Copernicus - Nothing Exists

Sorti le: 18/05/2010

Par Jérôme Walczak

Label: Moonjune

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Artiste américain un peu barré qui se présente lui-même comme un poète, chanteur et aussi claviériste, Copernicus reçut en 2009 un succès critique relatif avec son album disappearance. Ce qui donna l’idée un peu vaine à son label Moonjune Records de rééditer Nothing Exists, une transe expérimentale datant de 1984 et qui était demeurée jusqu’ici dans un relatif anonymat.

Un disque qui se présente tel un ovni sonore de l’improvisation. Un des protagonistes, Pierce Turner (production, chant et choeurs) allant même jusqu’à réclamer le rejet sans ambages de toute intervention professionnelle, afin de laisser l’œuvre s’exprimer de façon naturelle et, il faut bien le dire, un tantinet chaotique… Copernicus a la voix de Barry White, et distille un peu moins de quarante minutes de plages déstructurées vaguement hypnotiques, mais surtout très anxiogènes.

Un album pas mauvais en soi mais qui n’a strictement plus la moindre raison d’être en 2010. C’est un peu comme si Björn Borg décidait d’affronter Rafael Nadal : ce que cette musique dégingandée a représenté il y a vingt-cinq ans est aujourd’hui effacé par une quantité d’expérimentations bien plus audacieuses, et largement plus maîtrisées en terme de production (les filles folles de Coco Rosie, par exemple, ou encore un Philippe Giordani qui fait virevolter dans tous les sens ses « mélodies » en hommage à Syd Barrett).

Copernicus gratifie son auditeur d’un free jazz « bruitiste » finalement assez risible, qui ne réussit qu’à étreindre très aléatoirement une oreille cherchant désespérément la porte d’entrée dans le monde de fous qui pourtant est annoncé avec gourmandise par le dossier de presse. Des titres comme « Blood » notamment sont typiques de ces tentatives avortées : une introduction parlée, inquiétante, mâtinée de quelques volutes de piano et de basse, le tout enrobé dans un accompagnement aux claviers et de chœurs féminins non dénués d’intérêt, mais largement sous-employés, tant la voix du sieur prend le dessus pour asséner des banalités verbales (« It’s just the Ignorance that creates all the blood… », mouais).

Cet artiste souffre vraisemblablement d’un excès de confiance en lui qui relègue au second plan des idées pourtant foisonnantes, ballotées dans un discours dont finalement on peut se passer sans grandes difficultés…