Shadow Gallery – Shadow Gallery

ENTRETIEN : SHADOW GALLERY

 

Origine : Etats-Unis
Style : Metal Progressif
Formé en : 1985
Line-up :
Mike Baker – chant
Brendt Allman – guitare & chœurs
Gary Wehrkamp – guitare, claviers & chœurs
Carl Cadden-James – basse, flûte et chœurs
Chris Ingles – claviers
Joe Nevolo – batterie
Discographie :
Shadow Gallery (1992)
Carved In Stone (1995)
Tyranny (1998)< Legacy (2001)
Room V (2005)

Shadow Gallery sait susciter l’intérêt ! L’attente fut longue, près de quatre ans depuis un Legacy au goût doux-amer. Mais les Américains sont enfin sortis de leur hibernation et nous soumettent en direct de la Galerie des Ombres, Room V, leur dernière création, la première à sortir chez leur nouveau label Inside Out. C’est un Gary Wehrkamp enthousiaste, qui nous a servi de guide afin de mieux percer le mystérieux secret de la chambre 5.

Progressia : le moins que l’on puisse dire est que Shadow Gallery aime se faire désirer… Voilà quatre ans qu’on n’avait pas eu de nouvelles !
Gary Wehrkamp
: Pour nous aussi, ça commençait à faire long (Rires) ! Plus sérieusement, nous avons hélas d’autres priorités à part Shadow Gallery, nos boulots, nos familles, et il est dur de pouvoir tout concilier. C’est l’une des raisons de ce long silence radio. Sur un plan plus musical, nous avons également beaucoup travaillé à travers notre implication dans divers projets parallèles. A la même époque que Legacy, nous avions pris part aux projets de Trent Gardner Leonardo – The Absolute Man, et le deuxième volet de l’Explorers Club. Mike (Baker) et moi-même avons aussi pris part au dernier album d’Ayreon The Human Equation. Après cela, nous sommes rentrés en contact avec Inside Out et il a fallu du temps pour que les choses se mettent en place. Une fois tout en ordre, nous avons commencé à plancher sur notre nouvel album.

Room V est présenté comme étant la suite de Tyranny Or, la dernière fois que nous nous sommes parlés (NdR : cela remonte au numéro 18 de Progressia version papier) tu avais dit ne pas vouloir donner une suite à cet album. Pourquoi être alors revenu sur cette décision ?
Tout simplement parce que c’était une question de timing. Nous venions de finir Tyranny et voulions faire quelque chose de différent, pas forcément donner immédiatement une fin à l’histoire, mais couper un peu en faisant un album non conceptuel avec Legacy. L’idée première était la suivante : nous voulions juste nous réduire à quelques titres sur lesquels nous continuerions l’histoire. Et durant la composition et l’enregistrement des démos, on s’est dit que ce serait mieux d’y consacrer un album entier et cela a donc donné naissance aux actes III et IV. .

Sur votre site officiel, vous avez mis en ligne des bandes-annonce sur lesquelles on peut entendre des extraits de Room V. Bien entendu il est difficile de se faire une idée de la couleur générale de l’album après quelques secondes seulement, mais avez-vous tout de même eu des réactions en rapport a ces « cadeaux » faits aux fans ?
Tout d’abord nous tenions a faire quelque chose de nouveau pour nous mais aussi pour les fans. Les gens de D’Images on fait un boulot formidable parce que nous étions très préssés. Pour nous c’est la première fois que les gens ont un avant-goût de ce que sera notre prochain disque tant d’un point de vue audio que visuel. Les réactions ont été très bonnes. L’idée derrière les bandes annonces, était de réveiller la curiosité et l’intérêt des fans

On se souvient que tu avais composé la quasi totalité de Legacy ? Est-ce que cela fut le cas à nouveau pour ce disque ou au contraire est-ce un effort collégial ?
Chaque album que l’on fait résulte d’un travail de groupe. Nous sommes tous compositeurs et nous faisons cohabiter nos idées. La situation à l’époque de Legacy était la suivante : j’avais écrit plus de matériel que les autres, et nous avons décidé d’un commun accord d’utiliser ce que j’avais écris plutôt que de prendre plus de temps à essayer d’inclure le matériel de Brendt, Chris ou Carl. Evidemment ce n’était pas intentionnel, mais j’étais plus inspiré qu’eux. Pour Room V, l’accent était mis sur le résultat d’un travail collectif et l’enthousiasme et la motivation étaient bel et bien présents !

