Karmakanic – Karmakanic

ENTRETIEN : KARMAKANIC

 

Origine : Suède
Style : Rock progressif
Formé en : 2002
Line-up :
Goran Edman – chant
Jonas Reingold- basse
Krister Jonsson – guitare
Zoltan Czorsz – batterie
Dernier album : Wheel of Life (2002)


L’interview qui suit devait avoir lieu vers 19 heures au Spirit of 66 de Verviers. Le groupe, ayant quitté la Suède la veille, s’est perdu en route et s’est rendu vers Bruxelles et non vers Verviers. Les musiciens ont donc débarqué vers 19h30 à Verviers, avant de monter eux même leur matériel et d’enchaîner avec les balances. Après dix minutes de répit, le groupe était sur scène pour livrer la seconde prestation live de son histoire. Ceci, avec seulement … trois jours de répétitions. Un show en deux actes avec un son globalement moins heavy que sur album mais beaucoup plus jazz, laissant la part belle à l’improvisation, avec en rappel l’interprétation d’un morceau inédit, appartenant au nouveau projet de Krister, Zoltan et Jonas.

Progressia : Peut-on considérer Karmakanic comme un projet ou est-ce désormais un groupe à part entière ?
Jonas Reingold :
Je pense que l’on peut vraiment nous considérer comme un groupe. J’essaie vraiment de développer le concept de Karmakanic, qui possède une touche plus jazzy que les Flower Kings. C’est plus proche de ce que j’aime maintenant en fait. De plus, je compte vraiment continuer à travailler avec les mêmes personnes sur le prochain disque… On peut donc vraiment parler d’un groupe en ce qui nous concerne, même si on ne répète pas ensemble tous les jours.

Après avoir vu le groupe en concert, je trouve que même les morceaux de Entering the Spectra sonnent moins heavy en live, tu es d’accord ?
En fait le premier disque a été écrit sur une longue période et j’ai commencé à l’enregistrer quand j’étais très investi dans mes projets un peu plus metal. Depuis j’ai changé, et c’est d’ailleurs pour cela que je suis si content du dernier disque : ce sont vraiment de vraies chansons qui se mélangent bien ensemble. Ce dernier n’a été enregistré que sur une période de six mois, alors que nous avions mis trois ans pour le précédent, qui ressemblait davantage à un grand mélange de plein de choses

As-tu été surpris par le succès de Entering the Spectra ?
Oui bien sûr, en écrivant de la musique, tu ne sais jamais si les gens vont l’apprécier ou l’acheter. Karmakanic n’est pas aussi  » gros  » que les Flower Kings, mais ces derniers existent depuis dix ans maintenant, et ils ont pas mal de disques derrière eux. Il faut bien commencer, oser se lancer et nous avons connu de très bons débuts. Je vais d’ailleurs faire un troisième Karmakanic que j’enregistrerai sans doute l’année prochaine.

Avec le recul, es-tu toujours satisfait des titres du premier disque ?
Je pense vraiment qu’il y a quelques bons titres dessus, et j’adore la première,  » The Spirit Remains the Same « . En fait, je pense que les morceaux que l’on joue live sont nos meilleures compositions sur ce disque.

Nombreux sont ceux qui pensent que la grande qualité de ce premier disque est sa diversité…
Oui et encore une fois, c’est du au fait que je l’ai enregistré sur une période assez longue.

Excepté le temps alloué à la composition et à l’enregistrement, qu’est-ce qui différencie les deux albums ?
Je pense que le deuxième contient plus de  » chansons  » dans le sens propre du terme, avec plus de guitares acoustiques. Il sonne également de manière plus proche du rock progressif des années 70, et certains titres auraient pu figurer sur les premiers albums de Jethro Tull. Je pense que ce nouvel album ressemble plus à du rock progressif classique finalement. Le prochain partira peut-être dans une direction complètement opposée, je ne sais pas, je vais le composer et puis on verra !

Pourquoi y a-t-il autant d’invités sur les disques de Karmakanic ?
C’est très simple, je connais beaucoup de musiciens doués dans le coin où j’habite, et quand j’écris, je me dit parfois  » tiens, là, il faudrait un solo lent et plein de feeling à la Roine Stolt « . Alors je l’appelle et je lui demande de passer chez moi pour jouer ce que j’ai en tête. Il y a beaucoup de musiciens dans ma ville et comme je possède mon propre studio, ça facilite encore les choses : je peux faire ça quand je veux et cela n’implique pas de frais supplémentaires.

Goran Edman est encore une fois très impressionnant, comment l’intègres-tu si bien aux morceaux ?
Généralement j’écris des titres complets, avec des textes écrits par ma femme, qui fait d’ailleurs ça très bien ! Après, je chante sur la démo, je l’envoie à Goran qui est ensuite libre d’y apporter sa touche personnelle. Je lui fournis une base et il y ajoute sa propre sensibilité.

