Holy Graal - Just a Signal...

Sorti le: 18/11/2002

Par Florian Gonfreville

Label: Musea

Site: www.holygraal.net

Holy Graal est une formation… durable ! Seize ans d’âge, dont plus d’une décennie sous le line-up actuel : le combo emmené par le bassiste-chanteur-compositeur Frédéric Isnard est un senior de la scène marseillaise. Leur démo Just a Signal…, datant de 1999, présente d’ailleurs à travers quatre titres tout un pan de leur évolution.
On suit en effet bien l’évolution accomplie depuis « Birds », le morceau le plus linéaire, écrit en 1993 et qui indique assez rapidement trois des marques de fabriques de Holy Graal : la voix masculine très particulière, un rien étranglée, que les fans d’Oberkampf époque Cris Sans Thèmes écouteront émus (souvenez vous, c’était du punk et ça existe toujours !) et qui constitue sans doute un filtre immédiat : ça passe… ou pas du tout ! Un deuxième trait distinctif est le son, assez sobre, pas de « megaproduction » luxueuse et flatteuse. Ici, on fait dans le minimaliste spartiate propre façon monacale, détaché des valeurs matérielles. Le groupe n’en étant pas à sa première démo, on devine qu’il ne s’agit pas d’une contrainte technique, et ça leur sied plutôt bien malgré peut-être une disposition deséquilibrée dans le spectre sonore en faveur des basses et des hauts aigus (le charleston assez cru par exemple), point récurrent dans les démos. Troisième singularité : l’ambiance dégagée qui, si elle permet d’apparenter Holy Graal à du rock progressif, tient à la fois beaucoup de la new wave par son côté froid, distant et linéaire, et du gothique par son côté assez sombre, dérangeant et souvent surréaliste.
Mais ce n’est pas tout… Une brique majeure doit être évoquée, en la personne de Fatima Taamallah, qui assure les vocaux féminins avec brio ! Doublant et équilibrant une majorité des lignes de Fred Isnard, elle s’envole régulièrement seule, notamment dans « Global Awareness » où lors d’un break très Zeppelinien (voir « Kashmir »), elle pose avec le ton de ceux qui savent la touche orientale qui donne son âme au morceau.

Alors faut-il craquer ? Deux secondes : ne nous privons pas d’incendier ce groupe à la productivité d’un gastéropode, ce qui doit représenter un obstacle pour leur carrière. Une démo en 1992, puis en 1995, et enfin, quatre titres en 1999 – dont une reprise de la démo de 1995 – laissent mal présager d’un futur album. Et peut-être faudrait-il également demander à l’ami Fred un effort en anglais, car les paroles ne sont pas encore le point fort attendu. Seulement ensuite, sous la promesse qu’on ne restera pas dix ans sur notre faim, pour ce groupe qui fait preuve d’une réelle identité, on peut, si on est adepte des musiques étranges, underground et décalées, se procurer la démo Just a Signal… distribuée par Musea.