The Gathering – The Gathering

INTERVIEW : THE GATHERING

 

Origine : Pays-Bas
Style : Trip-rock
Formé en : 1989
Line-up :
Frank Boeijen – claviers & programmation
A. van Giersbergen – chant
Hugo P. Geerligs – basse
Hans Rutten – batterie
René Rutten – guitares
Dernier album : Souvenirs (2003)

Après plus de 13 ans d’existence et sept albums, The Gathering prend d’une certaine façon un nouveau départ. Désormais libéré de son contrat avec Century Media, le groupe gère ses affaires lui-même via son label Psychonaut Records et profite d’une liberté nouvelle. Fruit de plus de deux ans de travail, Souvenirs témoigne de leur volonté permanente d’aller toujours de l’avant.

Progressia : Commençons par une question « business » si tu veux bien. Souvenirs est disponible depuis un peu plus d’une semaine maintenant. Avez-vous déjà des informations sur les ventes ? Y a-t-il une forte demande de la part des fans ?
Anneke van Giersbergen :
nous n’avons encore pas tous les détails pour le moment mais je crois que cela se passe très bien. En tout cas l’accueil a été favorable, ce qui nous a rendu très heureux !

“Souvenirs”… Est-ce que ce titre a été choisi comme un lien avec la situation du groupe ou bien est-il simplement lié au sujet de la chanson du même nom ?
C’est effectivement en rapport avec le groupe. L’enregistrement de ce disque nous a pris beaucoup de temps. C’était l’occasion pour nous de regarder ce que nous avions vécu et réalisé tant sur le plan artistique que personnel. Souvenirs est un très joli mot français qui correspond bien à ce genre de situation.

Tu as déclaré à l’un de nos confrères que vous essayiez de garder un équilibre entre ce que vous vouliez accomplir en tant qu’artiste et écrire une musique qui puisse être vendue. Vous seriez-vous d’une façon ou d’une autre limités sur cet album ?
Non, plutôt le contraire en fait. Je suis d’accord avec ce que tu viens de dire, mais nous n’essayons pas de nous conformer à ce que le public est supposé attendre. Bien sûr lors du travail d’arrangement et de production, nous nous efforçons de rendre la musique agréable à entendre, mais nous écrivons aussi librement et honnêtement que possible par rapport à nos envies. Je pense que beaucoup de gens apprécient cette démarche. D’ailleurs nous ne prenons aucun jugement extérieur pendant la composition et l’enregistrement, même si bien sûr nous espérons toujours que le disque se vendra !

Si Souvenirs est un succès, je suppose que cela vous encouragera à aller plus loin ?
Oui, mais en fait, nous aimerions simplement continuer à faire la musique que nous aimons à un moment donné, sans trop prévoir comment nous nous sentirons l’année suivante.

Les commentaires que nous avons eus jusqu’à présent est que Souvenirs est perçu comme étant à la fois expérimental mais pas trop difficile à apprécier, bien équilibré. Etait-ce un objectif pour vous ?
Oui et non. Malgré la démarche expérimentale, notre musique n’est pas difficile à appréhender au point que seulement quelques personnes l’apprécient. Quoique nous fassions, il y a toujours un équilibre entre la nouveauté et des éléments familiers. Dans une certaine mesure, Souvenirs représente une synthèse de nos dernières réalisations, entre How to Measure a Planet qui transporte vraiment dans l’espace, et If_Then_Else très terre à terre avec des rythmes rock-pop.

Zlaya Hadzich est votre producteur exécutif pour cet album comme pour le EP Black Light District. Il a écrit les textes de deux titres et tu as indiqué dans une précédente interview qu’il avait eu une forte influence sur le son de Souvenirs et même la concrétisation de vos idées. Peut-il être considéré comme le sixième membre du
groupe ?

Presque ! Zlaya s’est vraiment impliqué dans l’enregistrement. Il nous a beaucoup apporté pour que nos idées soient réalisées comme nous le souhaitions. Pourtant, nous ne savons pas si nous continuerons avec lui par la suite car le fait de changer de producteur se révèle souvent bénéfique pour évoluer.

Au fait, les compositions sont-elles le fruit d’un travail d’équipe ?
Oui absolument. La plupart du temps, quelqu’un apporte une idée qui est ensuite exploitée par le reste du groupe. Nous discutons beaucoup et cela prend du temps. Comme nous avons tous des influences musicales différentes, je pense que cette façon de travailler est sans doute ce qui fait la singularité de The Gathering.

Comment Trickster G a-t-il été amené à participer au titre « A life all mine » ?
Notre batteur était en contact avec Trickster car nous étions sur le même label. Comme il était d’accord sur le principe de participer à un titre, nous lui avons envoyé « A life all mine », et il a accepté de travailler dessus. Nous avons donc fonctionné à distance avec plusieurs allers et retours entre les Pays-Bas et la Norvège. Nous aimons beaucoup cette chanson et tout le monde est fier du résultat.

