Origine : Canada
Style : Jazz-rock, fusion progressive et mélodique
Formé en : 2001
Composition :
Mingan Sauriol : claviers
Dominique Blouin : basse
Simon L’Espérance : guitare
Thomas Brodeur : batterie
Dernier album : Sphère (2004)

L’entretien qui va suivre répond à la demande du groupe après qu’il ait lu sur le site de Progressia la chronique enthousiaste dévolue à leur étonnant et excellent premier album, Sphère. Ce dernier s’attire en effet, depuis sa parution, les faveurs des critiques et des mélomanes qui ont la chance de le découvrir. Dans ce contexte, la mention sur leur site Internet d’un prochain disque dont la sortie pourrait s’avérer imminente ne peut que susciter l’émoi et l’intérêt! C’est donc avec plaisir et avidité que nous allons essayer d’en apprendre plus sur ces quatre canadiens et sur leur nouveau bébé avec un Dominique Blouin enjoué pour répondre à nos questions.

Progressia : Pour commencer, pourriez-vous vous présenter un peu pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas? 
Dominique Blouin:
Bonjour, c’est un plaisir de participer à cette entrevue. Karcius est un groupe de musique instrumentale de Montréal créé sous l’impulsions de quatre musiciens passionnés qui existe depuis cinq ans: Dominique Blouin à la basse, Thomas Brodeur aux percussions, Simon L’espérance à la guitare et Mingan Sauriol aux claviers.

Karcius, c’est une activité à plein temps?
Malheureusement, bien qu’il s’agisse d’un projet sérieux, nous n’avons pas la chance de nous y consacrer à temps plein, car nous étudions et travaillons tous. L’idéal serait bien sûr de pouvoir faire de Karcius notre principale activité, mais il est extrêmement difficile d’y arriver dans un monde musical aussi restreint, surtout au Québec. Cependant, Simon consacre à l’heure actuelle beaucoup de temps en studio pour la préparation du prochain album qui devrait être plus que satisfaisant. 

Ce n’est sûrement pas la première fois que l’on vous demande la provenance du motKarcius. Quelle est-elle?
L’imagination, voici la provenance de ce joli mot. Il symbolise l’union des quatre musiciens que nous sommes et représente leur univers chargé de rythmes, de couleurs, d’images, d’ambiances et d’émotions. Ce n’est pas un mot que trouvera dans le dictionnaire. Toutefois, nous avons pu constater ultérieurement qu’il s’agissait d’un prénom d’origine latine. 

Sphère est un véritable creuset d’influences dont il est assez difficile de remonter toutes les pistes. Quels sont les artistes qui vous inspirent?
Ce serait un exercice ardu que d’énumérer maintenant nos sources d’inspirations très variées. Donnez-nous quelques jours et nous vous posterons cinq pages pleines de références provenant du rock, du jazz, du funk, des musiques du monde, du métal, du classique, du blues, sans oublier les musiques progressives, la fusion et les autres inclassables. Il est évident que nous admirons certains musiciens en particulier, mais là encore, ils sont nombreux et issus de différents milieux. Bref, nous écoutons beaucoup de musique et chacun de nous a ses préférences personnelles. En gros, nous transformons ces influences en créant notre propre musique, en interprétant le tout de manière très personnelle et en évitant par-dessus tout de tomber dans les clichés et la copie. Notre musique est heavy sans être metal, certainement rock mais aussi jazzy, puis enfin, à la fois écrite et improvisée. Nous proposons un voyage à l’auditeur qui se fraye ainsi un chemin en fonction de ses perceptions et sentiments propres. 

Y a-t-il des artistes canadiens qui vous ont particulièrement influencés ou qui continuent à le faire?
Bien sûr, notons Roch Voisine et Céline Dion pour ne nommer que ces artistes admirables. Dans un autre ordre d’idée, il serait peut-être plus pertinent de mentionner RUSH qui n’est pas trop mal non plus… (grosse crise de rire)

Votre site Internet témoigne d’une actualité très riche. Quels sont en quelques lignes les événements marquants et les réussites pour Karcius en ce début d’année 2006?
Le début de l’année 2006 correspond à la finalisation de notre prochain album qui verra le jour au printemps. Nous attendons ce moment avec impatience car nous sommes déjà très satisfaits de notre travail, en tout point supérieur à notre premier disque. Nous venons aussi de signer un contrat avec UNICORN Digital pour la réédition de Sphère qui subit pour l’occasion une remasterisation et voit sa pochette légèrement modifiée. Le concert donné à cette occasion a d’ailleurs été très favorablement perçu.

