Leprous - Tall Poppy Syndrome

Sorti le: 24/11/2009

Par Marjorie Alias

Label: Sensory Records

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Lorsqu‘un groupe choisit un nom pareil, c’est qu’il a certainement perdu un pari, ou qu’il mise au contraire sur une musique capable de faire oublier n’importe quelle faute de goût. Les Norvégiens du jour appartiennent à cette catégorie de groupes qui peuvent sans aucun doute se permettre de s’appeler comme bon leur semble, tant leur premier album les place d’office dans la catégorie de ceux qui ne sauraient craindre aucune témérité (demandez à l’arbre porc-épic ce qu’il en est…).

Composé de cinq jeunes musiciens qui n’en sont pas à leur coup d’essai (le claviériste et chanteur principal a d’ailleurs prêté voix forte et doigts agiles du coté d’Emperor lors de leurs concerts de reformation en 2006 et 2007), Leprous sort un premier album, après deux démos en 2004 et 2006, et en profite pour caser une leçon de vocabulaire, le Tall Poppy Syndrome consistant à décréditer ou minimiser le succès d’autrui en considérant à tort que celui-ci ne le mérite pas.

Vision prophétique de ce qui attend ces ambitieux vikings de la part de camarades jaloux ? Dès le morceau d’ouverture, la musique proposée a de quoi titiller les tympans et imposer le respect. « Passing » propose une palette étonnamment riche et subtile, que l’on retrouvera sous diverses facettes tout au long des huit titres.

Si sa musique s’articule autour d’une ossature solidement métallique, Leprous jongle efficacement avec des subtilités jazzy, des inspirations progressives seventies et de sombres colorations black et death. Les lignes de chant variées, parfaitement intégrées et servies par le timbre fort agréable d’Einar Solberg tombent juste, et ajoutent à l’originalité des compositions un caractère authentique, doux et mélancolique, ou plus radical lorsqu’il s’aventure vers des terrains extrêmes.

Avec un style difficile à classifier, la formation pioche allègrement dans des influences diverses et variées, sans en caricaturer aucune, et parvient à donner à l’ensemble une étonnante impression de maîtrise et de maturité , qui visite et sonde de nombreuses sphères musicales et émotionnelles. Chaque morceau explore véritablement ses propres confins et se déploie jusqu’à la dernière seconde. En victime consentante, on poursuit ainsi une succession de titres qui mêlent ambiances et réelle harmonie. La légère et unique perte de vitesse ne se situe qu’en clôture de l’album, et ne fait finalement que renforcer l’envie de suivre leur trace à l’avenir.

Leprous réussit donc avec cet album à créer la surprise et à donner à un auditeur pourtant gavé de nouveautés de quoi l’occuper un bon bout de temps, avec un plaisir et une curiosité croissants. Si leur talent et leur inspiration constituent leur seule et véritable maladie, prions pour qu’elle soit contagieuse.