– King Crimson

FOCUS : KING KRIMSON – The Power To Believe

 

Origine : Royaume-Uni
Style : Rock progressif
Formé en : 1969
Line-up:
– R. Fripp (guitare)
– A. Belew (chant, guitare)
– T. Gunn (basse)
– P. Mastelotto (batterie)
Dernier album :
The Construktion of Light (2000)

     
Le Crim’ revient après un controversé « The ConstruKtion of
Light ». Ce disque heavy et aux partis pris contestables n’avait pas fait l’unanimité, et il fallut une tournée réussie pour en persuader plus d’un. Pour saluer cet événement qui sortira le 4 mars 2003, Djul et Fanny Layani dressent à quatre mains un portrait général de The Power To Believe, rentrant en détail dans les titres composant ce nouvel essai.

1- The Power To Believe I: A Cappella
2- Level Five
3- Eyes Wide Open
4- Elektrik
5- The Power to Believe II
6- Facts of Life: Intro
7- Facts of Life
8- Dangerous Curves
9- Happy With What You Have To Be Happy With
10-The Power To Believe III
11- The Power To Believe IV: Coda

Sanctuary / NTS
Produit par Machine (sic)

Après ConstruKtion… c’est le même groupe que l’on retrouve sur The Power To Believe : Fripp, Belew, Mastelotto et Gunn, sans la paire rythmique la plus impressionnante de la planète, Bruford-Levin.

Ce nouvel album se caractérise par une schizophrénie évidente. D’un côté, le concept des « ProjeKts » (sous-divisions du King Crimson version « Thrak », avec les 6 artistes) a fini par déteindre sur le groupe : l’emploi exclusif de percussions électroniques (pomme de discorde entre le groupe et les compères Bill et Tony), et l’aspect synthétique de morceaux entiers font irrésistiblement penser aux « Space Groove » et autres « Live at Jazz Café ». « The Power To Believe II » » est un titre hypnotique sur lequel Fripp se lâche dans une longue impro stridente, tandis que Trey Gunn fait merveille avec sa « Warr guitar », avant que Belew ne revienne hanter les hauts-parleurs avec sa voix vocodée. « Dangerous Curves » et « The Power To Believe III » sont un peu construits dans le même esprit : petit riff entêtant et plages de « soundscapes » menaçants.

De l’autre, on trouve des morceaux bien plus proches du Krimson version Belew, comme le puissant « Facts of Life », qui allie une progression mélodique impressionnante à une énorme dynamique rythmique. « Happy» est dans la même veine, avec cette influence Tool des plus réussie. Il faut bien une petite accalmie et « Eyes Wide Open », en version électrique, contrairement au mini-album Happy with what You’ve Got to Be Happy With, s’en charge à merveille, avec son break qui s’élève très haut. De même, certains morceaux instrumentaux, notamment « Level Five » font immédiatement penser à « Red » et son petit frère des années 90, « Vroom ».
La production avait été fortement critiquée lors du lancement de « TCOL » : un son trop froid, trop compressé. Le travail (additionnel) de Machine, producteur qui a notamment donné ce son massif à White Zombie, est ici à remarquer, offrant plus de chaleur et de rondeur aux guitares notamment, pour un résultat très convaincant. Bref, après David Botrill, Fripp a visiblement fait le bon choix en s’ouvrant à un avis extérieur.
En somme, c’est un album plus traditionnel que nous propose le Crim’, mais enrichi de ses expériences passées. Cette formation s’affirme donc de plus en plus et emportera l’adhésion des novices comme des amateurs.

Intérêt: 8
Originalité : 7
Production: 8
Total : 8

Djul

King Crimson réalise avec The Power to Believe un grand album qui, sans révolutionner l’histoire, a le mérite de concilier ses principales tendances dans des compositions exigeantes et sans concessions.

Construit autour d’un leitmotiv tout en attente, égrenant quelques phrases en temps suspendu, The Power to Believe est sans doute l’un des albums les plus violents que le groupe ait jamais sorti, tant par la musique elle-même que par le son et les déconstructions volontaires. « Level Five », pure pépite, décline sans réelle construction ses thèmes entêtants. Des guitares au son aigre s’entremêlent inlassablement, tandis que la montée en puissance s’opère par la batterie, de plus en plus orchestrée et chargée. Les rythmiques se font lourdes et presque syncopées, tandis qu’au fur et à mesure des retours du thème, le son est de plus en plus saturé. Le bien nommé « Elektrik » nous projette dans un monde de rythmiques lourdes et saturées et d’arpèges aériens. La pâte Fripp Inc. est très présente et la progression toute en tension ne se relâche que sur l’introduction de « Facts of Life ». Ce nouveau morceau d’anthologie aux ambiances proches du meilleur de Tool, donne véritablement froid dans le dos : aux rythmiques heurtées et menaçantes s’ajoutent des ambiances glaciales, des paroles angoissantes déclamées avec agressivité et des passages quasi bruitistes, au service d’une structure tout aussi que la musique.
Mais la violence ne pouvant apparaître à sa juste mesure que par contraste, il fallait que The Power to Believe recèle quelques havres de paix. « Eyes Wide Open » apporte ainsi une première accalmie : des claviers flottants, une guitare en son clair et un chant tout en retenue harmonisé sur les refrains, se greffent sur de douces percussions et une batterie tranquille. L’esprit goûte quelques instants de repos, ce titre bénéficiant d’une structure bien plus lisible. Apaiser l’âme, c’est également le rôle de « The Power to Believe II », dont l’épine dorsale est constituée de claviers atmosphériques, de percussions japonaises, de mélodies orientalisantes, d’une basse chaude et de boucles électroniques.

Le reste de l’album est plus traditionnel, un King Crimson rajeuni et furieusement relifté par une production âpre et moderne : les atmosphères de « Dangerous Curves » sont très représentatives. Ce titre commence par des ambiances presque oniriques, sous lesquelles apparaît lentement une rythmique sous-tendue par une boucle électronique, et n’aurait pas dépareillé sur un album de metal progressif intelligent. Le titre se développe en un lent crescendo procédant tant par le volume que par l’épaisseur des nappes de claviers et l’alourdissement de la rythmique, à laquelle s’ajoute une batterie traditionnelle du meilleur effet. Le tout confère au morceau un aspect hypnotique et envoûtant, avant une fin brutale à la fois soulageante et frustrante. Avec « Happy with… », King Crimson signe le morceau-phare du disque, faisant merveille de mesures asymétriques et de métrique décalée sur un refrain qui sera sans doute bien difficile à faire reprendre en chœur lors des prestations du groupe ! Ce titre court et direct est le dernier réellement chanté de l’album, qui se clôt sur un doublé, avec « The Power to Believe III » et « IV » (coda). Il s’agit là d’un titre tortueux, série de tensions et de détentes frippiennes en diable, où seule la guitare introduit un semblant de structure, sur des nappes de claviers interrompues de temps à autre par quelques explosions sonores.

Intérêt : 8
Originalité : 6
Production : 6
Total : 7

Fanny Layani

site web : http://www.king-crimson.com/

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