Est-ce que le fait de ne pas avoir les invités a posé problème au moment de répéter en vue des concerts?
Non, en concert, c’est différent. Je pense que les gens attendent autre chose. Sur les albums on a plein de chœurs, presque comme Queen, et c’est impossible à reproduire en concert. On enlève donc certaines choses et on essaie d’en apporter d’autres, de plus longs solos notamment. Bref, on adapte les compositions à un environnement live.

Pour toi, quelle est la plus grosse différence entre des concerts avec Karmakanic et avec les Flower Kings ?
Je pense qu’il y a plus de place pour l’improvisation dans Karmakanic, entre autres pour des solos plus longs. Avec les Flower Kings, on a plus tendance à jouer simplement les morceaux, sans chercher à y ajouter quoi que ce soit. Cela dit, j’apprécie les deux approches et je suis content d’avoir les deux. Les Flower Kings restent la priorité pour tout le monde, ils attirent plus de monde et c’est un business plus gros que Karmakanic. Par contre dans Karmakanic je fais vraiment ce que je veux, je laisse parler mon cœur.

Cette année a été très chargée pour tous les membres des Flower Kings. Comment sépares-tu ce que tu écris pour les Flower Kings de ce que tu écris pour ton propre groupe ?
Quand tu écris des chansons, tu ne sais jamais où ça va partir. Je les écris d’abord et ce n’est que par la suite que je décide ce que j’en fais. Il m’est déjà arrivé d’écrire des morceaux spécifiquement pour les Flower Kings et puis de m’en servir pour Karmakanic, donc c’est vraiment variable.

N’as-tu pas peur que tous ces projets aient un impact sur la créativité des Flower Kings ?
On est tous des musiciens à plein temps, certains sont producteurs et c’est notre vie. Dans les Flower Kings, c’est Roine Stolt qui est le leader du groupe, il écrit donc 70 % de la musique, le reste revenant à Tomas et moi-même. Je ne m’implique donc pas autant dans les Flower Kings qu’avec Karmakanic. Je pense que c’est bien d’apporter certaines choses au groupe et puis de faire ce que je veux de mon côté, où je suis le boss !

Tu n’es jamais frustré de la façon dont fonctionnent les Flower Kings, de ne pas pouvoir apporter ou jouer certaines choses?
Si, bien sûr. Parfois, en tournée, on a de grosses discussions dans le bus à propos des morceaux et de la manière donc ils doivent être joués. Mais bon, c’est le cas dans tous les groupes, tout le monde recherche des choses différentes. Je pense que la bonne musique vient du fait que tout le monde n’a pas toujours exactement ce qu’il veut : il y a des choses positives qui ressortent de cette situation. Cette tension relative créée un bon environnement pour la musique. Tout le monde essaie de faire de son mieux, d’amener ses idées et ça débouche toujours sur quelque chose de bien !

Comment expliques tu la présence de Zoltan derrière les fûts sur presque tous tes projets solo ?
Il est tellement bon qu’il devient vraiment difficile de trouver quelqu’un de meilleur. En plus il habite près de chez moi, ce qui facilite les choses. Je l’appelle et il est là dans l’heure ! Et qui plus est, on est vraiment amis, ce qui ne gâche rien !

Que penses-tu des deux disques importants sur lesquels tu as joué dernièrement : Adam et Eve des Flower Kings et The World That We Drive Through de The Tangent ?
Ce sont vraiment deux bons disques, même si je me suis plus impliqué sur le Flower Kings. La basse et la batterie ont été enregistrées dans mon studio, j’ai apporté des passages entiers. The Tangent est davantage le projet d’Andy Tilisson. Il arrive avec les morceaux écrits et nous dit comment ils doivent sonner. C’est plus comme un  » boulot  » pour moi : même si j’en apprécie évidemment la musique, j’y suis moins impliqué. Je joue de la basse, j’enregistre la batterie. Avec les Kings, on compose, on part tous ensemble une fois par an et ça ressemble vraiment à un groupe !

Musicalement, quelle sont les différences entre les deux ?
Oh, ce sont vraiment deux disques très différents. Comparativement, Roine Stolt a beaucoup plus écrit que Andy Tilisson et possède plus d’expérience et de recul par rapport à la composition.

Peux- tu nous en dire plus à propos du dernier titre joué ce soir ?
C’est un nouveau projet que l’on a créé avec Zoltan et Krister, presque comme un hobby pour nous! On s’assied tous ensemble, on compose, on répète les morceaux ensemble, comme quand on était gamins. On se retrouve tous les jeudis quand on n’est pas en tournée, on échange nos idées. C’est assez plaisant de faire un disque à l’ancienne façon, quand on commence par jouer ensemble. On a déjà une heure de musique et on enregistrera ça quand on sera définitivement prêts. On le fera dans les conditions du live afin de garder toute la spontanéité, qui est finalement l’objectif de ce groupe qui s’appelle pour le moment  » King Coma « . Mais ce n’est qu’un titre de travail, je le précise ! Ce sera un trio instrumental, avec pas mal de jams au programme, un peu dans le style des Dixie Dregs de Steve Morse ou de Niacin, mais avec la guitare a la place du clavier. En gros, c’est plus vivant que ce que j’ai l’habitude de faire !

Propos recueillis par Julien van Espen

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