Cet album est très chargé en guitares. A l’écouter il semblerait que Brendt et toi vous en soyez donnés a cœur joie !
Absolument et c’est une réaction qui me fait très plaisir. Brendt et moi avions déjà composé ensemble auparavant mais pas tant que ça. Brendt a souvent composé en binôme avec Chris, tandis que moi je compose le plus souvent en solo ou avec Carl et Mike, c’est ce qui est souvent arrivé par le passé. Cette fois-ci, Brendt et moi nous sommes vraiment rapprochés. On a travaillé ensemble dans la même pièce, à composer, peaufiner les titres. C’était très rafraîchissant, je suis très content de la tournure que ça a pris et j’espère que nous collaborerons plus ensemble par la suite parce qu’il y a des choses intéressantes et nouvelles dans cette collaboration.

En parlant de choses intéressantes et nouvelles, comment décris-tu l’évolution entre Legacy et ce nouvel album ?
D’un point de vue stylistique, je ne sais pas si on peut vraiment parler d’une évolution. Néanmoins je pense que ce disque est bien plus mature que ses prédécesseurs.

On sait que vous êtes des fans immodérés de Queen, Rush et Pink Floyd et on l’entend dans votre musique. Pourquoi ne pas avoir essayé d’y inclure de nouveaux éléments comme des thèmes orientaux ou autres par exemple ? A vrai dire y avez-vous songé ?
Je ne pense pas que ce soit si intentionnel. Shadow Gallery est représentatif d’un style musical bien spécifique qui s’inspire en partie des groupes que tu as mentionnés et que nous avons choisi de créer. Je ne suis pas du tout contre l’idée d’inclure quelques nouveautés, pourquoi pas ? Bien sûr, si à l’avenir nous décidons d’explorer de nouveaux horizons musicaux, on ne se privera pas de les inclure dans notre musique. Ca risque d’être un peu compliqué mais on pourra toujours essayer. Je risque de te surprendre en te disant qu’on écoute tout et n’importe quoi, en allant du Top 50 à du Mozart en passant par Kate Bush et Type O Negative, tu pourrais entendre un peu de tout cela, mais ça ne forme pas la base de notre style. Petit à petit nous essaierons sans doute d’élargir notre champ d’actions.

Peux-tu nous rappeler brièvement les grandes lignes de l’histoire racontée dans Room V ?
Bien sur : j’imagine qu’en n’ayant pas les paroles sous les yeux ce n’est pas facile à ingérer (Rires). Comme tu le sais, nous reprenons sur ce disque, l’endroit où l’histoire s’est arrêtée sur Tyranny. Considérons le début de l’album comme un rappel. Les deux personnages principaux sont traqués. Il s’étaient rencontrés virtuellement sur internet et la vraie rencontre a lieu précisément lieu le jour de Noël en Alaska. Ils essaient de tirer un trait sur leurs passés respectifs et sur leurs implications professionnelles dans les milieux politique, scientifique et militaire. Ils cherchent donc à se ranger afin de mener une vie de famille normale. Or il s’avère que le personnage féminin a une grande importance, grandement impliquée qu’elle fut dans un projet scientifique en tant qu’ingénieur biologiste. Cette personne a travaillé avec un autre scientifique sur un sérum particulier, nocif, mais les expériences ont mal tourné et notre personnage réussit à créer un antidote avec son sang. Par conséquent, son passé la rattrape. Mais je m’arrêterai là parce que je ne veux pas gâcher la surprise. Je pense qu’à la lecture des paroles, vous serez capables de comprendre le concept.

