais Garth nous a fait travailler dur pour faire resortir le meilleur de nous et de notre interprétation. Et, plus que tout, il a ajouté une dynamique au son du groupe, ce qui n’est pas étonnant lorsque l’on sait qu’il était derrière les manettes pour des groupes comme Rage Against the Machine ou Kerbdog, que nous adorons.

Et comment en êtes-vous arrivé à travailler avec Graeme Revell [NDJ : compositeur de bandes originales de films, tels Sin City] pour les arrangements de chœurs et de cordes?
B. Johnston (Batterie)
: Nous avions adoré son travail sur Sin City; nous avons donc contacté notre maison de disques pour lui demander s’il serait intéressé par l’idée de travailler avec nous. Le reste est un coup de chance : il a aimé notre musique et a accepté. Je ne crois pas qu’il travaille avec beaucoup de groupes: c’est donc un honneur de l’avoir eu parmi nous et d’avoir pu le laisser arranger notre musique. En fait, nous lui avons envoyé les titres, l’avons laissé travailler ses idées aux claviers pour qu’il les enregistre et nous les envoie. Lorsqu’il a enregistré avec l’orchestre, nous étions à New York et lui à Seattle; nous écoutions les parties à travers un téléphone sur haut-parleur, donc c’était drôle, mais assez bizarre !

Vous ne l’avez donc jamais rencontré en personne !?
B. Johnston (Batterie)
: Exactement ! Nous étions juste pendus au téléphone à hurler « Ne le jouez pas comme ci, jouez le comme ça ! » aux musiciens et aux chœurs (rires) !

Un album contenant vos « B-Sides » sortira chez votre ancien label, Beggars, à l’automne (Les deux jumeaux nous regardent alors d’un air éberlué, et visiblement pas au courant…?)
J. Johnston (Basse)
: Ah vraiment ?!

oui… ma questions était « intervenez-vous sur ce projet ? », mais je suppose que vous venez d’y répondre ! (rires)
J. Johnston (Basse)
: En effet, nous n’avons absolument pas été consultés, et ce projet n’a pas été initié par nous. Nous nous doutions que cela arriverait, surtout que nous avons enregistré beaucoup de Faces B… . Je suppose que nos fans l’apprécieront !

Les Faces B en question sont nombreuses et de qualité chez Biffy Clyro. Comment faites-vous d’un titre une Face A ou B?
B. Johnston (Batterie)
: C’est vrai qu’on pourrait en faire un très bon album, je pense ! Mais ce qui distingue les deux catégories, c’est clairement l’atmosphère du disque : sincèrement, nous avons jamais considéré qu’une Face B était un titre moins fort qu’une Face A… .

De même, y a-t-il une raison particulière expliquant pourquoi le groupe sort autant de singles : pas moins de quatre pour Puzzle, sorti il y a quelques mois à peine !
J. Johnston (Basse)
: C’est vrai que l’on a fait fort sur ce coup ! En fait, si cela ne tenait qu’à nous, nous n’en sortirions aucun et travaillerions comme au temps de Led Zeppelin, où l’on sortait un album complet sans aucun single. Mais nous comprenons aussi la position du label qui veut en sortir le plus possible, augmenter l’exposition médiatique du groupe et le faire entendre auprès du public le plus large. Je crois cependant qu’on ne vole pas les fans, car on essaie de proposer un ensemble avec un certain nombre de titres inédits, des illustrations qui collent avec celles de l’album et qui font de ces singles de vraies extensions du disque principal. De notre côté, nous n’achetons jamais de singles d’autres groupes: cela ne nous intéresse pas. Mais nous comprenons que cela puisse être le cas, et voulons donc absolument que, quitte à en acheter un, un fan achète de nouveaux morceaux. On compose avec l’industrie musicale, et les règles des radios…

Comment vous positionnez-vous au sein de cette scène « new-prog » composée de groupes indépendants tels qu’Oceansize, Pure Reason Revolution, Immune, Amplifier?
J. Johnston (Basse)
: Je ne sais pas si l’on fait complètement partie de cette scène, peut- être sommes-nous un peu plus pop que les groupes que tu as cités. Mais nous adorons la musique progressive et c’est un vrai compliment pour nous d’utiliser ce terme pour qualifier le groupe. On pourrait aussi dire que nous sommes un groupe « metal », « émo » ou « indie »… . Les formations que tu as citées sont toutes excellentes et, même si nos titres sont assez courts, nous pourrions sans doute développer plus nos idées. Cela ferait des titres plus longs qui rentreraient dans la catégorie progressive… .

Vous avez ouvert cet été pour Muse, Red Hot Chili Peppers, les Stones et les Who (rien que ça !)! Quelle fut votre expérience la plus marquante parmi ces quatre évènements?
J. Johnston (Basse)
: Sans conteste Muse au Parc des Princes. Nous avons pris un avion privé pour Paris, juste pour 4 morceaux ! Mais l’accueil du public a été incroyable. Nous n’avons pas joué souvent à Paris; ce fut peut-être notre meilleur concert. Et quel honneur d’être invité par Muse !

Celtic ou Glasgow Rangers? (rires)
J. Johnston (Basse)
: Aucun des deux ! On supporte Ayr [NDJ: leur ville natale].

Propos recueillis par Djul

site web : http://www.biffyclyro.com

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