Haddad - Ars Longa Vita Brevis

Sorti le: 14/06/2004

Par Xavier Méra

Label: Rock Symphony

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Ce groupe peu connu sous nos latitudes vient du Brésil et publie son sixième album en plus de dix ans d’existence. Gustavo et Leandro, ne se sont pas cassés la tête pour trouver un nom à leur ensemble puisque Haddad n’est ni un personnage d’heroic fantasy brésilienne, ni une constellation, mais le nom de famille de ces deux frères, respectivement claviériste et guitariste, et tous deux chanteurs. Ils sont accompagnés d’un certain Paulo Pelissari à la guitare, de Sérgio Melo à la batterie, ainsi que d’un bassiste et de leur père saxophoniste, répondant aux doux noms de Rubinho et Zezito, ce qui ne doit pas être facile tous les jours. 

Avec ce disque, les frères Haddad nous proposent trois quarts d’heure d’une musique chaleureuse, immédiatement accessible, bien que les structures des morceaux s’aventurent au-delà des enchaînements couplet-refrain. Les dix compositions ne présentent rien de révolutionnaire et on a plutôt affaire à une célébration d’influences qu’à une veritable création. L’ensemble oscille entre progressif symphonique des années soixante-dix et « neo-prog » typique des années quatre vingt, tendant vers le classicisme 70s sans réelle recherché de sophistication (Camel plutôt que Genesis), avec l’évidence mélodique d’un Marillion de la période Fish et l’influence de IQ. 
L’album est parsemé de mélodies efficaces, surtout sur les passages instrumentaux, et la production est très propre. Le jeu de chacun est assez sobre, alors que Pelissari sort du lot avec des interventions guitaristiques spécialement inspirées et un son proche de celui de Carlos Santana. Le père Haddad nous gratifie aussi de belles interventions au saxo. Cependant, les passes d’armes entre guitares et claviers sont un peu gâchées par les choix de sons discutables de Gustavo Haddad, et les lignes vocales ont tendance à verser dans un registre « variété » peu convainquant. Les textes étant d’ailleurs en portugais, les non-polyglottes devront donc se contenter d’un chant peu enthousiasmant sans en comprendre le sens. Pour la frime, on peut quand même chanter « Quando Ismalia enlouqueceu Pôs-se na Torre a sonhar Viu uma lua no céu Viu outra lua no mar » en ayant l’air d’y croire. 

On est donc en présence d’un album sympathique, mais finalement très moyen : les bons moments risquent, après quelques écoutes, d’épuiser leur pouvoir de seduction, du fait d’une certaine facilité. Autrement dit, il y a fort à parier que même un auditeur que les défauts déjà mentionnés ne rebuteraient pas, ne revienne tout de même que rarement sur ce disque. Sa durée de vie semble véritablement limitée, sauf peut-être pour les fanatiques du genre.