Est-ce que l’histoire commencée sur Tyranny s’arrête sur Room V ?
Non, ca ne s’arrête pas là, l’histoire n’est pas encore finie. Elle continuera et devrait avoir comme titre Two Shadows.

C’est intéressant de voir une belle brochette d’invités sur Room V. Citons entre autres, Arjen Lucassen (Ayreon, Star One) et Mark Zonder (Fates Warning). Est-ce que vous avez poussé le concept au-delà de la musique dans le sens où il y avait également des invités sur Tyranny ?
Certains des invités seront seulement sur le disque bonus qui viendra avec l’album. Arjen Lucassen était dans notre giron depuis le début (Rires) ! Plus sérieusement, en ce qui le concerne, c’est un juste retour de faveur. Shadow Gallery est très proche d’Arjen, à travers nos participations à certains albums d’Ayreon. Et nous lui avons demandé de participer à cet album, ce qu’il a accepté avec joie. Laura Jaeger était déjà présente sur Tyranny donc il était clair pour nous qu’elle devait reprendre du service, mais cette fois-ci elle n’était pas enceinte de neuf mois quand elle a fait ses parties de chant (rires). Joe Stone est un guitariste de mes élèves, à qui je donne des cours depuis près de quinze ans. Je le connais depuis qu’il est tout petit. Il n’a que vingt ans et je voulais lui donner l’occasion de montrer ce qu’il sait faire. Libby Molnar ne fait pas grand chose sur le disque à part des cris mais elle est amenée à devenir le personnage central de la suite de l’histoire à venir. Jim Roberti est un de mes meilleurs amis avec qui je joue au sein de deux groupes qui n’ont rien à voir avec Shadow Gallery, je joue dans son trio et dans une autre formation qui s’appelle The Maybabies. Il apparaît sur le deuxième disque au même titre que Mark Zonder qui nous a offert son talent sur un titre.

Avec ce nouvel album, vous quittez Magna Carta pour rejoindre Inside Out. Que représente ce changement de label pour vous ? Vu la notoriété du label, est-ce un rêve qui se réalise ?
Au risque de te décevoir non pas vraiment. Nous savions pertinemment que nous n’irions pas plus loin avec Magna Carta après être arrivés au terme de notre contrat avec eux. Nous avons eu pas mal d’offres. Mais nous n’avions pas vraiment eu le temps d’en discuter entre nous. Ca va te paraître bizarre mais nous pensions un temps renouveler notre contrat avec Magna Carta. Nous avons de tres bonnes relations avec le personnel et leur travail nous convenait parfaitement. Mais la meilleure chose à faire était de signer chez Inside Out.

Y-a-t’il des groupes que tu as découvert en arrivant chez Inside Out ? D’un point de vue plus général te tiens-tu au courant de l’évolution de la scène progressive ?
Non pas vraiment. Malheureusement, nous ne sommes pas en contact avec ces nouveaux groupes talentueux. Quand j’ai parlé avec Inside Out, je leur ai fait savoir qu’en dépit de leur notoriété, nous voulions savoir où nous allions mettre les pieds. Ils m’ont renvoyé quelques disques à écouter. Comme j’ai un planning de fou, je n’ai pas eu le temps d’écouter tout ce qu’ils m’ont envoyé mais j’ai bloqué sur Spock’s Beard, j’étais vraiment par terre ! Je connaissais Ayreon déjà. J’ai écouté également quelques morceaux de Threshold que j’ai trouvés excellents. Pour être honnête tout ce que j’ai écouté venant de chez Inside Out m’a paru à la fois unique et d’un excellent niveau.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Je suis rentré de New York récemment et j’avais avec moi un disque qui ne me quitte que très rarement, le Rising Force d’Yngwie Malmsteen, ainsi que quelques disques de Rush. De manière générale, quand je suis en studio, j’ai la tête pleine entre les séances d’enregistrement et les mixes à écouter donc quand je peux… j’évacue (Rires) !