Pourquoi y a-t-il un si long silence avant le dernier titre de l’album ?
« Jelena » est un titre à part (NdRC : car relatif au suicide d’une proche d’Anneke). Il est chargé d’émotion et sonne différemment des autres titres. Comme nous ne voulions pas le mettre à la fin de l’album, nous avons choisi de mettre ces quatre minutes de silence avant « A life all mine » afin de laisser une respiration à l’auditeur.

Au sujet des paroles : il est parfois difficile de comprendre leur sens. En ont-elles toujours un ou bien laisses-tu exprès une marge d’interprétation au lecteur ?
Parfois les textes délivrent un message clair. Parfois cela reste vague, poétique afin d’accompagner la musique sans trop suggérer ce qu’il faut y voir. Je suis toujours intéressée par les perceptions très différentes d’une personne à l’autre par rapport à leur propre expérience. On entend des choses tellement surprenantes parfois !

Une question très précise sur « Broken Glass » : à certains moments de cette chanson, on dirait que tu souris. Est-ce exact ?
(NdR : apparemment surprise) C’est possible ! Il faudrait que je réécoute la chanson pour en être sûre, car j’arrive à entendre si je souris en chantant.

Il faudrait donc que je te rappelle pour le savoir !
Oui peut-être ! (rires) (NdR : c’était bien tenté, non ? )

Nous avons lu sur certains forums Internet que les paroles de Souvenirs correspondraient à une expérience personnelle pour former une sorte de « concept-album »… Est-ce exact ?
Les paroles sont le fruit d’expériences personnelles et on peut effectivement y trouver une continuité, mais, non, elles ne sont pas réunies par un concept commun.

Revenons un peu aux affaires : dans quelle mesure la création de votre propre label a changé votre façon de travailler ? Elle vous a sans doute apporté de la liberté ?
Oui absolument, mais plus de travail aussi car désormais nous avons deux casquettes. Cela nous permet surtout de choisir avec qui nous faisons affaire, et si certaines choses se passent mal, de les améliorer ensuite car nous savons exactement quels problèmes se sont posés. Cela a été difficile au début car malgré notre expérience dans le secteur musical nous ignorions beaucoup d’aspects du business.

Est-ce bien le groupe qui gère la structure ? Etes-vous aidés par des gens extérieurs ?
Heureusement nous nous sommes entourés de personnes qui connaissent très bien leur métier (tourneurs, avocats, managers) mais c’est bel et bien le groupe qui prend les décisions relatives au label.

Est-ce que Psychonaut pourrait travailler avec d’autres groupes à l’avenir ?
Pourquoi pas ? Peut-être dans quelques années, pour le moment nous avons besoin de nous installer et d’acquérir de l’expérience.

Après quelques difficultés avec votre précédente maison de disques, penses-tu que l’indépendance est préférable pour les groupes qui sortent « trop » des sentiers battus ?
Cela dépend de la situation du groupe. Les maisons de disques peuvent apporter une aide précieuse à un jeune groupe qui débute. En revanche le fait de s’engager contractuellement sur plusieurs années, parfois plus de dix peut s’avérer négatif. Tellement de choses changent au sein d’un groupe pendant dix ans ! Il faut vraiment faire attention avant de signer un contrat, et si on ne se sent pas à l’aise, mieux vaut se faire aider.

Au fait, que penses-tu des classements établis par les magasins et la presse pour les différents genres musicaux ? Sont-ils trop nombreux, ou au contraire encore trop flous ?
Le choix est très large aujourd’hui et c’est une bonne chose. Chaque année, de nouveaux genres apparaissent et l’on risque de s’y perdre. Les étiquettes sont utiles pour savoir où aller mais l’essentiel à mon avis est de prendre le temps d’écouter les nouveautés sans a priori et de se laisser guider par ses propres goûts et sentiments.

Vous êtes sur le point de commencer une tournée européenne de trois mois presque sans interruption. Es-tu anxieuse ou impatiente de remonter sur scène ?
Nous sommes tous très impatients ! Je sais qu’à Paris pas mal de places sont déjà vendues. Nous jouerons pour la première fois à l’Elysée Montmartre et espérons que ce sera l’occasion de donner un bon spectacle.

Est-ce que tu t’entraînes physiquement ? Et ta voix ?
Pas vraiment, alors que je devrais ! Plusieurs mois de studio nous ont rendus assez relâchés. Je pense que la forme devrait revenir au fur et à mesure que la tournée avancera. Au sujet de la voix, je m’entraîne un peu bien sûr mais il faut surtout bien manger et bien dormir !

Avez-vous des plans pour l’avenir ? Ou bien chaque chose en son temps ? Serait-il possible que vous reveniez ne serait-ce que pour une ou deux chansons à des sons plus saturés ou bien est-ce définitivement derrière vous ?
Chaque chose en son temps ! Nous avons déjà tellement à faire aujourd’hui avec Souvenirs sur lequel nous devons concentrer nos efforts. Je ne sais pas si nous pourrions revenir au metal, peut-être pour un ou deux titres, mais dans la mesure où nous souhaitons toujours aller de l’avant cela semble improbable. Qui sait ?


Propos recueillis par Julien Weyer

site web : http://www.gathering.nl

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