
Dominic Sanderson - Impermanence
Sorti le: 25/02/2023
Par Florent Simon
Label: auto-produit
Site: https://www.dominicsanderson.com/

Il est d’usage de dire « Mieux vaut tard que jamais » quand on découvre une pépite après qu’elle soit apparue, mais restée cachée des radars pourtant puissants de l’équipe. Et bien je vous le dis, car j’ai découvert Impermanence, le premier album de Dominic Sanderson, à l’occasion de la sortie de son deuxième et récent album qui fera l’objet d’une autre chronique.
Après deux EP auto-produits à l’orée de la vingtaine de son créateur, c’est donc en 2023 que sort ce premier album, lui aussi réalisé en auto-production. Dominic Sanderson est non seulement le compositeur et parolier de cet album, mais tient également toutes les parties de guitare et vocales, mais aussi le Mellotron (très présent comme il se doit), épaulé d’autres coéquipiers aux basses, violons, batterie, flûte et autres instruments à corde. Autant dire la panoplie parfaite du groupe de modern retro-prog !
La première impression laisserait à penser qu’il ne s’agit là que d’un autre Steven Wilson (comparaison qui porte son lot de qualité, cela dit), notamment dans la production des voix enchevêtrées, son effet « radio », ou encore les guitares claires. Mais Dominic Sanderson donne plutôt à penser qu’il a envie d’aller plus loin dans les références et l’audace, même s’il est vrai que nous avons l’impression d’entendre la suite de The Raven That Refused To Sing.
Ce point de vue est d’ailleurs assumé, en attestent les notes de pochette qui décrit l’album comme « a musically conceptual album rooted in the traditional progressive rock sound of the 70s with a modern edge ». Les morceaux s’enchaînent naturellement, prouvant la cohésion de la musique proposée, et rapidement d’autres noms viennent tout de suite en tête: Porcupine Tree, Marillion, King Crimson, Anglagard, Anekdoten… Car sans pour autant négliger les influences des grands du vingtième siècle, le son et la production sont bien modernes et dignes des sorties des professionnels susnommés!
Parlons d’abord de l’aspect plus calme de l’album, que sont les morceaux courts aux airs de ballade pop-folk parfois chantées et accessibles (« I Don’t Think I Can Get Over This After All », « This Night and the Wounds it Will Bring ») parfois instrumentales et plus expérimentales (« An empty room », « A False Sense of Promise ») qui permettent aux autres pièces de s’épanouir plus facilement et d’ancrer leur puissance dans ce terreau faussement ambiant.
« The Twisted Hand of Fate », première pépite, est teinté d’un metal-prog épique emprunt de Mellotron, Fender Rhodes et guitares acérées qui porte le sceau des productions grand budget. Le deuxième morceau à surprendre est « Is There Calm Amongst This Chaos? » qui attaque dès ses premières secondes avec un son tout droit sorti d’un cauchemar de Robert Fripp. Enfin « Like Shards of Glass Falling Through My Fingers », morceau de bravoure de vingt minutes, clôture les festivités en apothéose et honore le format side-full des années 70 en jouant de ses reliefs à la perfection.
Si bon nombre d’artistes annoncent être le nouveau prophète du rock progressif moderne qui allie avec brio références du passé et sons du présent, Dominic Sanderson pourrait, sans mot dire, en être un des meilleurs représentants. Souhaitons-lui donc une solide carrière avec une meilleure exposition, ce que semble confirmer le fraîchement sorti Blazing Revelations.