A quand le prochain album ? Faut-il qu’on se dise d’ores et déjà allez, plus que trois ans à tenir ou pensez-vous accélérer le mouvement ?
C’est une bonne question (rires) C’est dur à dire, mais ne crois pas qu’on se dit : ça fait trois ans, faut qu’on retourne au charbon Le temps passe tellement vite, on ne croirait pas que quatre ans sont déjà passés. Il faut savoir que nous avons toujours consacré les six mois qui ont suivi la sortie de nos albums à leur promotion parce que beaucoup de gens ont rarement l’occasion de nous interviewer. Donc quand on parle avec eux c’est long, très long (rires) ! Ensuite on s’implique à droite à gauche dans des projets parallèles : six mois de plus. Et nous avons commencé a composer et en même temps à chercher un autre label. Shadow Gallery est un peu comme une très petite entreprise où nous faisons tout nous-mêmes : pas de manager ou de contact externe au groupe, rien de tout cela. Mine de rien ça nous ralentit pas mal. Maintenant je vais te dire une chose : nous aurions pris moins de temps à sortir ce disque si Room V n’était pas la suite de Tyranny !

Sais-tu si Inside Out prévoit de ressortir vos anciens disques agrémentés de divers suppléments ?
Non, pour l’instant, nous n’en avons pas parlé avec eux encore.

Passons aux questions posées par les membres de notre forum : on sait que Shadow Gallery est surtout reconnu comme un projet studio. Maintenant que vous avez un nouveau label, penses-tu qu’il vous donnerait les moyens de partir en tournée et pourquoi pas de jouer des versions « allégées » de vos titres ?
Je pense qu’il y a une possibilité, et que cette possibilité est bien plus grande maintenant que par le passé. Néanmoins c’est très difficile pour nous, c’est essentiellement le temps qui nous pose problème. Nos agendas ne sont pas du tout les mêmes et libérer six personnes pour partir en tournée ne se fait hélas pas en claquant des doigts. Sache qu’on en a sérieusement parlé, mais qu’à l’heure actuelle nos emplois du temps respectifs nous empêchent d’aller plus loin dans la mise en place d’une tournée. Mais, maintenant plus que jamais, nous y croyons !

Il semblerait que certains d’entre vous soient de vrais intoxiqués de jeux vidéos. Yes a participé avec le créateur Relic à la conception du morceau « Homeworld » pour le fabuleux jeu du même nom, morceau disponible sur l’album The Ladder. Ce morceau faisait d’ailleurs intégralement parti du jeu, puisque la fin se déroulait sous les notes du morceau. Dans un domaine moins progressif, Bowie avait largement contribué à faire de Nomad Soul, un jeu très ambitieux. Sachant que Brendt Allman a passé des nuits plongé dans Baldur’s Gate, une expérience semblable intéresserait-elle le groupe ?
Nous n’avons pas été sollicités encore pour ce genre d’expérience, mais je pense que ça serait fantastique ! En ce qui concerne les membres « incriminés », tu penses peut-être a Chris et Brendt, qui ont eu leur longue période ou ils ne juraient notamment que par Quake et tout ce qui y ressemblait. Pour ma part cela fait des années que je n’ai pas touché a un joystick. Il y a six ans j’ai été contacté par une société de jeux vidéo qui travaillait sur un projet qui s’appelait Wisdom Of Kings, afin d’écrire la musique de ce jeu. Je leur ai fourni près de trois heures de musique. C’était à la fois nouveau, amusant et intéressant car l’approche de composition est différente. Au dernier moment il y a eu des problèmes concernant les droits d’édition du projet. Ca a été mis en suspens et depuis, plus aucune nouvelle. J’ignore si ça sortira un jour. Je prévois de compiler toutes ces musiques écrites pour l’occasion.

Room V est le nom de votre compagnie d’édition musicale. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de nommer ainsi votre nouvel album ?
C’était purement intentionnel, mais ça n’a rien à voir avec le fait que ce soit notre cinquième album. Cela dit en plus d’être celui de notre compagnie d’édition, le nom a un lien direct avec le concept puisque c’est dans la chambre n° 5 que se sont déroulées les expérimentations scientifiques dont on parle dans l’histoire.

Propos recueillis par Dan Tordjman

site web : www.shadowgallery.com

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