Metamorphosis – Metamorphosis

ENTRETIEN : METAMORPHOSIS

 

Origine : Suisse
Style : Rock progressif
Formé en : 2001
Composition :
Jean-Pierre Schenk – chant, chœurs, claviers, batterie, basse synth
Giova Esposito – guitares, basse additionnelle
David Grillon – guitares additionnelles
Musiciens invités :
Olivier Guenat – guitare solo
Milena Zaherieva – Flûte
Dernier album : Then All Was Silent (2005)


Avec la sortie de Then All Was Silent, ambitieux troisième album, il était grand temps que Progressia s’intéresse à Metamorphosis et à son mentor, Jean-Pierre Schenk. Entretien avec un perfectionniste-né.

Progressia : Dans quelles circonstances es-tu devenu musicien ?
Jean-Pierre Schenk :
J’ai commencé à jouer de la batterie relativement tard, vers dix-neuf ans, en autodidacte. Avant que je ne possède une batterie, j’apprenais des rythmes en tapotant sur mes genoux. Plus tard, je me suis mis au piano, mais je ne sais pas du tout lire les notes. Je joue entièrement d’instinct. Je me dis que ceux qui connaissent le solfège peuvent parfois se limiter eux-mêmes par rapport à ce qu’ils ont appris. Mon approche instinctive me procure peut-être une plus grande liberté dans la composition.

Peux-tu nous expliquer comment est né le projet Metamorphosis ?
Metamorphosis est né d’une frustration. Répéter dans un groupe qui ne fait que jouer les sempiternelles mêmes reprises dans des clubs, c’était devenu une plaie ! Il faut remonter en 1977 pour comprendre ma démarche. Cette année-là, Nature, le groupe de rock progressif dans lequel je jouais, s’est éteint. Je m’étais toujours dit que cette histoire n’était pas terminée et je n’ai jamais réussi à faire le deuil de cette aventure. Au cours de l’hiver 2001, j’ai aménagé chez moi un petit studio d’enregistrement comprenant quatre synthétiseurs, un ordinateur et une console seize pistes. Et dès que j’ai commencé à composer, la direction musicale que j’allais prendre est apparue comme évidente: ce serait du rock progressif dans la veine de Genesis et Pink Floyd, sans pour autant tomber dans le plagiat. J’ai décidé d’y associer Giovanni Esposito, mon ami guitariste qui officiait dans Nature. S’il a mis quelque temps avant de se plonger dans mon univers, il s’est rapidement découvert une grande motivation. Ce qu’il a fait est incroyable, il a illuminé ma musique !

Pensais-tu recevoir d’aussi bonnes critiques à propos de After All These Years et Nobody Cares, tes deux disques précédents ?
Ce fut une surprise totale ! J’avais écrit After All These Years pour me faire plaisir. Mais lorsque Patrick Becker de Galileo Records a distribué mes albums tous azimuts, des critiques, souvent très positives, ont afflué de partout ! De plus, le magazine allemand Eclipsed a intégré un des mes morceaux à un CD sampler, ce qui a permis des ventes intéressantes dans ce pays ! Tout ceci m’a poussé à continuer.

Tu as décidé de te lancer dans l’écriture d’un concept album. Pour quelles raisons ?
Après Nobody Cares, j’avais envie de faire certaines choses autrement. J’ai voulu un son plus moderne, moins marqué par les années soixante-dix. Je me suis aussi lancé un défi en écrivant une histoire, pour donner une unicité à l’album. Mais contrairement à de nombreux autres concepts albums, je tenais à ce que chaque morceau soit écoutable séparément.

Parle-nous de cette histoire…
Il s’agit d’un récit très influencé par Aldous Huxley (NdRC : auteur du Meilleur des Mondes dans lequel le clonage est un pilier social) et par l’actualité (la guerre en Irak et le clonage humain). Cent enfants clonés ont été créés par le gouvernement pour les transformer en machines de guerre. Ces clones n’ont aucune sensation sauf un, Kenny. Tout l’album se base sur ce que va vivre Kenny dans ce monde militarisé. L’histoire est née d’un hasard. Je m’essayais au refrain du deuxième morceau du disque et les paroles « Kenny was sad, Kenny was glad » me sont venues. Kenny avait donc des sentiments !

L’album baigne dans une ambiance très pessimiste.
C’est vrai ! Kenny ne pouvait qu’être éliminé, il devenait trop gênant pour le gouvernement ! Dans ce genre de musique, il est plus facile d’écrire à propos de thèmes dramatiques. J’ai une vision réaliste mais pessimiste de l’avenir de l’homme… tout en restant jovial de nature (rires) !

Ta voix n’a jamais aussi bien sonné, se rapprochant parfois de la voix d’Eric Woolfson (Alan Parsons Project). Comment expliques-tu cela ?
Depuis Nobody Cares, j’ai énormément travaillé ma voix, une heure par jour environ. Cela m’a donné une aisance que je ne possédais pas auparavant. J’ai pu aller beaucoup plus loin dans ce domaine… et dans d’autres aussi (rires) !

Cette progression est tout à fait perceptible. Comment tout cela s’est-il déroulé?
Pour les deux premiers albums, j’avais un budget limité. Avec David Grillon, mon producteur, nous mixions le tout chez moi en quelques jours. Pour Then All Was Silent, j’ai voulu la meilleure production possible. J’ai par exemple acquis un nouveau synthétiseur qui a amélioré la sonorité des claviers. Après avoir enregistré nos parties, Giova Esposito et moi avons tout donné à David pour le mixage. Ce fut un processus difficile et long, et le premier mix que j’ai entendu m’a horrifié ! David a dû faire de gros efforts pour pouvoir  » entrer  » dans cet album complexe. Il a ajouté de nombreuses parties de guitare et a aussi invité un jeune guitariste, Olivier Guenat, à jouer un solo très metal dans  » The Birth « , le premier morceau de l’album. David me faisait écouter ses différents mixages et moi j’y apportais mes commentaires. Au final, le résultat est vraiment tel que je l’escomptais… à 99,5% !

Des morceaux comme  » Confinement  » sonnent en effet plus rock. La plus forte présence de la guitare était-elle voulue au départ ?
J’ai toujours considéré la guitare comme l’instrument principal du rock. Elle a toujours été très présente dans ma musique et c’est vrai que pour cet album, je lui ai donné encore plus de place. Giova a acquis lui aussi du nouveau matériel lui permettant d’avoir une approche et un son plus lourd que par le passé. De même, David est un guitariste metal à la base. Tout ceci contribue donc à cette impression. Je pense que l’album sonne en définitive plus moderne que les deux précédents.

Aura-t-on la chance de voir Metamorphosis en concert ?
D’habitude, un groupe fait d’abord des concerts et ensuite des albums. Pour Metamorphosis, c’est le contraire. Si je pars en tournée, je veux que cela sonne 100% professionnel. Je vous avoue que j’attends une réponse des Etats-Unis à ce sujet mais rien n’est définitif pour l’instant !

Propos recueillis par Jean-Daniel Kleisl

site web : http://www.jp-metamorphosis.com

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