Cette signature d’un contrat avec la maison de disque UNICORN Digital est toute récente. Faut-il se réjouir d’une telle nouvelle? Quelles en sont les implications?
Bien sûr qu’il faut s’en réjouir! Nous produisons et réalisons nous-mêmes le prochain album, mais cette maison de disque nous permettra d’obtenir une distribution performante dans plusieurs pays, notamment européens, et la France fera partie des territoires ciblés. Grâce à eux, nous allons également bénéficier d’une meilleure publicité dans le monde du progressif, ce qui est bien sûr primordial pour nous!

En quoi votre musique rejoint-elle celle des groupes de chez UNICORN Digital ? Que pensez-vous apporter de spécial à leur catalogue?
Nous devons avouer que nous ne nous identifions pas énormément aux autres groupes de l’étiquette en question, malgré quelques rapprochements possibles avec certaines formations instrumentales. En effet, notre but est de créer un son bien à nous qui laisse place à une certaine originalité. Nous pensons donc apporter une nouvelle saveur et une vision différente à ce qu’on appelle le rock progressif. De plus, nous désirons accueillir un nouveau public, plus jeune, qui se fera une idée plus positive de ce vaste style musical qui rend toutes les audaces possibles, mais qui est malheureusement énormément décrié de nos jours. Si l’on jette un oeil sur la liste des artistes qui composent cette maison de disque, on constate que peu mettent autant l’accent que vous sur l’instrumental. Regrettez-vous l’absence de chant dans Karcius?
Nous vous invitons à découvrir davantage les artistes de cette maison de disque car vous serez surpris de constater qu’elle présente tout de même quelques artistes qui se consacrent essentiellement à la musique instrumentale, mais d’une façon autre bien sûr. En ce qui nous concerne, nous avons déjà envisagé l’idée d’intégrer de la voix à notre musique dans le passé, mais nous sommes finalement restés fidèles à l’instrumental par conviction et espérons participer à notre manière à l’essor de ce style perçu plutôt défavorablement à l’heure actuelle. 

Vous en êtes bien conscient… vous annoncez un nouvel album pour bientôt… nous voulons des infos et nous allons vous harceler (rires)! Que pouvez-vous dévoiler à son propos?
Ce sera un album qui vous fera voyager dans un univers musical varié, dans lequel vous aurez l’occasion de vous laisser bercer par de belles mélodies par moments ou de recevoir une belle claque en pleine figure à d’autres. Nous pensons qu’il plaira à un large public et qu’il fera positivement jaser ! 

Une place importante a été accordée, dans Sphère, à ces sons éthérés et polyphoniques qui entrent en contrepoint direct à certains moments avec des guitares au son crunchy et des rythmiques très syncopées. Pensez-vous réemployer cette recette ou nous préparez-vous de petites surprises?
Nous préparons certainement quelques surprises. Toutefois, bien que notre façon de composer ait beaucoup évolué, nous reprendrons certaines idées qui rappellent quelques pièces deSphère, mais d’une façon un peu différente. Les opposés seront plus extrêmes cette fois. L’interprétation est plus solide, le ‘feeling’ est plus pur, tout en laissant place à une agressivité plus rigoureuse et à des grooves plus joyeux qui cèdent parfois à des passages techniques, mais ressentis. Tous ceux qui ont aimé Sphère adoreront notre prochain album, nous sommes confiants ! 

Pour terminer, vous vivez dans une région francophone du Canada, ce qui ne peut que nous réjouir. Entretenez-vous des liens particuliers avec la France et est-il question d’une tournée en Europe dans un futur proche?
Les liens ne se sont pas encore très développés avec les cousins français, mais la question d’une tournée européenne n’est qu’une question de temps. Dès l’an prochain, nous aimerions beaucoup faire quelques concerts en France et ailleurs en Europe. Nous prendrons sérieusement les offres en considération, mais nous devrons recevoir un minimum de financement pour rendre la chose possible. Notre but ultime est de nous révéler sur la scène internationale, rien de moins. Nous savons que notre musique sera très bien accueillie dans certains pays et nous sommes réalistes par rapport à la situation difficile au Québec : l’obtention d’un large public y est extrêmement ardue. Heureusement les membres de ProgMontréal, de ProgQuébec et de UNICORN Digital sont dévoués à la cause de la musique progressive dans notre région et les choses sont en train de changer. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de participer à la première édition du FMPM (Festival des Musiques Progressives de Montréal) vers la fin de l’été. En fait, tout ne fait que commencer pour notre jeune formation et l’avenir s’annonce radieux et tumultueux!