Empty Yard Experiment - Kallisti

Sorti le: 03/09/2014

Par Florent Canepa

Label: Autoproduction

Site: http://www.emptyyardexperiment.com/

Il n’est pas si commun de voir émerger des musiques progressives au Moyen-Orient. Pourtant, du Liban aux Émirats, une scène locale palpite et tente de dépasser les frontières, chose rendue désormais possible par la digitalisation musicale. Plus étonnant encore : le groupe qui nous occupe vient de Dubaï, ville en faillite faite de toc et de contradictions. Et plutôt le lieu de débauches expatriées version club que de musique intelligente.

Comme il n’y a heureusement jamais d’idées reçues, voici Empty Yard Experiment (EYE) qui nous propose son réel premier album malgré de nombreuses années d’existence, la précédente délivrance de 2011 étant un EP. Dès le premier titre, nous savons à qui nous avons affaire car osons le dire, le sentiment qui s’empare de nous est similaire à celui que l’on éprouverait à l’écoute d’un nouvel album de Porcupine Tree. Carrément ? Ne soyons pas avares en compliments, surtout lorsque l’on connaît l’implication visuelle des musiciens sur scène qui confère au groupe une dimension supplémentaire. Globalement assez sombres, les véritables morceaux sont entrecoupés d’apéritifs instrumentaux goûtus et variés, servant parfois d’habiles transitions. La tonalité est grave avec par ci par là quelques commotions au piano tremblotant comme l’ aime Trent Reznor (dès l’intro ou sur « There will never be »), servies sur un lit de basse porcupinesque. Pourtant, rien de bien industriel et mis à part de rares encarts électroniques, Kallisti est un album rock. Teinté metal.

Quand l’instrumental prend toute la place, le groupe se mue même en transfuge post-rock comme sur « The Blue Eyes of a dog ». La production des guitares sent parfois la vieille disto (on pourrait presque parler d’école méditerranéenne car on retrouve cela aussi bien chez Septic Flesh qu’Orphaned Land). Mais tout est solide, rien n’est répulsif dans le son, difficile donc de critiquer l’auto-production. Le chant est également une réussite, tant sur la façon dont il est traité que dans la performance vocale du chanteur : sur « Entropy », Bojan Preradovic se présente comme un Steven Wilson relax puis, quelques minutes plus tard, s’habite en Layne Staley. Les ballades électriques (« Anomie », « God Has His Reasons ») ou acoustiques (« Untitled ») ne se ressemblent pas, et sont fantastiques d’une originalité structurelle inhabituelle pour ce type de morceau. Décidément on aime ce groupe dans toutes ses formes d’expression. Tempo ralenti ou plus soutenu, chant apaisé ou plus agressif, composition complexe ou plus linéaire. Pas de doute : gardez un oeil (et les deux oreilles) sur EYE !