King Crimson

18/08/2003

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Par Julien Negro

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Site du groupe :

LIVE REPORT : KING CRIMSON

Artiste : King Crimson
Lieu : Nice, Palais Nikaïa
Date : 1er juillet 2003
Photos : aucune photographie autorisée durant le concert

Set-list : Soundscapes – The Power to Believe I – Level Five – Prozac Blues – The ConstruKtion of Light – Facts of Life – Elektrik – The Power to Believe II – Dinosaur – One Time – Happy with what you have to be happy with – Dangerous Curves – Lark’s Tongue in Aspic – Deception of the thrush – Frame by frame – premier rappel : Elephant talk – second rappel : Red

Que voilà un concert inattendu pour les Niçois amateurs de progressif ! Les années ont passé depuis la dernière venue du Crim’ sur le sol azuréen, mais le Roi Pourpre est enfin de retour. Cette fois-ci, c’est au Palais Nikaïa que le groupe se produit, peu après – choc des cultures – Jennifer et juste avant notre Johnny national.

Le public n’est cependant pas le même depuis le dernier passage du groupe de Fripp : vieux briscards du prog’ et jeune recrues plutôt vouées à baigner dans le grunge ou le neo metal se côtoient ici et il n’est pas rare, au hasard d’un carrefour de rangées de chaises, de croiser une famille au complet, papa, maman et leurs trois enfants. Sombre, alambiquée, froide et souvent inaccessible, la musique de King Crimson semble toucher beaucoup de monde, et c’est tant mieux, preuve que le progressif n’est pas qu’une affaire de professionnels…ou d’ancêtres !

Robert Fripp, toujours abonné à son célèbre tabouret, vient faire patienter l’audience niçoise déplacée en masse pour l’occasion. La salle n’est pas pleine mais cependant bien remplie, et les gradins sont attentifs aux expérimentations du musicien: comme certains le feraient avec un clavier, l’incroyable guitariste nous dépeint d’étranges et psychédéliques paysages à l’aide de sa guitare midi. Après vingt minutes de ces “soundscapes”, le groupe le rejoint et s’installe tranquillement alors que la scène est plongée dans l’obscurité. Adrian Belew, véritable surprise de la soirée, entame le concert par quelques mots transformés dans un vocoder, annonçant l’entrée fracassante du King. Dès le début, le son est tout simplement surpuissant, sans être assourdissant, et parfaitement équilibré.

La liste de titres, composée principalement de morceaux tirés de Thrak, The construktion of light et du nouvellement sorti The power to belive, est assez atypique mais efficace. Belew, tel un Doc Brown sous acides, met tout le monde d’accord dès le début de “The power to believe”. Plus que Fripp, il est l’attraction et ses talents de meneur sont vraiment frappant. Trey Gunn est également étonnant et a très certainement créé des vocations ce soir là : ce n’est non pas une basse qu’il utilise, mais une variante du fameux stick Chapman créée par le luthier Warr Guitars, un croisement extra-terrestre entre une basse classique et un Grand Stick de 12 cordes qu’il utilise soit de la manière classique, en bandoulière, soit posé à plat à la Ben Harper.

Les titres de The construktion of light, d’une saveur douce-amère sur l’album, prennent une envergure sans comparaison sur scène. Avec “Prozak blues”, rarement un titre n’avait aussi bien mérité son nom. “The construktion of light” est également une excellente surprise, et ses huit minutes de bizarreries instrumentales passent parfaitement. Le groupe est en grande forme et leur prestation s’en ressent, seul Fripp ne semble pas à sa place. Assis tout le long du concert, il est éclairé par un spot bleu qui restera allumé pendant deux heures et qui accentue sa mise à l’écart du groupe. Mastelloto frappe comme un forcené et – heureusement diront certains – privilégie son kit acoustique, alors qu’il utilisait presque exclusivement sa batterie électronique sur la tournée précédente.
“Dinosaur”, premier extrait de Thrak et incontournable des concerts du Crim’, ne manque évidemment pas à l’appel et apporte une bonne touche d’humour au discours du groupe. Fripp et Belew s’y amusent d’ailleurs comme des enfants, usant et abusant des sonorités insolites de leur guitare midi.
Le groupe sait également faire preuve de finesse, avec le très beau “One time”. A mi-chemin entra la ballade bossa et la bluette pop, ce titre est une gâterie auditive qui prend toute son ampleur dans cette configuration live. Le Crim’ revient alors à The power to believe avec “ Happy with what you have to be happy with” pendant lequel de gigantesques cornes gonflables, uniques décors de toute la tournée semble-t-il, se gonflent progressivement aux quatre coins de la scène. Puis, marque de fabrique de tout concert de King Crimson,le groupe enchaîne avec le dernier épisode du fameux “Larks’ tongues in aspic”, comme toujours avec brio. La pair Gunn / Mastelotto est vraiment impressionnante et les lignes de stick de Trey bluffantes.

Encore quelques titres et le groupe décide de quitter la scène. Le public, jusque là chaleureux mais toujours vissé à son siège, se lève et se précipite devant la scène pour acclamer le Roi Pourpre. Après une ovation bien méritée, les premières notes de “Elephant talk” retentissent, encourageant les acclamations de la foule. Son intro au stick est un plaisir, et les lignes de chant épileptiques de Belew font le reste. Comme si cela ne suffisait pas, le groupe boucle avec le mythique “Red”. Il n’y aura dès lors plus personne à convaincre du talent de ces musiciens dans la salle.

Après une telle prestation, on ne peut que croire Adrian Belew lorsque il confie que la Côte d’Azur est sa région de prédilection. Rarement un concert n’avait donné une telle envie de se replonger dans la discographie du groupe ou de perdre quelques Euros au stand merchandising. On compte bien évidemment sur Fripp et Discipline Global Mobile pour nous sortir rapidement un témoignage officiel de ce passage dans nos contrées.

Julien Negro

site web : http://www.kingcrimson.com